Accueil Sur les routes Espagne Le Camino del Ebro Etape 36 : De Melide par Arzua à Arca
Pèlerinage à Compostelle par le Camino del Ebro

Etape 36 : De Melide par Arzua à Arca
Camino del Ebro : 1003 km déjà parcourus

par El Peregrino


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Mardi 10 octobre 2006
Etape de 30 km

Une journée de pluie sans interruption... !

L’étape est assez longue, je démarre vers 8h après un petit-déjeuner consistant au restaurant d’en face... Ce petit plaisir n’est pas de trop, le temps est exécrable, mon appareil photo ne supporte plus l’humidité, il fonctionne quand il veut. À mon retour il lui faudra plusieurs jours pour que je puisse en retrouver un usage normal... !
Moi aussi, je commence à me « détraquer » un peu... ! Demain, c’est la fin du Camino pour cette année, je ne retrouverai peut-être plus cet ailleurs qui pourtant peut faire mal au corps et à l’âme... La raison me dit que c’est mon dernier voyage, mais que vient faire ici la raison... ! Elle est aussi inutile que pour un moment de vraie passion quand elle dit non et que le cœur dit oui... Oui mes Frères, je sais, il faut vaincre ses passions disent certains, moi je préfère lutter pour les dominer, et accepter parfois qu’elles soient le terreau d’un véritable Amour... Que vient faire ce merveilleux mot d’Amour sur le Camino ? Inexplicable, chacun s’initie aussi soi-même sur le Chemin de Compostelle, rien n’est donné, mais tout est à prendre et à ressentir de tout son être...

Je marche sans me presser, comme si je voulais profiter de chaque pas. Il pleut vraiment beaucoup et le vent s’invite pour jouer avec mon poncho... ! Quand je pense que pour mon premier voyage en l’an 2000, il n’est jamais sorti de mon sac pendant 28 jours, je rêve un peu... Avec ce mauvais temps, j’aurais pu faire une étape plus brève aujourd’hui, mais je veux m’approcher au plus court de Santiago pour demain. Il me restera 20 km à faire et je pourrai ainsi arriver devant la cathédrale avant midi. Impératif si je veux faire viser mon passeport opportunément avant d’assister à la messe des pèlerins de midi.

De l’eau encore de l’eau...

Impossible de m’arrêter pour prendre une photo et vous donner un aperçu du temps dégoulinant et sombre... J’aurais tout eu pour ce voyage en commençant avec 40° à l’ombre pour terminer avec la tempête... ! Je viens de m’asseoir sur un rocher au bord du chemin. La situation me fait rire, il tombe des seaux d’eau et je suis assis là à écouter le tambourinement des gouttes sur ma capuche. Je suis une nouvelle fois acteur et spectateur à la fois... Le spectateur lui ne sait pas pourquoi cet homme portant barbe blanche se donne à vivre de tels moments, mais l’acteur lui il sait... !
Le chemin arrive à Arca et quand il rejoint la route goudronnée, je suis à deux cents mètres du refuge. La chaussée qui monte légèrement vers le village est transformée en rigole, le trottoir est un peu épargné et me permet de rejoindre le refuge sans avoir l’impression de marcher dans un ruisseau... !

Je suis mouillé des pieds à la tête, mais sans avoir froid... Toujours le poncho qui me préserve de la pluie froide et du vent et dessous, cette humidité chaude qu’il faut préserver dans la journée... Les pèlerins se bousculent un peu dans ce refuge, mais je trouve encore facilement un lit. Il est curieux parfois de trouver du monde dans les auberges et bien moins sur le chemin...
Je me déshabille complètement en disposant mes effets sur quelques radiateurs qui nous dispensent un peu de chaleur. Je profite ensuite d’une douche bien chaude qui devient une bénédiction. L’intérieur de mes chaussures est très humide et j’utilise le truc du journal, j’en ai récupéré quelques-uns dans l’entrée. Deux ou trois fois dans la soirée je vais bourrer mes chaussures de ces journaux, c’est impeccable pour assécher l’intérieur au maximum....

Curieusement cette dernière soirée dans un albergue sera un peu solitaire, je retrouve heureusement Nicolas, mais il y a beaucoup de têtes nouvelles. J’aurais aimé retrouver Michel ou mes deux compères espagnols... Il pleut encore tellement que nous n’irons même pas au restaurant pourtant à quelques centaines de mètres du refuge. Il y a une épicerie juste à côté et il faut même remettre le poncho pour y faire un saut. Heureusement il y a de tout dans la boutique et ce petit marché que j’y fais sera bien suffisant pour ce soir. J’en profite pour m’acheter quatre yaourts dont je suis friand et pour en manger deux immédiatement... J’ai maigri un peu trop, je faisais 66/67 kg en partant, je serai à 61 kg sur une bascule à Santiago... Je suis maintenant convaincu que mon corps souffre plus du froid que de la grosse chaleur. Il aurait fallu que je m’alimente un peu mieux dans la dernière moitié de mon voyage, mais je reconnais aussi que ma « tourista » sur deux jours a puisé sur mes réserves...

Beauté de la Galice...

Je suis installé dans la grande salle de séjour du refuge, nous sommes nombreux pour la dînette du soir. Chacun a tendance à partager ce qu’il a devant lui, quelques tranches de jambons ou de rôti froid. D’autres se sont lancés à faire un peu de cuisine et ils sont courtisés... Reste que ce sont surtout les bouteilles de vin qui vont d’un groupe à l’autre.
L’ambiance est à la fraternité, mais demain, il faut partir de bonne heure si je veux arriver vers 11h. J’ai eu Luis au téléphone et il viendra me rejoindre sur la place de l’Obradoiro devant la cathédrale.

Il est 9h quand je me couche. Dans le salon l’ambiance semble monter d’un cran et mes boules Quies ne sont pas de trop... J’entends des chants et des rires, le « vino tinto » produit son effet... Au matin, un pèlerin un peu acariâtre, se plaint de la fête d’hier soir, je me détourne pour sourire dans ma barbe... C’étaient des jeunes d’une vingtaine d’années et les savoir sur le Camino me fait chaud au cœur pour eux. Mon Dieu, si à leur âge j’avais découvert une telle aventure que serais-je devenu... ?

C’est ma dernière nuit pour cette année dans un albergue... Je bascule un peu ému dans mon monde de silence. Dans 15 jours, dans un mois et encore plus dans un an, ne resteront que les moments lumineux. Je suis déjà un peu triste... Demain la journée sera très dure... ! Pour le cœur... !
Merci à LUI je suis encore là...

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El Peregrino

 Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage.

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