Bénarès - Varanasi - Kashi
Depuis 4 ans, je passe de 4 à 5 mois en Inde chaque année. Libre de mon temps, quand je me plais quelque part, j’y reste : Bodh Gaya, Puri, Amritsar, Madurai, Thrissur-Guruvayur… Ces lieux ont en commun d’être des centres de pèlerinage.
Ce ne sont pas les dieux tutélaires qui m’y attirent, le désir d’en avoir darshan -, la vision - et d’acquérir ainsi une partie des vertus qui leur sont attribuées – et c’est tant mieux car désormais la plupart des grands temples sont fermés aux non hindous ! – mais l’ambiance particulière qui règne en ces lieux. Autour des temples de ces villes conservatrices qui sont souvent aussi des places de commerce florissantes, subsiste l’Inde que j’aime : populaire, fervente, paisible, respectueuse du dharma, loin de l’agitation énervée des métropoles. L’énergie qui se concentre dans ces lieux de spiritualité diffuse par toute la ville, impose un rythme et un style de vie avec lesquels je me sens en harmonie.
Mais c’est à Bénarès, où des pèlerins de toute l’Inde se rendent pour descendre au plus profond d’eux-mêmes, pour remonter à la source de leur vérité, que cette énergie est la plus intense. Aussi un séjour en Inde ne serait-il pas vraiment complet si je n’allais passer quelques temps à Bénarès (Varanasi) qui condense et démultiplie l’émotion éprouvée dans tous les autres lieux saints car elle est tout à la fois exubérante et contemplative, mystique et commerciale, bruyante et musicienne, lieu de savoir et de méditation.
Un frisson sacré me saisit à chaque fois que je descends au Gange. Ayant laissé la ville fébrile et chaotique derrière moi, j’arrive enfin aux ghâts dont les degrés, les gradins, les marches, les terrasses forment un d’amphithéâtre où les dieux avaient choisi de se faire connaître au monde et où, aujourd’hui, les hommes déploient la multitude de leurs activités, des plus humbles au plus dignes. Avec pour toile de fond, la vision du fleuve puissant et capricieux - mèche échappée du chignon de Shiva – et l’horizon infini de la plaine.
Je peux passer des heures à contempler tout cela. Comme il semble naturel et facile de méditer ici ! Tant, de gravité dans les visages, de paix sur cette berge élue des dieux !
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