Les instruments de la navigation mystique

Il était une fois un jeune garçon, à qui on avait offert à son plus jeune âge, un voilier. Pas une seconde il n'avait hésité à mettre son embarcation à l'eau et à monter à bord. Il y découvrit les premiers éléments de la navigation : l'eau et ses courants, le vent et ses rafales, et surtout, le comportement de sa nef entre les deux.

Il appris à la manier : tenir la barre, maintenir un cap en fixant un repère sur le rivage, virer de bord et faire un empannage.

Notre jeune homme qui avait grandi, se dit un beau jour qu'il était temps d'aller plus loin, d'élargir son propre horizon. Et il partit, en se disant que rien d'humain ne lui serait étranger !

En haute mer, le vent se faisait parfois plus puissant qu'à l'ordinaire, entraînant la nef à grande vitesse, et il fallait faire particulièrement attention au réglage des écoutes, ce cordage qui permet d'orienter la voile en tirant plus ou moins fort dessus. Régler les écoutes..., régler son écoute intérieure, être à l'écoute des autres, de leurs besoins, et servir... tout au long de ce voyage.

Tandis qu'une vague plus forte que les autres s'abat sur le pont du navire, notre jeune homme prend conscience qu'il ne peut plus naviguer comme avant : déjà, les repères de la côte rapetissent à vue d'oeil !

Alors il explore la cabine du capitaine, car il sait que tout est là,... tout est là, à disposition. Il y découvre plusieurs instruments et des bouquins. Il commence à lire, à manipuler les instruments, à comprendre leur utilité et leur utilisation.

Parmi les livres, il en trouve un dont les pages sont vierges, avec en couverture inscrit : "Journal de bord''. Il décide d'y noter les événements marquants de ses journées, ses progrès dans l'utilisation des nouveaux instruments, ses questionnements et ses réflexions. Ainsi, la relecture de ce livre pourra lui apporter de nouveaux éléments de compréhension sur la manière de naviguer.

Le premier instrument dont il prend connaissance est une boussole

Elle contient une aiguille aimantée, qui s'oriente suivant les lignes du champ magnétique de la Terre, et indique le Nord. Elle pivote au-dessus d'un cadrant appelé rose des vents, sur lequel sont inscrites les directions des quatre points cardinaux, Nord, Est, Sud et ouest. La boussole se présente aussi sous la forme d'un compas de mer, quand elle a plus de liberté de mouvement.

Avant de pouvoir lire la direction du Nord et le cap suivi, il faut laisser l'aiguille se stabiliser. De même, pour connaître notre cap par rapport au Nord magnétique de notre conscience, une méditation est utile. D'abord laisser nos pensées s'apaiser, pour que l'aimantation seule de notre aiguille intérieure préside aux mouvements de notre esprit. Puis celui-ci pivotera un peu à gauche, un peu à droite, au fil des réflexions et des associations d'idées. ``La vérité est ici'', ``non, par là'', ``mais non !, ici'', avec à chaque pivot une nouvelle nuance qui apparaît. Et enfin, l'aiguille se stabilise,
une certitude intérieure naît : ``ma vérité est celle-ci'', ``et voici mon cap'' ; ``je sais où se trouve le Nord'' ! Ainsi, quand on est déboussolé, le plus important, le plus précieux, est de retrouver la paix dans son esprit.

Un deuxième instrument que notre jeune navigateur découvre avec perplexité est le quadrant, ancêtre du sextant.

Il permet de mesurer la hauteur d'une étoile au-dessus de l'horizon. Mais pourquoi mesurer la hauteur d'une étoile ? Pour connaître sa position, du moins l'une de ses coordonnées : la latitude. En connaissant sa position et en la reportant sur une carte, il pourra retrouver le chemin de sa terre natale, de ses racines, le jour où il aura besoin de se ressourcer et de se reposer.

Le quadrant s'utilise en visant une étoile, pas n'importe laquelle : l'étoile polaire, celle qui se trouve à proximité de la direction du Nord et qui appartient à la constellation de la petite Ourse. Une fois l'étoile dans le viseur, on relève l'angle formé entre cette direction et un fil à plomb. Cet instrument a évolué au cours de l'histoire, allant de l'arbalète au quartier de Davis, puis à l'octant et au sextant. À chaque amélioration, l'angle d'ouverture total de l'instrument augmentait.

