Le Rire
mardi 2 décembre 2003

par Marie-Christine


Cet article est une réflexion sur les bienfaits du rire sur la santé physique, psychique ainsi que dans le cheminement spirituel.

« Le rire est le propre de l’homme » écrivait Rabelais.
C’est sans doute ce qui fait de cet acte quotidien un ami, un allié dont on a du mal à se passer.
Le rire est lié à la fois au corps et au mental.
Il remonte très loin dans notre histoire : l’homme préhistorique, pense-t-on, riait déjà pour signaler l’absence de danger et pour désarmer ses ennemis.
Aujourd’hui, nous rions de moins en moins : 5 à 6 minutes quotidiennes.
Pourtant le rire a son rôle à jouer sur le plan tant physique que psychologique et même social. Le simple fait de laisser éclater son hilarité nous fait du bien !

Rire, c’est la santé
Physiquement d’abord :

Le médecin

à l’instant où ces vagues joyeuses nous secouent, un formidable remue-ménage nous anime. Nous nettoyons et aérons nos voies respiratoires, nous augmentons la sécrétion de la salive et des sucs gastriques, ainsi que les contractions de notre estomac et de nos intestins.
Dans le même temps, les échanges chimiques, à l’intérieur du cerveau se modifient, les symptômes de nervosité, d’anxiété, de stress diminuent.
Dans l’antiquité, déjà, le médecin romain Galien assurait que les femmes gaies guérissaient plus vite que les femmes tristes.

Au XIIIe siècle, un célèbre chirurgien Henri de Mondeville, préconisait le rire comme médicament. « Le chirurgien, disait-il, interdira la colère, la haine et la tristesse à son patient. Il lui rappellera que le corps se fortifie par la joie et s’affaiblit par la tristesse ».

Les données récentes de la science ont confirmé ces constats empiriques : on sait ainsi avec certitude que le simple fait de rire augmente la sécrétion des endorphines, ces neurotransmetteurs produits par le cerveau et qui permettent d’endormir la douleur.
Le rire tonifie les organes : même forcé, le rire déclenche une onde musculaire qui tour à tour, permet de contracter et de décontracter les yeux, la bouche, le diaphragme, l’abdomen, les cuisses, les épaules.
En même temps, le cœur se met à battre plus vite, la respiration s’accélère (permettant le renouvellement de l’air résiduel qui stagne dans les poumons) tandis que la pression sanguine augment (les tissus reçoivent alors un maximum d’oxygène). Ce massage intérieur tonifie les organes et active les défenses immunitaires.

Le rire dénoue les tensions, favorise la détente physique et mentale, améliore les relations avec l’environnement, facilite l’oxygénation de l’organisme calme le stress ; il serait donc dommage de se priver d’un allié aussi précieux.

Rire : harmonie avec soi, avec l’autre
Il stimule

Le docteur

les hormones du bien-être : le rire augmente la sécrétion d’endorphines, qui luttent allègrement contre les idées noires, la dépression et la douleur. On a d’ailleurs constaté que, dans les hôpitaux où des associations de clowns rendent visite aux patients, la consommation d’antalgiques avait diminué.
Il évacue les hormones du stress : on l’a tous expérimenté, après un fou rire, on se sent détend, relâché. Le rire permet en effet d’évacuer l’adrénaline et la noradrénaline, hormones responsables du stress et de tout ce qui en découle (anxiété, troubles du sommeil, fatigue, angoisse, …).

Freud, le père de la psychanalyse voit dans le rire la décharge joyeuse d’une excitation.
On rit fréquemment à la suite d’une rupture d’équilibre : c’est alors un réflexe qui vient à point nommé chasser la peur, la surprise, la peine. Le rire relie les hommes entre eux, il est ciment, il scelle une intimité.
Ainsi les Dogons d’Afrique organisent des séances de rire : tous les membres de la communauté doivent y participer, comme à un rituel religieux.

Chez les Indiens d’Amérique du Nord, c’est le clown guérisseur qui est chargé d’éveiller l’hilarité du malade, jusqu’à ce que les mauvais esprits quittent son corps. Même le Dalaï Lama, chef temporel et spirituel de la communauté tibétaine affirme que le rire est son passe-temps favori !... Il voit dans cet acte un état d’esprit, un caractère, une manière d’être et une offrande.

Le Vénérable Lama Teunsang et sa Sainteté le Dalaï-Lama
Photo provenant du site http://membres.lycos.fr/sangha/

Bergson : « Le rire débute par des exemples de comique visuel. C’est en effet d’abord ce que l’on voit puis ce qu’on entend, enfin ce qu’on comprend qui déclenche l’hilarité. »
« On rit d’actes, de comportements jugés déraisonnables, en pensant qu’on est soi-même raisonnable ».

Charlot : chute de patins
Photo provenant du site http://lmoinault.chez.tiscali.fr/.

Pagnol définit ainsi le rire :
« Le rire est un chant de triomphe, c’est l’expression d’une supériorité momentanée, mais brusquement découverte du rieur sur le moqué ».

Il y a deux sortes de rires.
 Le premier, c’est le vrai rire, le rire saint, tonique, reposant : je vis parce que je me sens supérieur à toi (ou à lui, ou au monde entier, ou à moi-même). Rire positif.
 Le second est dur, et presque triste : je ris parce que tu es inférieur à moi. Je ne ris pas de ta supériorité, je ris de ton infériorité. C’est le rire négatif, le rire du mépris, le rire de la vengeance, de la vendetta, ou tout au moins de la revanche.

