Je suis la Souffrance, je suis.

Je suis celle que l’on redoute, discute, cristallise, parfois désirée par sainteté ou perversion, on m’appelle la souffrance. Mes sœurs sont multiples, Douleur, Angoisse, Peur, Anxiété. Elles me servent, entretiennent mon embrasement, mon exaltation ; chacune correspond à mon essence, mon germe. Ma puissance est grande. Heureuse lorsque je peux servir les grandes causes, les valeurs, les motivations profondes de l’Etre, je suis un outil que chacun façonne, manipule, taille à sa ressemblance. Je suis double, je suis dangereuse. Trop m’aimer nuit, me rejeter est impossible.

Je suis mentale, Je suis physique.
Je puis être comparée à un moment spécial, fulgurant ou lancinant, crispant, désespérant, transfigurant.
Mon meilleur compagnon s’appelle: AMOUR
Mon ennemie : LA HAINE.

J’ai entendu des hommes dire qu’il y avait plusieurs façons de réagir à moi. Par exemple : l’Etre refuse, refoule, dénie le sentiment, il a des compulsions, des stress chroniques, des maladies ; et je suis là : souffrance. Ou bien l’Etre m’accepte, se laisse aller à l’émotion, il fait un travail de deuil (déni, colère, marchandage, dépression, acceptation, pardon à soi-même et à l’autre) puis il retrouve la santé, de nouveaux liens, de nouveaux attachements ; alors la séparation survient. Mais à l’état latent, je suis là : souffrance. Toujours pour l’Etre, le chemin est à refaire. L’homme peut se servir de moi. Je peux lui apporter une force qui s’ancrera en lui, l’aidera à se connaître et à comprendre son miroir : l’Autre.

N’a-t-il pas besoin de moi pour évoluer, trouver ce pour quoi il vit ?
Sa qualité d’Etre, son bonheur ?

Une femme est allongée, je viens de quitter son corps. Quelques feuillets d’une vie sont là et je lis : "Ma descente continue chaque nuit, pensée à pensée. Mon cœur s’appuie sur l’intemporel de ma vie. Le rire de mes enfantements roule dans la musique de mes émois. Le vide se cache prêt à surgir, le doute est derrière moi. L’Unité attend. J’ai mal, Je sais que l’émotion est porteuse de mon identité. J’ai mal. Souffrance, toi seule encore me laisse en vie ? Au fond de moi, je descends. J’abandonne mes artifices. Je lutte contre le froid de mes renoncements, mes instants s’éparpillent, me dénudent.

Ouvre les yeux – me dit une voix.
Remonte à la Source, l’Amour n’a pas de fin.

Mon âme Volonté-Douceur brille et me guide dans ce chemin où mon corps tremble. Je m’arrête, je vais m’évanouir. Un regard se pose sur moi et passe. Tout mon corps tressaute, ma tête va éclater. Souffrance, je ne suis plus que toi, tu m’as annihilée, mais tu n’as que mon corps, Souffrance, et il me reste la prière, la prière...

Brouillard, Lumière, Respiration Universelle.
Mon âme est là, créatrice, germe de ma qualité première.
Je t’ai transcendé ma souffrance, j’ai accepté mon Deuil.
Je sais enfin et je me tais.
Une rose tombe
Je suis la souffrance, je suis.

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