Le Mythe de Rama ou le chemin qui a du cœur.
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Est-ce cette négligence envers l’Histoire ou une méconnaissance des textes sacrés Hindous (on dispose du premier tome d’une traduction française du Ramayana seulement en 1853) qui a fertilisé l’imaginaire ou l’inspiration de l’occultisme occidental depuis deux siècles jusque dans ses prolongements modernes version New age ?

Je pense au récit de l’Américaine J.Z. Knight "Ramtha" qui situe son Ram il y a 35000 ans comme un des derniers Lémuriens colonisés à l’époque de l’effondrement Atlante ayant atteint alors le degré de Maître ascensionné qui fait de lui une sorte de Melchisedech. Même l’auteur Paulo Coelho se réclame discrètement d’un Ordre de Ram. J’ai lu avec beaucoup de plaisir le récit des visions de Fabre d’Olivet , d’Edouard Shuré, de Saint -Yves d’Alveydre ou de René Guénon évoquant un Ram celtique Hyperboréen conquérant de la population préaryenne de l’Inde de race Dravidienne. On touche ici à ces questions très fascinantes tout autant que spéculatives que le chercheur aborde dans la recherche ésotérique : les origines et la transmission de la Tradition Primordiale, les humanités précédentes à la nôtre et les races, les continents engloutis, l’utopie théocratique et la royauté sacrée, la Loi de différenciation et l’harmonisation des polarités sexuelles.

On retrouve inopinément ces spéculations dans un texte périclité de notre écrivain français au génie extrême, tourmenté, Antonin Artaud dans son livre sans doute le plus documenté : "Héliogabale ou l’Anarchiste couronné" : "Que l’on croit ou non à une race de Surhumains Instructeurs venus du Pôle au moment du premier effondrement de la terre et qui semblent marcher avec elle et marcher sur les Indes, il faut admettre dans une période bien antérieure à l’Histoire, l’invasion d’un peuple de race blanche qui dresse au-dessus de lui des insignes, des rites et d’étranges objets sacrés, en guise d’armes surnaturelles. Il semble qu’en fin de compte, ce soient les partisans du Blanc, c’est à dire du Mâle, qui aient gardé le terrain conquis ; mais en le gardant, ils perdent la notion du principe intouchable et unique qu’ils étaient venus révéler aux autochtones du Phallistan. Les Védas semblent porter témoignage de cette altération du principe dans un texte mystérieux : "Seuls quelques noirs, quelques rouges et quelques jaunes resteront, mais les fils de la Lumière Blanche étaient partis pour toujours." Et tandis que les sectateurs du Blanc ou Hindous, restent maîtres des Indes qu’ils organisent suivant la loi du ciel et sous le signe du bélier légué par Ram…"

Pour Artaud, le roi pédéraste est l’exemple type de la dissociation des principes du masculin et du féminin puisqu’il est prêtre solaire et féminin par son homosexualité. Il se plonge dans cette fange comme pour l’exorciser, en vain, bien entendu, mais il la jette à la face de la société bourgeoise qui ne sait plus ce qu’est l’art ni la grandeur. Pour Artaud, la guerre des sexes devient une sorte de genèse de toutes les guerres théologiques et raciales ou nationales, car dans la guerre même des races de polarités différentes, c’est cette guerre qui se poursuit implacablement. La première guerre de Religion est celle des Temples de la Lune et du Soleil ayant trouvé son paroxysme en Syrie.

Sommes-nous dans l’Ere du Verseau arrivant sur les ailes de l’ultra-libéralisme porté par une Amérique violente et puritaine de plus en plus malade ou dans une période de dissolution des ruines dont surgira une surhumanité inconcevable ? L’ambiance de notre époque plus que toute autre époque encore semble en résonance avec les textes prophétiques de Jean de Patmos ou du Kalki Purana. Est-ce l’Ere de la femme ? Est-ce que le passage dans l’Ere du Verseau nous fait sortir du Kali Yuga ? Certains auteurs disent que nous sommes en réalité au milieu du Kali Yuga, c’est à dire qu’il doit durer encore 5000 ans. Cependant Saï Baba qui se range à cette catégorisation du temps explique que le deuxième versant du Kali Yuga est un âge d’or par rapport au premier situé pourtant dans l’âge noir de Kali. Voilà toutes les questions vers lesquelles me porte le mythe de Ram ? Et j’ai plus de questions que de réponses.


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