William Beckford à Fonthill |
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"Là, je forme le voeu d'ériger une Tour dédiée à la méditation, au sommet de laquelle nous prendrons place et nous contemplerons les vastes espaces à nos pieds qui s'étendent jusqu'aux sables-mêmes de l'Océan qui se fond dans l'azur du ciel." |
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Porte d'entrée du domaine de Fonthill |
William Beckford passe toute son enfance et son adolescence à Fonthill dans la maison familiale de Splendens. Il quitte les lieux pour de nombreux voyages puis pour partir vivre avec son épouse en Suisse. A 36 ans, en 1796, près son long exil à travers l'Europe, William Beckford revient vivre au domaine familial de Fonthill. |
Là, il entreprend la construction d'une abbaye gothique. Commencée en 1796, elle ne sera achevée qu'en 1814. La flèche centrale de l'abbaye est d'abord telle que Turner, invité à Fonthill en 1799, la représente sur ses aquarelles. Mais elle s'écroule en 1800, pour être remplacée par une immense tour étroite de 278 pieds de haut. |
Fonthill abbey par Turner (1799) |
William Beckford habitera Fonthill Abbey jusqu'en 1822, date à laquelle il la vend. La tour centrale s'écroulera à nouveau trois ans plus tard ayant été construite trop étroite en sa base. Aujourd'hui, il ne reste que l'extrémité de l'aile qui abritait l'oratoire de Saint Antoine de Padoue. |
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"Notre intérêt pour ces sujets croissant de plus en plus, il se peut que nous nous enfermions plusieurs jours dans notre Tour, à lire sur le grand Atlantis, à étudier les brillants volumes de Platon et ceux non moins admirables du Chancelier Bacon. Il aimait aussi disserter sur l'Atlantide, île fameuse pour laquelle son imagination s'était enflammée d'une façon non moins splendide que philosophique. ..." |
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"S'il nous arrive de quitter notre Tour durant cette transe littéraire, ce sera pour descendre la colline parmi les bois de chênes et pour observer, tandis que le soleil lance ses feux entre leurs branches, ces mouches, ces insectes que la nature a teintés des plus jolies couleurs. L'air n'est jamais lourd en cet endroit que caractérise une sauvagerie qui vous transportera dans les temps anciens. Telle est l'atmosphère primitive de ce coin retiré que vous vous imaginerez dans ces jours où chaque arbre renfermait un esprit...." |
"Si par hasard le vent bruit dans les feuillages tandis que vous êtes appuyé contre le tronc, vous aurez l'impression que quelqu'un est en train de murmurer des formules magiques. Cueillons l'instant présent et, chassant toutes les pensées déplaisantes qui ont trait au passé ou au futur, laissons-nous aller à des rêveries marquées du signe de la gaieté et de la splendeur. Ayant ainsi acquis, heure après heure, des connaissances nouvelles dans le grand livre de l'Univers, nous monterons un sentier tortueux bordé de mélèzes et d'acacias et embaumé de thym et de chèvrefeuille, qui mène aux portails de notre Tour où nous arriverons au moment juste où le rougeoiement du ciel occidental se fond aux teintes douces de la lune qui se lève...." |
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"La fraîcheur du soir nous invitera à nous attarder quelques instants sur la pelouse devant la Tour, d'où nous dirigerons notre regard vers les bois, les étendues solitaires, les collines de pins, la campagne qui se déploie à nos pieds. Les vitres historiées d'une salle haute, tout en haut de la Tour, étincelleront à la lueur des cierges et nous appelleront pour le repas du soir. Nous grimperons les cent degrés qui mènent à la vaste salle lambrissée de cèdre, dont les ogives du plafond s'ornent de devises gothiques étrangement sculptées..." |
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"Nous égaierons notre repas de récits de légendes, des histoires de Lancelot et de Tristan, qui, après avoir traversé des forêts sauvages et combattu d'étranges monstres, découvraient souvent une Tour de ce genre et étaient invités à festoyer dans des salles comme celle-ci, avec un faste tel que celui dont nous sommes entourés. Chaque chose convoiera jusqu'à nous quelque agréable sensation : l'opulence de l'herbe que nous foulons, le bêlement des moutons qui y paissent, la joie et les rires innocents de ceux qui les gardent et la vivacité des oiseaux qui volent de branche en branche et qui gazouillent sur la moindre brindille, et semblent se délecter avec le reste de la nature des rayons du soleil du matin, empliront nos coeurs de gratitude et d'amour pour la puissance qui les a crées..." |
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"Les alouettes sont déjà dans les cieux à gazouiller leur douce mélodie au-dessus de nos têtes, égayant notre chemin jusqu'à la Tour à laquelle nous parvenons après avoir traversé clairières et taillis, heureux et satisfaits de notre excursion dans la campagne. Ce texte est extrait de "L'Épître de la Haute Tour" Voir aussi : |
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