Balzac et le Martinisme La doctrine de Saint Martin Saint-Martin L'homme occupe une place centrale dans l'Univers et c'est la connaissance de lui-même qui peut, seule, lui donner la compréhension et le pouvoir. Ce qu'il faut découvrir en nous, c'est le modèle homme, c'est-à-dire le Christ. Christ est le sauveur historique, mais aussi et surtout celui qui a montré la voie a déposé dans l'humanité le germe christique qu'elle doit faire éclore pour sa Réintégration. L'instrument de cette Réintégration, c'est la Volonté. Saint-Martin partageait les préoccupations scientifiques de son époque, il s'agit pour lui de faire coïncider science et inspiration. Pourtant, il s'élève contre l'esprit encyclopédique avec beaucoup de talent et d'humour dans sa nouvelle "Le Crocodile". Aurobindo s'intéressa aux questions de littérature et de politique jusqu'à sa mort. Une fois que l'être a réalisé son union avec SOPHIA, qu'il a réalisé les noces chymiques, art, science, littérature ou action sociale ne lui sont plus nécessaires mais peuvent continuer à entrer dans le libre jeu de sa conscience de libéré vivant. Ramakrisna, après s'être réalisé selon une voie spirituelle particulière, recommença tout le cheminement entrant à nouveau volontairement dans le processus de l'ignorance et du dévoilement (1). Lorsque Saint-Martin s'est penché sur les écrits de Boehme, on peut se demander s'il avait véritablement quelque chose à apprendre du théosophe allemand. Il semble plutôt qu'il ait voulu s'inspirer de Boehme pour perfectionner sa propre formulation de la vérité. En fait, la pensée Martiniste comporte une vive critique de l'abus des pouvoirs intellectuels qui limite l'intelligence à la seule approche rationnelle et objective. L'intellectualisme, l'érudition gratuite, le scientisme étroit orientent la conscience dans la voie de la séparativité, de la complexité croissante, du dessèchement analytique. De Saint-Martin, du fait de son inclination littéraire et de sa formation kabbalistique chez les Elus Cohen, était sensibilisé au problème du langage. L'approche mystique du langage est une tentative humaine pour retrouver la Parole Perdue, la vibration primordiale du Logos créateur. A travers la poésie et la littérature, le langage dégagé de sa fonction utilitaire matérielle, s'il n'est pas mis au service de l'observation mentale ou d'un inconscient crépusculaire, devient une approche du verbe angélique, cette sorte de communication supérieure qui était l'apanage de l'homme dans son état d'avant la chute. Au-dessus de tous les arts, le langage divin qui est accordé à l'homme comme moyen de régénération, c'est la musique. Saint-Martin lui-même, outre qu'il était un littéraire non dépourvu de talent et de style, était également un violoniste très épris par son art. La philosophie martiniste conduit naturellement à une théorie de l'art et une pratique de l'art pour celui qui considère que c'est là son champ d'activité au service de tout. Il y a d'autres
domaines d'application de la philosophie martiniste dont l'un est
le service social. Un travail en vue d'établir une plus grande
justice dans la société afin qu'elle accomplisse le
dessein évolutif prévu pour la collectivité humaine
dans le plan de la Divinité. L'idéal utopique est une
caractéristique marquante de l'idéologie martiniste.
(1) Lire "La vie de Ramakrishna" de Romain Rolland (Retour au texte)
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