"La géométrie est l’un des langages avec lesquels Dieu nous transmet la lumière,
c’est un Verbe pour nos yeux spirituels."

Jean-Luc Leguay

La forteresse de Poséidon en Atlantide décrite par Platon
lundi 17 mars 2025

par Le Géomètre


Cet article fait partie d’un dossier intitulé "Approche géométrique de l’Atlantide de Platon".
Pour revenir à la page précédente : "Pourquoi chercher à dessiner l’Atlantide de Platon ? "

C’est dans le Critias que Platon décrit en détail l’île de l’Atlantide qui est un véritable continent divisé en dix royaumes présidés par les dix fils de Poséidon. Dans ce récit, Platon s’attarde avec précisions sur la ville et la plaine du royaume qui sera celui de son fils aîné Atlas.

Platon décrit nettement deux époques de l’implantation de la ville, ce qui est rarement souligné par les commentateurs :
 le site d’origine choisi par le dieu Poséidon qui en fait une "forteresse" pour sa famille
 et la ville telle qu’elle se développe autour bien plus tard sous l’impulsion des rois de l’Atlantide lorsqu’ils aménagent "l’antique cité maternelle" (Critias 115c). [1]

C’est sur le site d’origine, choisi et aménagé par Poséidon, que nous menons l’enquête dans cet article. [2]

En Atlantide, il y a "île" et "île" : précisions

Platon emploie le mot "Île" pour désigner plusieurs choses.

 Tout d’abord, il parle de l’île Atlantide qui est le continent qu’il situe au-delà des colonnes d’Hercule dans l’océan atlantique.

 Ensuite, on retrouve ce mot "île" lors de la description très précise qu’il fait de la ville principale du continent atlante. Platon parle alors de "l’île centrale" qui est une colline entourée d’anneaux de terre et de mer.

Cette "île-ville" est une petite surface de "l’île-continent" ainsi que le montre cette représentation très simplifiée de l’Atlantide.

Relisons attentivement ce qu’écrit Platon :

« Mais voici maintenant quel était le début de ce long récit. Comme on l’a dit plus haut, en parlant du partage auquel avaient procédé les dieux, ils divisèrent la terre tout entière ici en lots plus étendus, là en lots moins étendus, où ils instituèrent en leur propre honneur sanctuaires et sacrifices. C’est ainsi que Poséidon ayant reçu en partage l’île Atlantide, installa les enfants qu’il avait eus d’une femme mortelle en un lieu de cette île que je vais décrire. » (Critias 113c)

« Poséidon la désira [3] et s’unit à elle ; et à la hauteur sur laquelle elle habitait, il en abattit tout alentour les pentes pour en faire une solide forteresse, établissant les uns autour des autres, de plus en plus grands, des anneaux de terre et de mer, deux de terre et trois de mer, lesquels étaient, comme s’il eût fait marcher un tour de potier, de tous côtés équidistants du centre de l’île, rendant ainsi inaccessible aux humains l’île centrale ; il n’y avait encore en effet ni navires ni navigation. » (Critias 113d)

Ces premières informations ne permettent pas de réaliser un dessin très précis. En revanche, grâce à la précision de l’expression « lesquels étaient, comme s’il eût fait marcher un tour de potier », on comprend que le compas sera notre ami pour le tracé du plan de cette forteresse.

C’est dans la suite du récit, alors que sont décrits tous les aménagements futurs réalisés bien plus tard par les rois successifs, que l’on trouve les dimensions de l’île et des anneaux qui l’entourent.

« Or, le plus grand des cercles, celui où pénétrait la mer [4], était large de trois stades, et l’enceinte de terre qui lui faisait suite était de la même largeur. Des deux autres enceintes, celle d’eau était large de deux stades, tandis que celle de terre avait pour sa part une largeur égale à la précédente qui était d’eau. Enfin, l’enceinte d’eau qui entourait l’île centrale n’avait qu’un stade de largeur. Quant à l’île, dans laquelle s’élevaient les demeures royales [5], elle avait un diamètre de cinq stades. » (Critias 115e)

Nous pouvons, maintenant, dessiner le plan de la forteresse de Poséidon grâce aux dimensions données par Platon.

L’île centrale a un diamètre de 5 stades [6] Le diamètre total de la forteresse et de ses enceintes est de 27 stades [7]. Il y a 11 stades [8] du bord de l’île centrale à l’extrémité de la 3e enceinte d’eau.

Que dire de cette suite de nombres ?
En l’observant : 1 ; 2 ; 2 ; 3 ; 3, on cherche bien sûr quel sens elle peut avoir, dans quel schéma numérique elle peut s’inscrire. Le fait que certains nombres se répètent fait penser à la suite de Fibonacci : 1 ; 1 ; 2 ; 3 ; 5 ; 8 ; 13 ; 21 ; 34... Mais on constate rapidement que la suite de la forteresse de Poséidon n’a rien à voir avec celle-ci. Cette suite a-t-elle un sens qui nous échappe encore ? C’est possible.