Entre ces deux sortes de rire, nous rencontrons toutes sortes de nuances.

Pour Freud, l’enfant rit par pur plaisir, sans inhibition. Quand il rit de quelqu’un qui tombe dans la rue, c’est par comparaison avec lui qui ne tombe pas.
Selon Bergson, le rire semble l’expression de la sanction des individus qui s’opposent aux normes sociales.
Selon Freud, le rire est une protestation d’individus s’opposant à ces normes.

Parmi les grands esprits susceptibles d’appeler à des changements moraux, il n’y a pas que des mystiques et des révolutionnaires mais aussi de grands auteurs comiques et satiriques.

Le rire, porte des dieux
Il est bien connu

Masque antique

que le rire transporte et porte au-delà, permettant de prendre une distance par rapport à une situation que l’entendement n’arrive pas à saisir. Le rire libère donc en générant en l’être une profonde ouverture, la raison suffoquant et abdiquant face à une réalité qu’elle ne peut appréhender. Prise de vertige, elle lâche prise, laissant la conscience s’ouvrir à une instance supérieure : l’Esprit. C’est en ce sens que la sagesse ancienne affirmait que le rire était la porte des dieux. A ce titre, le rire exorcise, permettant à l’être de se libérer de toute force d’aliénation qui l’enferme, l’emprisonne ou le cristallise, en faisant éclater les schémas de pensée établis.
C’est d’ailleurs une arme dont l’homme s’est servi depuis toujours. Pensons au rôle que tenait le fou du roi dans les sociétés monarchiques médiévales. En effet, il utilisait le rire pour dénoncer sur le ton de la plaisanterie, les préjugés, les tabous, les interdits, les principes et les limites érigés par la société.

Le Rire dans la langue hébraïque
Dans la langue hébraïque, l’action de rire est désignée par le verbe Tsahaq [Tsadé Heith Qoph] dont nous pouvons extraire le mot Qétes [Qoph Tsadé] désignant « la fin », le « bout » ou « la limite ». En outre, la lettre restante, Heith, évoque un processus par lequel l’aspirant, se conformant à la loi de Dieu (à celle de l’Amour) partage désormais son intimité, se plaçant hors d’atteinte face à l’assaut des puissances de la mort. Dès lors, le rire incarne une dynamique par laquelle l’homme s’affranchit de toutes limites (Qétes) [Qoph - Tsadé], c’est-à-dire de tout ce qui l’enferme dans un état de finitude, pour s’ouvrir à Dieu, partageant désormais son intimité et se plaçant hors d’atteinte face à l’assaut des puissances de la mort (Heith).

Par ailleurs, nous pouvons également extraire du verbe Tsahaq [Tsadé Heith Qoph] le mot Hétes [Heith - Tsadé] désignant « la flèche » ou « le rayon » (du soleil). Quant à la lettre restante, Qoph, elle évoque le jaillissement lumineux, fulgurant et fécond de l’Esprit. Dès lors, le rire incarne aussi un processus par lequel l’Esprit, tel un soleil, perce de l’un de ses rayons (Hétes [Heith - Tsadé]) la conscience humaine, l’illuminant de sa lumière (Qoph). Nous retrouvons donc une dynamique similaire.

Dans la même perspective enfin, nous pouvons extraire du verbe Tsahaq [Tsadé Heith Qoph] le mot Hoq [Heith Qoph] désignant « la loi ». Quant à la lettre restante, Tsadé, elle évoque un processus par lequel la créature est harponnée par Dieu. Celui-ci la libérant du monde d’en bas pour l’introduire dans le monde d’en haut (Tsadé), la délivrant des lois humaines qui l’enferment et l’aliènent (Hoq [Heith-Qoph]).

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Marie-Christine

 

Les dessins du médecin et du docteur proviennent du site http://www.leriremedecin.asso.fr/, celui du masque antique provient de http://www.ddec.nc/Lycees/.

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> Le Rire
4 décembre 2003, par Père Nicolas Ambroise

Toutes mes félicitations cher beau sapin roi des forêts !
Il y a là un antidote à la morosité au tragique des temps comme des intempéries d’ailleurs.
C’est avec un vif plaisir que retournant en visite sur le site des Baladins, je découvre cet article.
Mais savez-vous que rire résonnait peut être dans les cavernes de l’homme et la femme préhistorique il résonne dans le premier grand livre d’Histoire de l’Humanité c’est à dire la Bible dans la gorge de Sarah la compagne d’Abraham.
L’écrivain algérien Mohamed Kacimi l’a bien compris qui lui fait dire dans son récit "La confession d’Abraham" l’arbalète Gallimard :
Mes enfants, si les religieux vous ennuient en jour, n’hésitez pas à chatouiller le Livre, il se roulera avec vous par terre. Abraham votre père en est témoin."

Bien à vous et toute l’équipe des Baladins.

Père Nicolas Ambroise


> Le Rire
2 décembre 2003, par Alain goine

Bravo,
belle démonstration sur les avantages et donc, les pouvoirs du rire.
Et, puisque même forcé il semble donner tant de bons résultats, ce serait lui faire offense que de ne pas essayer.
Merci pour le conseil.

Alain Goine


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