Theodore J. Nottingham : Que pensez-vous que le futur apportera à la civilisation occidentale et la religion qui l’a le plus influencée ?
Valaire de Gramscott [1] : Tout d’abord, les religions ont évolué. Elles ne sont plus du tout ce qu’elles ont été autrefois, même la religion catholique romaine qui était intolérante et qui avait, hélas, amené la civilisation à prendre du retard, puisqu’il était interdit de considérer à certains moments que la terre pouvait être ronde ou encore tourner autour du soleil et que certains, pour avoir prétendu le contraire, Galilée et d’autres… Giordano Bruno, ont été condamnés au bûcher. Ceci est terminé fort heureusement, mais la religion a certainement son utilité encore pour enseigner certaines valeurs. Mais elle se transformera, elle s’est déjà transformée.
Pas seulement d’ailleurs le Catholicisme, mais d’autres religions, pour s’adapter davantage au monde actuel. Il y a des religions, tout de même, qui sont permanentes – l’Hindouisme, le Bouddhisme et l’Islam, bien compris, non pas dans son intégrisme et ses excès, mais dans ce qu’il représente. Ces religions-là peuvent s’adapter parfaitement au monde actuel et maintiennent - pour ceux qui ne sont pas appelés à approfondir les choses - l’idée des principes spirituels qui sont nécessaires à la vie dans ce monde.
Donc, l’avenir sera moins lié à la religion proprement dit, mais la religion au sens étymologique du terme, c’est-à-dire à la religion que l’on se construit personnellement à partir de bases extérieures, cette religion sera davantage présente et conduira beaucoup plus l’Homme à une prise de conscience qui lui permettra de s’adapter au monde nouveau. Et l’avenir de la civilisation occidentale – il y aura également toujours, ici et là, des reculs, des échecs, des dangers qui retarderont peut–être les choses, mais l’avenir est ouvert sur une compréhension et une unité du monde encore beaucoup plus grandes.
Il est remarquable là aussi de voir combien, après avoir cherché un surarmement, on cherche maintenant précisément à revenir en arrière et cela est très difficile puisque les stocks d’armes sont considérables, mais l’idée est là. Alors que certains, poussés par des idées qui sont restrictives, négatives ou même criminelles, recherchent un pouvoir personnel pour arriver à des résultats qui sont contraires au bien de l’humanité, ça c’est compréhensible. Mais ils n’y arriveront pas, ils n’y arriveront pas. Il y aura, je le répète, certains échecs, certains retards, mais la ligne est fixée. Il n’y a plus maintenant à avoir une crainte absolue comme précédemment dans l’inévitabilité d’un conflit mondial par exemple.
La difficulté, la plus grande, réside dans la pollution et c’est pourquoi l’écologie a son importance immense et deviendra de plus en plus réelle et forte. Il suffit de voir la compréhension de ceci dans le fait que des partis d’écologie, des partis politiques d’écologie ont et de plus en plus de succès partout, ce qui montre bien que la population entière se sent concernée. C’est cela aussi que les médias devraient développer en plus, montrer les dangers de la pollution, montrer combien il est important de respecter la nature et de permettre à l’homme d’y vivre d’une manière sage. Voilà ce qui permettra alors à la civilisation, au monde, de vivre vraiment mieux et d’une manière plus harmonieuse.
Quant à la civilisation occidentale, elle aura, certes, à surmonter un danger c’est-à-dire un danger particulier, qui est peut-être une réserve par rapport à ce que j’ai dit, c’est-à-dire le développement considérable de certaines ethnies et le recul de certaines autres. Mais si la compréhension des grands principes dont j’ai parlé comme étant ceux du CIRCES et de l’Ordre du Temple sont respectés à l’intérieur de ces mouvements mais se répercutent au dehors par nous-mêmes et par d’autres qui oeuvrent dans ceux-ci, alors ce danger sera facilement évitable, parce que, je le répète, finalement, entre les hommes, il n’y a pas de différences du fait qu’ils peuvent avoir telle ou telle idée, telle ou telle religion et appartenir à telle ou telle race. Donc, je suis très optimiste tout en étant assez clairvoyant sur les étapes parfois difficiles qui seront à franchir.
Theodore J. Nottingham : Où trouvez-vous l’unité dans notre “global village” et comment peut-elle être le mieux exprimée ?
Valaire de Gramscott : Et bien, je crois que j’ai répondu largement déjà à cette question et j’aime - c’est le mot qui est employé de « global village » - ce village global, universel et qu’il faut réaliser. Tout contribue à amener cette compréhension - et elle existe déjà - mais à amener la réalisation de ce grand village, la prise de conscience que l’humanité, la Terre est Une et que les hommes qui l’habitent forment une seule et unique humanité.
Tout ce que j’ai dit précédemment permet de comprendre que cette Unité se trouve dans l’Homme même et dans sa compréhension, et dans sa dévotion, et sa consécration aux grands idéaux qui sont les idéaux de l’Homme lui-même, c’est-à-dire de l’humanité sur toute la planète.
Et là, il faut, il faut pour cette Unité : Solidarité, Equité, Fraternité. Ce sont les trois mots clés qui permettront de réaliser d’une manière définitive cette Unité.
– Toutes les photos sont publiées avec l’aimable autorisation de Madame Yvonne Bernard que nous remercions tout particulièrement.
– Le passage musical est extrait de "La cérémonie du Zikr" - "Chant des Derviches de Turquie (Musique soufie, vol. 1)" interprété par la Confrérie Halvèti. (http://www.arion-music.com/).