En revanche, il est intéressant de remarquer que les nombres 2 et 3 qui reviennent ici périodiquement vont nous conduire par leurs combinaisons à découvrir le royaume atlante. 2+3=5, c’est le nombre de paires de jumeaux mâles nés de Poséidon. La plaine que nous étudierons plus loin mesure 2000 stades sur 3000. Les rois des 10 royaumes d’Atlantide se réunissent en alternance tous les 5 ans (2+3) et tous les 6 ans (2x3). Et il y aurait bien d’autres concordances à découvrir. [9]

Avec un peu de couleurs,

on peut représenter les lieux ainsi.

« Du côté de la mer, vers le milieu de la côte de l’île entière, il y avait une plaine, qui, raconte-t-on, était la plus belle de toutes les plaines et qui avait toute la fertilité désirable. Or, dans cette plaine, encore une fois au milieu, il y avait à une distance d’environ cinquante stades une montagne partout d’altitude médiocre. » (Critias 113c)

De la forteresse à la mer
Schéma à l’échelle

La suite du texte nous apprend que c’est là que Poséidon installe la demeure où il va élever ses enfants avec son épouse Clitô.

Cette forteresse avec ses enceintes d’eau "de mer" (Critias 113d) est donc située à environ 50 stades [10] de la mer sans présenter aucune communication avec celle-ci ainsi qu’il est expliqué par Platon : ses anneaux de terre et de mer « rendant ainsi inaccessible aux humains l’île centrale » (Critias 113d)

Ajoutons qu’il y a au milieu de l’île centrale le temple de Poseidon (voir Critias 113c déjà cité plus haut) et pour compléter ce décor, nous poursuivons la lecture du texte de Platon :

« Puis ce fut Poséidon lui-même qui donna sa parure au milieu de l’île, chose qui lui fut facile, précisément parce qu’il était dieu. Il fit jaillir de dessous la terre deux sources, l’une d’eau chaude et l’autre d’eau froide, qui coulaient d’une fontaine, et il fit pousser de la terre une nourriture variée et en quantité suffisante. » (Critias 113e)

Que représentent les dimensions dans notre système métrique ?

Voici, pour plus de clarté, les dimensions de la forteresse, selon des unités de mesures qui nous sont plus familières.

Le point et le cercle : une histoire géométrique des origines de l’Atlantide

Dans l’infini de l’espace qui nous entoure, il n’y a pas de points, il y a simplement l’infini de l’espace. Il faut un désir, une volonté, pour désigner, pour créer dans cet espace "un infiniment rien", sans mesure ni épaisseur, que l’on nomme point et qui prend ainsi identité et existence.

Un point qui devient centre et s’étend en un cercle. Voilà la figure première de la géométrie. Elle est étroitement associée au compas, l’outil du géomètre. Ici, le dieu Poséidon trace les enceintes et les contours de sa forteresse et c’est aux cercles qu’il fait appel : « comme s’il eût fait marcher un tour de potier ». Il y a une dynamique particulière dans l’image de ce tracé.
Observant ces cercles concentriques, l’apprenti géomètre pense à leur associer l’image de la duplication des carrés que Platon enseigne à un jeune esclave dans le Ménon démontrant ainsi, au-delà du propos géométrique, l’idée d’une "éducabilité universelle". [11] Et de son compas, il trace les cercles inscrits dans les carrés de Platon. Et tout est harmonie.

 

En isolant ces nouveaux cercles, il les trouve bien différents de ceux de Poséidon. D’ailleurs, si on associe ces derniers aux carrés du jeune esclave du Ménon, on ne perçoit qu’une visuelle cacophonie. Est-ce pour cela que de nombreux hellénistes proclament qu’il n’y a aucune harmonie dans les mesures que Platon attribue à l’antique cité atlante ?

Laissant aux spécialistes la responsabilité de leurs avis sur la géométrie, nous chercherons quant à nous à découvrir un tracé régulateur à la forteresse de Poséidon. Gageons que quelques surprises pourraient nous attendre... Et relisons, pour terminer ce paragraphe, quelques mots de Louis Rosier, ardent géomètre : « Le bâtisseur plante un pieu pour marquer le centre, l’origine, le point de départ. Il matérialise l’UN, le réel absolu, c’est-à-dire : DIEU. Ce point fractal, c’est la concentration de l’énergie qui va exploser dans le cercle. C’est l’unité qui va rayonner dans le multiple. C’est la source de tous les nombres. C’est aussi le symbole de l’Esprit qui va se transcender dans le monde spirituel, symbolisé par le cercle que trace maintenant le géomètre-arpenteur. Le cercle, c’est l’Orobouros, l’éternel recommencement, le mouvement, le défilement du temps, la roue. » [12]

A quoi pouvait ressembler la forteresse dans le paysage ?

