Brocéliande ou la porte de l'autre monde.
Son mythe : Merlin

Merlin porte en lui le paradoxe d'être à la fois un personnage facile à comprendre et pourtant, au fur et à mesure de nos réflexions, il paraît ne pas vouloir livrer totalement son mystère.

Quelques pistes sont possibles à notre méditation.

D'abord le nom même de Merlin nous met en relation avec sa nature divine. En effet, certains auteurs rapprochent le nom de Merlin de celui de Merle dont le chant gracieux nous enchante, autrement dit le verbe sous son aspect magique, et Merlin apparaît donc comme l'Enchanteur. Il manie le verbe, c'est un magicien et peut être un sorcier si l'on prend l'étymologie de ce mot en tant que source ; car le sourcier n'est-il pas un peu sorcier, lorsqu'il détecte cette force vitale et essentielle : l'eau ? Et Merlin n'est-il pas sorcier-sourcier, en rencontrant Viviane, déesse de la terre de l'eau et des sources ?

La forêt et les animaux ont une relation très étroite avec Merlin. La légende apprend qu'il parle avec les animaux et est en symbiose avec la nature ; une notion de chamane apparaît donc. Dans certains textes, il est nommé " l'homme des bois, le fou des bois, le fol des bois" ; fol, folie soulignant un état de conscience sortant de l'ordinaire, donc un être extraordinaire, c'est à dire au-delà de la norme.

En langue française, un merlin désigne un marteau, une masse servant à abattre les animaux ou un maillet. Cet instrument est l'attribut du dieu celte Dadga sous la forme d'une massue et du dieu Sukellos sous celle d'un maillet. Merlin est bien en relation avec ce symbole du marteau sacré, en breton "Ar mel beniged", capable par l'un de son côté de détruire, tuer, et par l'autre de ressusciter. Alors Merlin comprenant et parlant aux animaux et connaissant la partie animale en l'homme errant dans la "forêt" des erreurs, ne peut-il pas avec son maillet sacré annihiler ces principes intérieurs et ressusciter la véritable dimension de l'homme, c'est à dire un état de conscience supérieure.

Vers le XIIIème siècle, un rapport est établi entre Merlin et Ambroise, Ambrosios signifiant en grec, divin. Ceci révèle une fois encore le caractère sacré du personnage, d'ailleurs, Gwenc'hnal Le Scouëzec souligne, que dans les Monts d'Arrée il existe une géographie sacrée mettant en relation une chapelle Saint Ambroise (Merlin) et la colline qui lui fait face dont le nom est Artus.

Le mythe, présente Merlin avec un compagnon appelé en breton Bleiz (Bleidd, en gallois) signifiant le loup, animal souvent associé à la lune, à la femme, grande initiatrice chez les Celtes. Parfois le loup est phonétiquement associé à Lug, dieu celte de la lumière. Blaise passe pour être l'initiateur de Merlin, or Merlin n'est-il pas lui même l'initiateur d'Arthur ?

Le mot sacrifier vient du latin "sacrum fieri" signifiant être fait sacré. Décidément, Merlin avant de se sacrifier à la déesse mère Viviane ne disparaît nullement, mais au contraire prend toute sa dimension divine et cosmique et nous laisse en héritage de bien enrichissantes réflexions...


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