[1] C’était en février 1997, Raymond Bernard qui était alors Grand-Maître de l’Ordre Souverain du Temple Initiatique avait accepté de rencontrer Theodore J. Nottingham pour une interview. Au début de l’entretien, il déclara en riant qu’il porterait pour l’occasion le nom de Valaire de Gramscott, son daïmon du jour. Nous avons tenu à respecter son souhait.
Raymond Bernard : "ce village global, universel qu’il faut réaliser"
7 décembre 2009, par Célestin
En relisant les mots de Raymond Bernard sur l’écologie :
Soutenons de nos pensées ce sommet mondial de Copenhague qui s’ouvre aujourd’hui. Les prémices de la situation du monde provoquée par la technologie de l’occident remontent loin dans le temps. Peut être faut il revenir aux débuts de la théologie patriarcale de St Paul incitant l’homme à tenir le monde pour sien, rompant le lien avec la déesse que connaissaient les païen et qu’honorent toujours les Orientaux.
"Vous n’avez plus connu de l’un à l’autre pôle
La terre balancée ainsi qu’une nacelle."
Raymond Bernard : "ce village global, universel qu’il faut réaliser"
9 décembre 2009, par El Peregrino
Ce n’est pas la technologie qui est en cause, mais comme d’habitude l’usage que les hommes en font... Dire qu’il en est de la science comme des grandes idéologies et que l’homme se fait fort de les galvauder pour assouvir un égoïsme individuel est une banalité...
Même ce beau mot de "Liberté" peut sombrer. Que devient le libéralisme de l’occident quand l’humanisme reste un jeu de l’esprit, quant à celui "d’Egalité" il y a longtemps que les pays de l’Est en ont donné un exemple meurtrier...
Reste "Fraternité" à quand une société qui le serait, ou au moins qui s’essayerait à la solidarité...
Raymond Bernard : "ce village global, universel qu’il faut réaliser"
9 décembre 2009, par bertrand
C’est évident qu’il faut soutenir par nos pensées positives lumineuses notre Mère la Terre. C’est évident que notre civilisation est destructrice pour notre environnement mais attention à la récupération de certains bons apôtres
ne soyons pas dupes.Les responsables sont les industries polluantes pas l’enfant qui fait couler de l’eau pour se laver les dents...etc.etc.etc.
Raymond Bernard : "ce village global, universel qu’il faut réaliser"
17 janvier 2008, par Bayazid
Quelle vision, quelle pratique "politique" (au sens large) peut avoir un ordre qui vit une spiritualité mystique, intense et non dogmatique ?
Sur quoi reposerait cette vision et cette pratique politique ?
Pour les mystiques musulmans (les soufis), la futuwah, ou chevalerie spirituelle, est le versant éthique du mysticisme, du cœur à cœur avec Dieu. Elle constitue une sorte de « réalisation descendante », celle qui incombe, comme un devoir sacré, à celui qui s’est élevé jusqu’à l’épuration et l’universalité de l’Amour dans la contemplation de son Seigneur.
Cette chevalerie spirituelle implique les plus tendres attentions aux frères humains.
La vision « politique » du CIRCES, si furtivement entrevue dans les propos pudiques du Raymond Bernard de 1997 est proche de cela, me semble-t-il.
Pour résoudre les conflits, les violences et les injustices de ce monde, l’humanisme des Lumières a produit, in fine, l’ONU.
L’ONU c’est peu, c’est vraiment le minimum vital du respect de chaque « Nation », et des libertés de chaque culture. S’y ajoute un peu de fraternité compassionnelle pratiquée par les agences de l’ONU auprès des enfants du monde, des réfugiés du monde, des malades du monde...
Que serait, pour la chevalerie spirituelle universelle, l’équivalent de l’ONU pour l’humanisme des Lumières ? Voilà la question qu’il faut se poser.
Une action moins visible, moins impuissante ? Plus, plus…..Quoi ? Que peut politiquement « l’amour agape », plus haut d’un ciel que « l’amour caritas » tout en l’incluant !
Raymond Bernard : "ce village global, universel qu’il faut réaliser"
18 janvier 2008, par M.G.
La liberté de pensée reste une revendication toujours actuelle. Pour preuve au théâtre Chaillot se joue en ce moment une adaptation du texte de Pascal, « Les Provinciales ».
Je crois que l’on peut méditer sur une phrase comme celle-ci :
« C’est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d’opprimer la vérité. Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu’à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l’irriter encore plus. […] Qu’on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales. »
Egales en effet elles ne le sont pas, et c’est bien cette inégalité des choses que fait échouer la chevalerie spirituelle dans ses tentatives de réformer le monde sans violence.
Pourtant, ayant pu participer avec d’autres au grand élan de fondation du CIRCES dans une Commission des Droits de l’Homme, je peux dire à Bayazid que nous avions avec un sentiment d’une force inouïe l’espérance de contribuer à la création d’une Nouvelle ONU !!!!!
Mais il faut admettre que rien ne peut se faire avec toute la bravoure possible dans l’état actuel du monde tant que certaines forces, germes de cette violence ne seront pas défaites.
On ne peut pas les abattre par la violence mais elles peuvent s’effondrer par le jeu de leurs contractions propres.
Notre contradiction à nous, c’est que nous sommes des travailleurs de la Lumière et que nous travaillons dans l’ombre. Pourvu qu’il soit encore temps…….
Raymond Bernard : "ce village global, universel qu’il faut réaliser"
16 janvier 2008, par A.
Je félicite toute la equipe des Baladins pour cette superb interview de Raymond Bernard. Il a parti dejà de ce monde, mais son esprit et son pensée restent toujours vivant e, plus qu’a jamais, vivants...