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Le choix des Illuminés : la masse commune intégrale !
Rencontre avec le Docteur Le Danois
mercredi 10 octobre 2007

par Malwenn


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Pouvez-vous expliquer un peu plus ce qu’est la masse commune ?

Dans le principe de la masse commune, tout l’argent qui rentre est comptabilisé. La secrétaire tient les comptes et sait tous les actes que nous faisons, tout passe par elle. C’est encore le cas aujourd’hui, depuis 1961. Pour schématiser, 50% de l’argent sert à payer toutes les charges, ce qui sera de plus en plus vrai, mais au début, on est écrasé par ces charges et on a peu de rentrées. Donc la masse commune, c’est d’abord s’occuper de payer toutes les charges, ensuite on partage ce qui reste à égalité, quelle que soit l’activité de chacun. Nous décidons ensemble de ce que l’on doit garder en dehors des charges pour l’entretien, la maison, etc., et de ce que l’on se donne. Cette masse commune, après les charges réglées, peut être partagée soit égalitairement ; c’est la masse commune intégrale (notre cas), soit partiellement : un pourcentage défini par l’activité de l’un ou l’autre des médecins.

Au départ, qui a vraiment décidé que cela allait fonctionner sur le mode de la masse commune intégrale ? Qu’est-ce qui vous a amené à ne pas douter de ce choix ?

Nous en étions convaincus tous les trois ainsi que nos trois épouses.
Lorsque je parle de masse commune, je précise qu’il s’agit toujours de masse commune intégrale. En voyant les autres groupes de médecins déjà constitués, on sentait qu’il y avait des difficultés par rapport à l’argent. On l’a appris avant même de nous installer. Les premiers groupes ont été créés dans la Sarthe, ensuite à Lannion, Loudéac, des ruraux bretons en majorité. Tous les groupes que nous avions visités le Docteur Beaupère et moi-même, travaillaient presque tous sur le mode de la masse commune partielle : globalement, la grosse majorité partageait les frais et le reste selon l’activité de chacun, alors que nous nous le partagions à parts égales.

Au cours de ces visites, nous avions vu en effet que les femmes ne participaient pas souvent à la vie du groupe, et appris pourquoi untel avait quitté : sa femme estimait qu’il ne gagnait pas assez. C’est là que nous avons su que la participation des femmes était capitale. Alors on s’était dit, les femmes doivent être partie prenante à cent pour cent, ce qui s’est toujours passé au début pour nous ; il n’y avait pas une décision de prise sans que, avec les femmes, on se soit réunis et qu’on dise « on a besoin de tel appareil, ça va coûter tant, comment peut-on l’étaler ». Elles donnaient leur accord ou non en fonction des besoins de la vie de tous les jours et exprimaient également leur idée du point de vue professionnel. Les envies de gains personnels, familiaux plus élevés, s’extériorisaient moins si elles participaient vraiment aux besoins, à la vie du groupe médical.

Personnellement j’étais contre la masse commune partielle. Pourquoi ? Parce que cela laisse place à une certaine concurrence possible entre nous, au sein même d’un groupe. J’en ai eu la confirmation par les visites des groupes que nous avons faites avant de nous installer à plusieurs.

Nous avions le choix, chacun, pour travailler comme nous le voulions. Il était clair pour moi que je ne pouvais exercer qu’en voyant à peu près un patient par demi-heure. Ce que j’ai fait pendant trente ans. Et là je m’étais dit que celui qui voulait usiner, c’est-à-dire faire des actes, serait piégé : le bénéfice en reviendra à la masse commune. Pour sortir de la masse commune, il était prévu dans le contrat que pendant deux ans il faudrait dépasser de plus du tiers ce que faisait la moyenne des autres... pratiquement impossible.

Mais les autres ne le pensaient pas tout à fait et c’est là que la masse commune totale me paraît l’utopie de notre projet.

Pourtant le résultat final de votre choix de masse commune intégrale est arrivé tout de même à une forme d’écueil. Au départ vous pensiez que cet écueil serait évité.

J’étais convaincu que c’était un ciment. C’est une erreur. Il a fallu qu’on arrive à l’écriture de ce livret « Les Illuminés de la colline » paru en septembre 2005 pour que je réalise que ce pouvait être une utopie. Alors que j’avais fait le métier pendant trente ans, que je l’avais quitté déjà depuis dix ans, c’est en réfléchissant, en discutant entre nous des débuts, que j’ai réalisé que, effectivement, le coup de la masse commune intégrale qui a tenu quand même vingt cinq ans environ dans le groupe, à mon avis c’est une utopie car, contrairement à ce que je croyais, aurais souhaité ou aimé, nous ne sommes pas égaux, jamais. Il y en a toujours un qui est plus rapide que les autres ou un qui est plus intelligent, ou plus accueillant, ou je ne sais pas quoi, mais dire que l’on va gagner exactement la même somme comme nous avons fait, pendant vingt cinq ans, quelque soit l’activité, ce n’est finalement pas réaliste. Effectivement, là, tout était partagé totalement.
Je prends comme exemple le second du groupe Y. Papin, qui, au bout de 17 ans est parti et lui, il est parti mécontent. Il n’a pas trouvé ce qu’il pensait, ce qu’il espérait trouver là. Il a trouvé un secrétariat, des dossiers -c’est un élément énorme dans notre histoire- il a trouvé le confort d’une secrétaire, il a trouvé le confort de ne plus être harcelé chez lui mais très, très vite il aurait voulu gagner plus. Il avait vécu comme médecin généraliste « notable » à Saint Hilaire du Harcouet, près du Mont Saint Michel, trois ans sans compter. Il en reparlait de temps à autre et nous ne l’entendions pas jusqu’au jour où il a dit : « Ca y est, j’ai passé un examen pour être médecin conseil de la sécurité sociale, je vous dis au revoir ». Mais il est parti amer, et ça c’est l’échec pour lui et aussi pour le groupe.

Pour un autre médecin, entré au groupe en septembre 1968 et resté 30 ans, c’était : « Je ne peux pas donner à mes filles (il avait quatre filles), ce que j’aurai voulu leur offrir » et ça lui faisait mal d’autant qu’aucune de nos épouses ne travaillaient au départ, et pendant longtemps. Par contre un autre se serait contenté de moins, bien qu’ayant une femme qui ne travaillait pas professionnellement et 4 enfants lui aussi.
Donc on peut être en groupe, on peut avoir une masse commune importante, mais pas totale. Il faut qu’il y ait une marge de manœuvre selon l’activité de chacun.

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 La photo du Docteur Alain le Danois a été prise par l’auteur durant la rencontre.

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