"Chacun de tous les êtres vivants en ce monde, homme ou femme, est un être complet en lui-même. Il n’aurait en essence nul besoin d’autrui pour assumer son rôle fondamental en tant qu’âme incarnée. Son contact avec le monde et les expériences qu’il y rencontre ont pour raison essentielle de favoriser sa prise de conscience, de connaître, au sens mystique, sa propre réalité et de parvenir à la réintégration finale.
Tout ce qu’un être recherche au dehors, il l’a en lui dès l’origine mais il ne peut le connaître que grâce au monde extérieur. Dans le domaine qui nous préoccupe aujourd’hui, un homme ou une femme, en recherchant sa complémentarité dans un être, se recherche en quelque sorte lui-même ou elle-même. Il projette en somme au dehors de lui l’image de cette complémentarité et il part à sa poursuite.
Il va sans dire qu’il a toutes les chances d’être déçu si sa conception profonde ne change pas et s’il croit vraiment rencontrer un jour sa propre complémentarité incarnée chez quelqu’un.
Certes, il y a des ménages heureux et ils sont nombreux, mais un examen attentif conduit vite à constater que si le bonheur a pu être atteint par deux êtres, ce n’est pas parce que l’un était le complément parfait de l’autre au sens total du mot, mais c’est parce que chacun a été particulièrement respectueux de la liberté et des goûts de l’autre ou parce que l’un portait à l’autre une admiration ou une affection telle qu’il s’oubliait un peu lui-même au profit de son conjoint, ou encore parce que tous les deux trouvaient dans une chose identique un élément différent d’intérêt."