Accueil Sur les routes Espagne Le Camino del Ebro Etape 39 : De Negreira par Portocamino et Corzon à Olveiroa
Pèlerinage à Compostelle par le Camino del Ebro

Etape 39 : De Negreira par Portocamino et Corzon à Olveiroa
Camino de Fisterra : 56 km déjà parcourus

par El Peregrino


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Samedi 25 mai 2002
Etape de 34 km

Nous étions deux dans le dortoir des hommes, une montre sonne, il est 6h30. J’ai oublié de vous faire remarquer que c’est la première fois sur le Camino que je trouve des chambres qui séparent hommes et femmes...!
Je me réveille doucement pour une préparation tranquille. Il ne pleut pas, mais à travers les vitres du refuge, je découvre un environnement plongé dans la brume matinale et la grisaille d’un petit matin sans soleil.

Il est 7h30, je suis sur le Camino, la journée va être longue environ huit heures de trajet. Le chemin monte plus ou moins pendant environ 10 km, parfois à travers les eucalyptus, d’autres fois au milieu d’une garigue, mais il est constamment gorgé d’eau. De temps en temps se sont de vraies piscines qu’il faut contourner en grimpant sur les talus ou en coupant au moins mouillé à travers la forêt...! Une fois de plus l’usage des deux bâtons m’est très utile pour me préserver d’une chute.

Et toujours la beauté des chemins

La brume colle toujours à la cime des arbres, mais elle devient de moins en moins dense, presque un voile ici ou là qui va bientôt disparaître. Le Camino continue sa montée et de temps en temps, je commence à apercevoir le ciel bleu. Une petite brise et en quelques minutes, le ciel se dégage. Je suis à environ 800 mètres d’altitude, j’ai la Galice à mes pieds. Une succession de collines, des bas-fonds qui gardent la brume pour former des lacs où émerge ici et là un clocher ou la cime de quelques arbres qui semblent noyés... Je m’arrête quelques minutes pour jouir du spectacle et il faut que je fasse un effort pour m’arracher à cette contemplation.

Je sors de la forêt pour suivre un moment la route goudronnée. Un bar de campagne s’offre à moi et j’en profite pour prendre un petit-déjeuner. Je quitte la route et je reprends le chemin un peu plus loin. Il est souvent transformé en bourbier et c’est très désagréable quand le passage du bétail l’a transformé en champs labourés... !
Le soleil est maintenant présent entre deux nuages, mais deux ou trois fois quelques gouttes m’ont obligé à enfiler le poncho. La vraie chaleur de mai n’est pas encore là... Je n’ai rencontré aucun pèlerin de toute la journée, je crois que le temps un peu difficile en a démotivé quelques-uns. Beaucoup arrivent jusqu’à Santiago et font en autobus le voyage vers Finisterra.

Bientôt la mer...

J’arrive finalement à Olveiroa, il est 15h30, le refuge est fermé et une affichette indique ouverture à 17 heures...! Le refuge semble superbe, mais moi j’aurais surtout préféré qu’il soit ouvert. C’est la première fois en Espagne que je trouve un refuge qui ouvre si tardivement dans l’après-midi. Le village de quelques maisons semble vide, il est situé à l’écart, à environ trois cents mètres de la route principale. Je retourne vers la route où en arrivant j’ai aperçu le panneau d’un bar. La patronne très aimable m’indique l’endroit où habite l’hôtesse qui s’occupe du refuge. J’ai marché huit heures et je suis fatigué de faire cette navette, je retourne au refuge pour laisser mon sac à dos devant la porte et je vais frapper à la porte d’une maison un peu plus loin. Une jeune et charmante personne m’ouvre, mais elle a oublié d’être souriante. Elle me demande de l’attendre au refuge, elle arrive dans une demi-heure...
Je suis un peu énervé quand elle arrive et elle aussi... Nous aurons une explication orageuse pendant un bon moment pour arriver à nous calmer tous les deux et finalement trouver les mots qui nous apaisent. Nous nous quitterons bons amis, mais l’heure a été chaude... !

Le refuge peut accueillir une trentaine de personnes, mais ce soir, je serai seul. J’ai l’impression de me retrouver sur la Via de la Plata l’année dernière où les pèlerins étaient rares. Je ne pensais pas me retrouver ici dans cette situation, mais cela importe peu, au moins ce soir je vais m’endormir sans être gêné par le ronflement des autres. Finalement je trouve dommage que ceux qui font le chemin de Compostelle se privent d’une fin symbolique du Camino et de ces trois jours qui conduisent à la mer par un chemin magnifique... Il est vrai que tout le monde n’est pas comme moi à la retraite et qu’il faut disposer de plus d’un mois pour le périple complet en partant d’Oloron-Sainte-Marie, de Séville ou de Tortosa à l’embouchure de l’Ebre...
L’intérieur du refuge est très agréable et j’ai même droit à un peu de chauffage pour la nuit. Les sanitaires sont presque luxueux et toute la literie est neuve.

La mer se rapproche avec la fin du voyage...

Il est 19 heures, tout cela est bel et bon, mais il me faut trouver de quoi manger.
Je retourne au bar sur la route, seul commerce du coin. C’est accompagné d’un sourire que la patronne m’annonce qu’elle va me dépanner pour dîner. Je suis heureux d’avoir une soupe, une omelette aux pommes de terre et un yaourt servi dans un coin du bar qui, je le rappelle, ne fait pas restaurant. Je fais traîner mon repas jusqu’à 21 heures pour n’avoir qu’à me glisser dans mon lit au retour à l’albergue.

La pluie a cessé en sortant du bar, mais il fait un peu froid et c’est dans la précipitation que je reviens vers le refuge. Le soir, après les efforts du jour et le repas du soir, j’ai toujours cette impression du refroidissement de mon corps, pourtant je ne ressens pas de fatigue musculaire.
Je suis au premier étage, j’ouvre une fenêtre du dortoir pour sentir la nuit noire, le bâtiment semble bien solitaire. Une odeur forte et sensuelle est transportée par le vent, j’ai l’impression d’être dans un village abandonné. Je referme les fenêtres en laissant quelques persiennes ouvertes, je suis seul, je veux voir le jour se lever demain matin.
À peine au fond de mon lit, la pluie se fait entendre sur la toiture. Elle m’accompagne pour m’endormir et cela est bien, elle devient rassurante et rythmée comme une berceuse...
Demain dernière étape, merci à LUI.

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El Peregrino

 Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage.
 La photo de l’article est une photo personnelle d’un des Baladins de la Tradition.

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