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Le vendangeur du Mont-Saint-Michel
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La photo de l’énigme N°11 a effectivement été prise dans le cloître du Mont-Saint-Michel. C’est l’un des rares chapiteaux figuratifs de ce cloître. Pourquoi un vendangeur pour ornementer l’un des écoinçons du cloître de l’abbaye bénédictine du Mont Saint-Michel, surnommée "la Merveille" ? "Le vieux cloître dolent si gracieusement refait en sucre blanc." comme dit Rémy de Gourmont se suffirait presque des rares motifs géométriques ou floraux qu’on y voit le plus souvent, car on imagine les moines déjà portés par la grâce architecturale si légère des lieux.
C’est en 1228 que le cloître a été terminé. C’était une époque de renouveau pour ces moines qui avaient vécu le cruel incendie de 1204. La légende dit que le
"Mont Tombe", ancêtre du Mont consacré à l’Archange, était un rocher de granit entouré de forêts, lorsqu’un gigantesque raz-de-marée transforma définitivement le paysage, faisant du rocher une île. Les bâtisseurs n’ont pas par hasard choisi de représenter "le vendangeur" à l’abbaye dite "Saint Michel au Péril de la Mer"... On pense à Noé, unique survivant du déluge, sauveur de la nation engloutie par les flots : que fait ce second Adam débarqué sur les terres ? Il plante une vigne (Gen. 6-9). Vigne qui l’enivrera d’ailleurs... Mais doit-on voir cet abandon dans l’inconscience de l’ébriété comme un péché, ou bien penser aux évocations de Rûmi ou d’Hallaj, bienheureux soufis, sur l’ivresse divine ? Les bénédictins de Saint Michel étaient cultivés. Savants et enlumineurs de génie, ils copiaient les pères de l’Eglise et les philosophes grecs, qu’avaient traduits les musulmans Avicenne (ibn Sînâ) et Averroes (ibn Ruchd). On peut rêver qu’ils se sentaient parfois des " noachites " .... On peut penser aussi aux nombreuses paraboles évangéliques. Celle que je préfère est relatée par Jean (Chap. 14) : "Je suis la vraie vigne et mon père est le vigneron. Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruits, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore. Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi comme je demeure en vous !... Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance..." Pour découvrir une nouvelle énigme sur les routes de la Tradition... |
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