A l'évidence qui, par la hannoukiah, m'initia...
Cette belle fête juive des Lumières est célébrée tous les ans au mois de décembre. On la nomme H’annoucah, Hannouccah, Hannoucah ou encore Hannoukah... Son origine a déjà été racontée sur ce site accompagnée d’une inspirante lecture de son symbolisme. Aujourd’hui, ce sont quelques libres méditations qui sont ici proposées. Le "premier jour", cette année, c’est ce soir...

- Premier jour
"J’ai ordonné au plus profond du Néant que les choses visibles soient faites et qu’elles sortent de l’invisible. Adoel, la Lumière de la Création arriva devant moi." [1]
C’est l’histoire du premier jour. Et déjà, deux bougies brûlent. Deux, comme "Bèt", la deuxième lettre de l’alphabet. La lettre des commencements. L’initiale de "Beréchit", premier mot du premier chapitre de la Genèse.
"Bèt", symbole de la maison, de l’intimité, de l’accueil est aussi l’initiale de "Berakha", la bénédiction. Ainsi sont bénis ce soir, tous les Fils de la Lumière qui se recueillent face au mystère du "Un" qui s’est fait "Deux"...

- Deuxième jour
"Pour toutes les troupes célestes, J’ai imaginé la nature et l’image du feu." [2]
"Deux" et "Une". Elles sont "Trois" à briller comme brille "Guimèl", la troisième lettre. Celle qui symbolise le "sortir de soi", le "porter au-delà de soi", l’offrande de l’être.
"Deux" comme "Jakhin" et "Boaz", les deux colonnes du Temple. Celles qui deviennent "Trois" lorsque le coeur de l’initié découvre peu à peu la voie de l’Harmonie, celle du Juste Milieu, troisième colonne de l’Arbre des Sephiroth.

- Troisième jour
"Au troisième jour, J’ordonnai à la Terre de faire croître des arbres immenses et merveilleux, des collines, des graines à semer." [3]
"Trois" et "Une" sont devenues. Et "Quatre", comme "Dalèt", la quatrième lettre, chante l’abondance et l’ouverture. "Dalèt", la porte, ouverte sur les "Quatre Mondes" de la Création : "Assiah", l’action ; "Yetsirah", la formation ; "Briah", la création et "Atziluth", l’émanation. Porte ouverte. Si ton coeur est pur, entre et vois.

- Quatrième jour
"Au quatrième jour, J’ai ordonné qu’il y ait de grandes lumières dans les cercles divins." [4]
"Cinq" bougies brûlent ce soir. "Cinq", unies comme les doigts de la main de l’Homme qui est "Quatre" et "Un". "Cinq" comme "Hé", la cinquième, la lettre du Souffle.
Depuis le premier jour, "Quatorze" bougies, ce soir, auront brûlé. "Quatorze" comme la somme des lettres de "Yad", la main. [5]
Le Souffle, la main : l’inspiration et la prière qui génèrent l’action juste.

- Cinquième jour
"Au cinquième jour, J’ai demandé à la mer de me donner des poissons et des oiseaux au plumage varié ainsi que des animaux piaillant sur toute la surface de la Terre, à quatre pattes ou dans les airs, mâles et femelles, chacun animé par le souffle de Vie." [6]
"Cinq" et "Une", elles sont "Six". Les étoiles. "Cinq" : pentagramme, symbole de l’Homme. "Six" : sceau de David, subtile interpénétration du Fini et de l’Infini.
"Six", comme "Vav", la sixième lettre, celle qui coordonne, qui met en relation. "Six", comme "Tiphereth", la séphira de la Beauté, trônant au coeur de l’Arbre. L’Homme de coeur se découvre acteur de l’Univers.

- Sixième jour
"Au sixième jour, J’ai demandé à ma Sagesse de créer un homme en assemblant sept éléments : la Terre pour former sa chair, la rosée pour former son sang, deux parts du Soleil pour former ses yeux, des pierres pour former ses os, la vitesse des Anges et des nuages pour former son intelligence, de l’herbe pour former ses cheveux et ses veines, Mon souffle et le vent pour former son âme." [7]
Au sixième jour, elles sont "Sept" à briller parce qu’au sixième jour, "Sept" éléments furent assemblés pour créer l’Homme.
"Sept" comme "Zayin", la septième lettre de l’alphabet. "Zayin", la flèche. "Zayin", symbole de la confrontation à l’autre, symbole de la guerre. Mais qui est l’Autre ? Souviens-toi, Homme nouveau, souviens-toi en ce jour et à jamais, que l’Autre auquel si vite tu t’opposes est toujours ton reflet, cette face de toi-même que sans cesse tu explores et peu à peu reconnais.

- Septième jour
"Et j’ai béni toutes mes créatures visibles et invisibles. Adam n’était resté que cinq heures et demi au paradis. Puis j’ai béni le septième jour qui est Sabbat, jour qu’il respecta en ne travaillant pas." [8]
En ce septième jour, le Jardin se fait étroit. Et "Huit" flammes s’élèvent comme "Hèt", la huitième lettre, symbole de la barrière et de l’enfermement au sein du Temps.
Ce soir, il manque une flamme... Adam a quitté le Jardin pour expérimenter le Désir et l’Attente et l’Absence.

- Huitième jour
"J’ai créé aussi un huitième jour afin que celui-ci soit le premier créé après Ma Création." [9]
Ce soir, plénitude de la Lumière. Joyeuse méditation toute intérieure.
"Quarante-quatre" bougies se seront consumées au fil de ces huit jours. "Quarante-quatre", comme deux fois les "Vingt-deux" lettres de l’alphabet. Deux fois : pour que chacune ait son reflet, grand ouvert sur le monde des symboles et des libres lectures.
"Quarante-quatre", comme la guématria [10] du mot "Dam", le sang. Je me réjouis, je suis Vivant.
"Quarante-quatre", comme la guématria du mot "Yéled", l’enfant. Ce soir, je m’émerveille, Enfant je demeure.
"Quarante-quatre", comme la guématria du nom divin "Ehyeh" qui signifie "Je serai"...
Et les "Neuf" flammes qui, en ce huitième soir, ont si profondément réjoui mon être se sont une à une évanouies, me laissant les yeux fixés sur le petit chandelier, le souffle coupé. Un instant. Une fraction de temps hors du temps. "Ehyeh", "Je serai", je le sais.
Et cette certitude de "l’Un" s’ajoute au "Quarante-quatre". Et pour tous les autres jours de l’année, dans le "Quarante-cinq", guématria du mot "Adam", la puissance de l’Homme primordial enfin retrouvé résonne en moi...