Jai Guru !
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Arkhghan : Je suis bien d’accord avec vous, la spiritualité ne se limite pas à radoter des références et des citations. Je vous remercie car je croyais que vous aviez laissé de côté l’une de mes précédentes questions sur le devenir des Sri Yantras que vous faites mais vous venez d’y répondre. Le Sri Yantra est donc pour vous un instrument pour aller vers l’autre, pour communiquer, interpeller les êtres et même les recevoir, les percevoir à travers la façon dont ils réagissent à vos peintures... mais encore plus pour les Sri Yantras ? Vous pourriez dire : Sadhinata : Cela va encore plus loin, car j’ai le désir ou l’ambition de les satisfaire individuellement s’ils ont une palette de nuances, telles préférences. Le Sri Yantra peut alors être réalisé sur commande. J’ai été décoratrice d’intérieurs et je sais l’importance du rapport entre les tableaux et le décor. Arkhghan : Si je poursuis l’idée d’un parallélisme entre la progression mystique et le cheminement mystique, employons le mot cheminement puisque vous le choisissez souvent, on peut dire alors la chose suivante. L’échelle de Jacob Hindoue se monte en s’affranchissant des images anthropomorphiques des doctrines et des dogmes des concepts mêmes qui sont utiles en chemin afin de se fondre dans une contemplation de plus en plus vaste de l’Absolu. Vous avez accompli cela, vous avez voyagé en Inde, participé à des cultes, vous êtes incorporée à des communautés, vous avez rencontré et suivi des maîtres qui sont la personnalisation temporelle du Soi intemporel puis vous vous absorbez dans ce symbole de synthèse le Sri Yantra. Sadhinata : Oui. C’est pourquoi j’entre dans la vibration de la couleur, dans la nuance et l’équilibre de ce symbole puissant. Arkhghan : Pouvez-vous nous parler de la mise en condition pour arriver à une telle subtilité dans l’exécution qui doit demander une intense concentration ? Arkhghan : Il y a réflexion et contemplation au cœur de la réalisation, ce n’est pas dissociable. Sadhinata : C’est parce que j’ai barbouillé sous diverses formes avant de me mettre au Sri Yantra que la subtilité des nuances et la subtilité du pinceau quand même sont possibles. On parle des gammes, mais si je reste un certain temps sans peindre, la précision se perd. Tenir un pinceau immobile à la pointe duquel il y a une couleur qui ne peut pas s’enlever, qui ne doit pas faire tache, c’est une pratique ! Arkhghan : Encore une fois, tout le monde ne peut pas faire un Sri Yantra, ne serait-ce que sur le plan technique ou mécanique. Le grain de cette toile exige une grande adresse du pinceau, non ? Sadhinata : En effet j’aurai pu prendre un support très lisse où les traits seraient plus faciles à faire. Mais là, effectivement c’est une toile granuleuse qui fait que pour tirer une ligne droite, c’est encore plus difficile, surtout pour arriver au point de rencontre. Mais par contre, j’obtiens une vibration particulière par la matière même de cette toile avec la couleur. Cela ne peut pas être uni puisque c’est un grain de toile qui donnera vie à la transparence de l’encre. Arkhghan : Mais c’est une vibration que l’on ressent. Sadhinata : Oui, une vibration supplémentaire et c’est ça l’inspiration et l’originalité. Il faut que temps, espace et respiration s’harmonisent. Arkhghan : Dans tous vos Sri Yantras nous avons des dominantes orange. Sadhinata : Oui, de toutes façons quelles que soient les nuances d’orange, de rose, de rouge d’or, les losanges doivent être orangés. Arkhghan : Ce n’est pas un détail, c’est une règle importante. Sadhinata : C’est capital. J’ai peut-être oublié d’en parler tellement, c’est absolu. Les triangles sont dans les gammes orange. Ce sont les nuances de l’orangé des triangles qui vont me donner les couleurs complémentaires pour le décor. Tout part des nuances des teintes orangées. Arkhghan : Est-ce un hasard si vous travaillez sur l’orange alors que vous travaillez déjà sur l’orange dans la tradition Bâule ? Sadhinata : Je n’ai jamais analysé ça mentalement, mais de toute façon, l’orange m’est indispensable. Ce que vous dites est sans doute vrai. Mais personnellement si je me choisis un Sri Yantra il sera dans les oranges. Arkhghan : Vous pourriez conclure par ce mot orange à moins qu’il ne nous reste encore quelques secondes pour proclamer en guise de salutation comme je vous l’ai vu faire devant un Bâul que vous preniez amicalement dans vos bras, lorsque nous étions allé ensemble à un festival de l’Inde à Mayenne : Jai Guru ! Sadhinata : Jai Guru ! Je remercie Sadhinata pour cette étude, ce partage de l’expérience vraie, je suis certain d’avoir rencontré grâce à elle la couleur orange comme un rayon issu du sein de l’Unité, issu du vide créateur de la toile blanche. J’ai pu placer des formes géométriques dans ma conscience énergétique, je sais que le puissant Sri Yantra est désormais pour moi une aide sur le chemin. J’ai vibré en sympathie avec nos amis Bâuls, porteurs d’une sagesse supérieure dont le chant peut me rejoindre à tout moment si je veux bien m’y ouvrir. Je pense aussi avoir compris que la liberté de l’art par sa rigueur, sa fidélité paradoxale à la Tradition et à l’inspiration est gage d’un esprit vivant, joyeux, profondément original. |
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Les oeuvres présentées ici ont toutes été réalisées par Sadhinata. Les photos présentant le village Bâul ont été prises par Sadhinata lors de ses voyages. Les photos présentant Sadhinata ont été réalisées par "Les Baladins de la Tradition" durant les deux rencontres. Toutes ces illustrations sont publiées sur ce site avec l’aimable autorisation de Sadhinata que nous tenons à remercier encore très chaleureusement pour la grande générosité dont elle a fait preuve tout au long de cette expérience commune. |
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