Reprenons le texte de Platon :

« Du côté de la mer, vers le milieu de la côte de l’île entière, il y avait une plaine, qui, raconte-t-on, était la plus belle de toutes les plaines et qui avait toute la fertilité désirable. Or, dans cette plaine, encore une fois au milieu, il y avait à une distance d’environ cinquante stades une montagne partout d’altitude médiocre. Sur cette montagne, avait établi sa demeure un des hommes qui là-bas à l’origine étaient nés de la terre. Son nom était Evènor et il vivait avec une femme du nom de Leucippe. » (Critias 113c) [13]

« ... à la hauteur sur laquelle elle habitait, il [Poséidon] en abattit tout alentour les pentes pour en faire une solide forteresse, établissant les uns autour des autres, de plus en plus grands, des anneaux de terre et de mer, deux de terre et trois de mer, ... » (Critias 113d)

On peut donc visualiser l’île centrale comme étant une colline aux pentes abattues entourée des enceintes d’eau et de terre qui sont, elles, au niveau de la plaine.

Ce dessin illustre les notions de relief de la forteresse de Poséidon.
On ne sait rien de la hauteur de la "montagne d’altitude médiocre" qui est au centre, ni des dimensions du plateau à son sommet.

Voilà ce que l’on peut dire avec précision sur les lieux choisis et fortifiés par Poséidon en Atlantide tels qu’ils sont décrits par Platon.

Connaît-on la date de la création de la forteresse de Poséidon ?

Dater la création de cette forteresse est impossible en nous basant sur le texte de Platon car si, grâce à son récit, on peut situer l’engloutissement final de l’île de l’Atlantide aux alentours de 9 500 ans avant NE [14], nous ne savons absolument rien de l’époque des débuts de son peuplement et de son développement. Plusieurs auteurs se risqueront bien plus tard à dater les différentes étapes du continent atlante, tel que le théosophe William Scott-Elliot qui, dans son ouvrage L’histoire de l’Atlantide paru en 1922, fait remonter l’histoire de ce continent à un million d’années. [15] Nous lui laissons la responsabilité de cette datation.

D’autres questions

Si nous partons du postulat que Platon décrit des lieux et des êtres réels [16], plusieurs questions peuvent nous venir à l’esprit :

Pourquoi Poséidon construit-il de telles fortifications ?
Fonction de protections ? Ondes de forme particulières ?
Et on peut se poser encore bien d’autres questions...

Pour lire la suite de cette enquête : Le temple de Poséidon en Atlantide.

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Le Géomètre

 

"La géométrie est l’un des langages avec lesquels Dieu nous transmet la lumière, c’est un Verbe pour nos yeux spirituels."
Citation de Jean-Luc Leguay extraite de : Le Tracé du Maître Editions Dervy - 2008 - page 21

 Le logo a été réalisé par les auteurs de cet article.
 La représentation de l’Atlantide au début du texte provient du site http://remacle.org/
 Outre la couverture du livre qui vient du site de l’éditeur, toutes les autres illustrations ont été réalisées par les auteurs de cet article.


[1Sauf mention contraire, tous les passages de Platon sont cités dans la traduction faite par Luc Brisson dans son ouvrage "Platon : Timée Critias" aux éditions Garnier Flammarion - 6e édition de 2017

[2Une passionnante émission de radio sur Poséidon est disponible ici : https://www.radiofrance.fr

[3Clitô, la fille "d’un des hommes qui là-bas à l’origine était né de la terre."(Critias 113c)

[4A l’époque de la forteresse de Poséidon, il n’y a pas encore le canal de cinquante stades permettant de communiquer avec l’océan.

[5Les demeures royales font partie des aménagements postérieurs.

[6Pour les mesures, nous avons suivi les équivalences que donne le dictionnaire grec-français d’Anatole Bailly. Le stade mesure 177,60 mètres, 5 stades représentent 888 m.

[727 stades représentent 4,7952 km.

[811 stades représentent 1,9536 km

[9Voir sur ce point l’excellent article d’Hervé Le Bras dans son ouvrage Essai de géométrie sociale Editions Odile Jacob - 2000 - Chapitre IX. Formes et proportions dans l’Atlantide - Voir le site Cairn.info

[1050 stades représentent 8,880 km

[11Voir l’article d’Allan Popelard dans Le Monde diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr

[12Louis Rosier dans Les Yantras p.192

[13Il est intéressant de noter que George Sand, en 1866, publia un conte intitulé "Les amours de l’âge d’or : Evenor et Leucippe".

[14NE = notre ère

[15Pour en savoir plus sur William Scott-Elliot.

[16Ce postulat de travail est le nôtre comme nous l’avons expliqué dans l’article : Pourquoi chercher à dessiner l’Atlantide de Platon ?

Les articles de ce parcours ne se veulent ni complets ni exhaustifs. C'est pourquoi nous invitons les visiteurs de ce site à utiliser largement le forum lié à chaque article en cliquant sur le lien Pour répondre à cet article afin de noter les réflexions, remarques et commentaires qu'ils souhaiteraient partager ici.

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