La visualisation est une technique qui permet d'atteindre les étoiles, l'étoile de notre choix. Il faut d'abord viser, visualiser avec autant de précision que possible. Puis laisser le fil à plomb prendre la verticale, être passif, et enfin recueillir la mesure de l'angle, la réponse ou le résultat cherché.

Un support de visualisation peut être une église, et si la nef est l'outil de voyage du navigateur, elle est aussi le nom donné à la partie principale des églises, dont le toit est une barque, renversée pour indiquer qu'il s'agit d'un voyage de l'esprit.

Notre jeune navigateur qui continue de lire, de mettre en pratique et de noter, apprend ensuite que pour pouvoir déterminer sa deuxième coordonnée, la longitude, il est nécessaire de savoir l'heure. Et qu'en comparant l'heure d'un événement astronomique (tel une conjonction, le lever d'une étoile, ou une étoile au zénith), avec l'heure prévue au méridien d'origine dans les catalogues, il peut par soustraction connaître son propre méridien.

Comme repère de temps, il fait confiance au Soleil en lisant l'heure sur un cadran solaire, à Terre. Mais il faut ensuite conserver l'heure à bord du bateau. Pour cela, la technique existante consiste à retourner régulièrement un sablier. Celui qui en est chargé s'appelle un timonier. Le sable contenu dans le sablier évoque bien sûr la plage et le rivage laissé. ``De sables'' est aussi en héraldique, la couleur noire, celle de la maîtrise. Être maître du temps ..?, ou bien être maître... grâce au temps !

Le sablier doit être retourné régulièrement, pour vider son contenu dans chacun de ses lobes, alternativement. Passage entre le haut et le bas, le visible et l'invisible. Il est la marque de la régularité nécessaire dans la pratique du repérage, comme de tout autre exercice.

Des millions d'années se sont écoulées depuis le départ de notre navigateur. Il est devenu un homme fort et viril, passé maître dans l'art de la navigation et qui joue avec les vents et les courants. Par temps de tempête ou par calme plat, jamais il ne s'ennuie ! Il en a découvert de nouvelles terres, par myriades !, rencontré des cultures différentes, et fait parfois un bout de route avec d'autres, partageant leur vécu. Il voyageait dans un esprit de quête d'authenticité, ...du divin qui se trouve en chaque être.

Un soir, une terrible tempête se leva, si terrible que la seule chose que pu faire cet excellent navigateur, fut d'abattre au plus vite les voiles et de s'enfermer dans la cabine. Il y resta trois nuits et trois jours, sans boire ni manger, et craignant la mort. Au troisième jour, les vagues et les vents frappaient avec une telle violence qu'il pensa son dernier instant venu. Alors du plus profond de lui-même, monta un appel au secours vers plus haut que le ciel, plus grand que la mer et plus profond que le plus profond des océans. Vers une destination qu'il n'y avait sur aucune carte et qu'aucun instrument ne saurait mesurer.

A peine avait-il lancé son appel que la tempête s'apaisa, et de ce qu'il vit,... il est difficile de se faire une idée... : une multitude de couleurs semblait danser. Chaque fois qu'il parvient à ce point de son histoire, des larmes qu'on dirait de joie coulent sur son visage plissé par les vents.

Après cela, il rentra chez lui pour la première fois, et se proposa d'enseigner à tous ceux qui le voulaient, l'art de la navigation ; il attachait un soin méticuleux à l'apprentissage du repérage,... en dépit du fait que la plupart de ses élèves ne semblaient pas le moins du monde vouloir s'éloigner des côtes. Il semblait lui, certain, qu'un jour cela leur serait nécessaire.

Quand il leur eut tout enseigné, il s'en alla vers une plage déserte où se trouvait une nef qui semblait l'attendre. Il y monta et elle s'éloigna aussitôt de la côte, l'emportant dans un grand silence. Aucun des instruments habituels ne se trouvait à bord, il n'y avait pas non plus de barre ! Alors il se laissa conduire... et il vogue encore de nos jours !...

Il y a tant à découvrir, par îlots ou par continents,
les instruments de navigation sont présents et les routes si belles !
Alors..., Bon Vent !


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Une traduction de cet article est disponible en portugais sur le site "Lusophia".


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