Ils parlent de William Beckford... Souvenirs imaginaires...
Grâce à des textes parfaitement imaginaires écrits récemment par quelques passionnés de la vie et de l'oeuvre de William Beckford, laissez-vous conduire à travers l'Europe des XVIIIème et XIXème siècles à la rencontre de cet homme hors du commun.

Dans la foule des autres, de l'Angleterre et du monde, de son temps et du nôtre...

XIV

De lui ? Rien. Enfin, rien qui soit écrit noir sur blanc... Sauf peut-être ce récit dans lequel il relate "Une mystérieuse visite" qui aurait eu lieu en France peu de temps avant la Révolution sous le parrainage de Ledoux, l'architecte bien connu, récit où tout semble pour le moins initiatique. Une note ajoutée de sa main bien des années plus tard laisse supposer que cette "mystérieuse visite" aurait eu lieu à ... Villeneuve-Saint-Georges.

XV

Nous savons également qu'il avait attaché à son service pendant près de cinquante ans les services d'un héraldiste français, l'Abbé Denis Macquin, qui l'aida à conduire toutes les démarches nécessaires afin de faire officialiser ses armoiries par un roi d'armes. Il est vraisemblable que William Beckford ait été féru d'héraldique. Il tint à ce que ses armes figurent sur sa tombe comme il s'était durant toute sa vie entouré du profond symbolisme des armoiries de sa famille, que ce soit sur les services de porcelaine qu'il commandait à Sèvres, en France ou dans la décoration de sa grande abbaye de Fonthill.

XVI

Fonthill ! J'allais vous en parler car j'en reviens justement. La seule aile qui ait résisté au temps qui passe était un bâtiment important pour William Beckford puisqu'il abritait son oratoire. Et savez-vous ce qu'il a fait sculpté sous la grande fenêtre de ce lieu qui était pour lui des plus sacrés ? Un blason de Grand-Maître du Temple !

XVII

Impossible ! Sur l'écu des Grand-Maîtres de l'Ordre du Temple figure toujours la croix pattée or, à Fonthill, c'est une croix de Latimer qui la remplace !

XVIII

Et la croix de Latimer lui vient d'Ecosse par la famille de sa mère, Lady Hamilton, qui compte parmi ses ancêtres quelques-uns des fondateurs de la Franc-Maçonnerie, porteurs de la connaissance de l'Ordre du Temple...

XIX

Si je témoigne ici sur William Beckford, c'est en tant qu'anonyme. Nous avions eu une discussion sur la prière. Avant que le silence ne se referme sur nous, il me murmura : "La prière la plus fervente ne s'élève pas toujours sous des voûtes dorées et des coupoles éclatantes. C'est à l'air libre et vierge du désert, sous le ciel même de la Nature que l'homme semble communier avec son Dieu le plus profondément." Il marqua une courte pose et dans un souffle à peine perceptible...

Filet d'eau qui s'écoule en de secrets murmures
Par les aulnes profonds qui font sa course obscure,
Ma prière monte vers Toi : ah ! Dieu, ne va pas croire
Qu'en vains amusements j'ai gaspillé ma vie.

Sous l'ombrage secret dans la vallée profonde,
Sur la cime sauvage, dans l'herbe des collines,
Lorsque la brise est fraîche et s'exalte au matin,
Je marche seul, Seigneur, et mon âme est en Toi.

Quand tout défaille en moi, quand j'ai le coeur qui saigne,
Quand mon être frissonne et succombe, glacé,
Je me tourne vers Toi - oh ! donne-moi Ta paix,
Qui console ceux-là qui invoquent Ton Nom.

Esprit que rien n'arrête - rayon sacré !
Source de vie et de lumière ! - Puissance éternelle !
Qu'un frêle rayon, issu du sein radieux de Ton essence,
Traverse le ciel brouillé des apparences

Et se pose sur moi, à l'heure de ma mort.

(Poème de William Beckford)




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