Saint Colomban et le monachisme du 7e siècle
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Saint Colomban et la fondation de l'Europe

Vite adouci par la règle bénédictine, le monachisme colombanien est pourtant la pierre de fondation de l’Europe. C’est à saint Colomban, et non à Saint Benoît, comme on a pu le dire récemment que nous devons la construction de l’Europe. C’est en effet à partir des monastères que va se développer l’agriculture. Ce sont les moines qui essartent les terres cultivées de la Gaule. C’est également à partir des Abbayes que va rayonner et s’accroître le savoir dans tous les domaines. Ce sont elles aussi qui formeront l’élite qui gouvernera. Or, en un siècle à partir de Saint Colomban on dénombrera cent trente-trois fondations de son obédience. De plus ces fondations sont, pour la plupart situées en Gaule septentrionale. (A titre de comparaison les quatre siècles précédents n’auront donné à l’ensemble de l’Europe qu’une petite quarantaine d’abbayes et toutes situées au sud de la Loire.) Dès lors il est aisé de comprendre pourquoi la Gaule du nord fut le berceau de la civilisation européenne. C’est à partir de ces moines celtes que son rayonnement se fera sur le monde entier jusqu’à une époque récente.

Si encore de nos jours la lumière de Luxeuil éclaire tout œil attentif, c’est que, de Fontaines, jaillira comme une eau de jouvence, Bernard, nommé plus tard, de Clairvaux. Saint Bernard dont les moines instruiront et formeront bien des compagnons sera également le parrain des Templiers. A cinq siècles de distance, alors que le sel de la terre s’affadissait à nouveau, ce fut lui qui porta à son plus haut degré la réforme Cistercienne. Comme ses ancêtres celtes il fonda près des sources dans les vallées des monastères, foyers d’oraison et de labeur. Il mit la dernière main à une règle qui demeure aujourd’hui l’exemple de l’ascèse. Végétariens, vêtus de blanc, ses moines défrichèrent à leur tour de larges arpents de terre.

Son action moralisatrice déborda largement le cadre de l’église, réorganisant la chevalerie et prenant part à tous les débats de son temps, il fit œuvre de civilisateur. C’est sans doute pour bien marquer cette filiation que le dernier des bardes connu, Saint Malachie, vint mourir dans ses bras... Mais il semble que le lien le plus fort entre Saint Colomban et Saint Bernard est, sans conteste d’avoir été tous les deux nourris au Sein Virginal de l’Etoile de l’éternel matin ; ils avaient la même vénération pour Notre Dame... Certains n’hésitent plus, aujourd’hui, à dire que Saint Bernard et ses 33 compagnons qui prirent en même temps que lui l’habit étaient un collège druidique qui, constatant la fin de leur Tradition intégrèrent la nouvelle forme en marche.

Il est également important de savoir que le peuple d’Irlande se nomme Scott et l’Ecosse est une terre que les Scotts ont conquise et nommée de leur nom, ils y implantèrent leurs coutumes et sans doute y préservèrent les influences initiatiques en provenance de Tyr la phénicienne dédiée aux mystères d’Isis, à ceux de Maître Hiram et à ceux, bien proches du christianisme.

Nous sommes aujourd’hui dansSaint Bernard de Clairvaux une phase que je qualifierais par euphémisme de "transitionnelle " et, autour de nous, la société ancienne laisse place à ce qui nous semble être un chaos. Les formes religieuses et initiatiques changent. Certaines structures perdent et leur âme et leur opérativité initiatique. Soyons persuadés que la Tradition une et pure transitera dans des formes nouvelles qui sont déjà nées. Les rituels, les organisations ne sont que des vecteurs utilisés, un temps, pour cette transmission. Soyons de bons conducteurs, de bons outils du Tout Autre, lâchons prise, le courant ne nous appartient pas.

Tout comme les Celtes ont su intégrer le Christianisme en y voyant clairement ce que René Guénon nommait "la Tradition primordiale " intégrons le temps à venir sereinement, en restant fidèles à notre héritage. Les structures passent, elles se vident avant de mourir et se décomposent de l’intérieur, la voie initiatique elle, dure depuis avant les siècles et durera bien au-delà. Car elle est l’appel de l’Eternel qui éternellement rassemble ce qui est épars et notre monde n’est rien d’autre que la caisse de résonance de son verbe qui nous invite aux noces comme aurait dit Saint Bernard.


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