Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face
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Nous sommes en 1888.

Le Galaad de notre temps pénètre dans le Château du Roi Pêcheur.

La vie et les pensées de Thérèse de l'Enfant Jésus nous sont connues par ses écrits et ceux de ses proches. Au début de sa vie religieuse, nous avons les lettres qu'elle adresse à son père, à sa soeur, à ses oncle et tante et à sa famille proche. Elle écrit également parfois, à l'intérieur même de la clôture, à ses soeurs religieuses.

Son entrée au Carmel se fait sous le priorat de Mère Marie de Gonzague, 54 ans, qui a une bonne expérience de la vie religieuse et qui est une solide directrice d'âmes. En cette époque de foi sévère, on entre au Carmel pour "consoler Jésus des crimes des pêcheurs".

Écoutons Thérèse, au début de sa vie religieuse, écrire à sa soeur Céline qui est restée avec leur père : "(Jésus) n'est pas loin, il est là tout près, qui nous regarde, qui nous mendie cette tristesse, cette agonie, il en a besoin pour les âmes, pour notre âme, il veut nous donner une si belle récompense, ses ambitions pour nous sont si grandes."

Thérèse va prendre l'habit et, au cours de la retraite qu'elle effectue pour s'y préparer, elle parle des difficultés parfois de la vie communautaire et de ces "piqûres d'épingles" qui lui sont arrivées, non de la part de Jésus, mais de la part des religieuses. Elle écrit à sa soeur aînée : "Demandez à Jésus que je sois bien généreuse pendant ma retraite, il me crible de piqûres d'épingles, la pauvre petite balle n'en peut plus, de toutes parts, elle a de tout petits trous qui la font plus souffrir que si elle n'en avait qu'un grand ! ...... Comprenez, le jouet de Jésus ! Quand c'est le doux ami qui pique lui-même sa balle, la souffrance n'est que douceur, sa main est si douce ! mais les créatures ! Celles qui m'entourent sont bien bonnes, mais il y a un je ne sais quoi qui me repousse !...."

1889 - Thérèse prend l'habit tandis qu'une épreuve sévère éprouve toute la famille Martin. Son père est victime de graves troubles mentaux et doit être interné. En ville, on accuse les filles Martin de l'avoir abandonné... Thérèse réconforte sa soeur Céline : "Céline il faut que Jésus t'aime d'un amour particulier pour t'éprouver ainsi. Sais-tu bien que j'en suis presque jalouse ? A ceux qui aiment plus, il en donne plus, à ceux qui aiment moins il en donne moins !" et plus tard : "La vie n'est qu'un rêve, bientôt nous nous réveillerons, et quelle joie... plus nos souffrances sont grandes, plus notre gloire sera infinie..." Puis, toujours à Céline qui lui dit avoir rêvé de mourir martyr, elle répond : "Avant de mourir par le glaive, mourons à coups d'épingles... Céline comprend-elle ?" Toujours dans une lettre à Céline : "Jésus a ses préférences, il y a dans son jardin des fruits que le Soleil de son amour fait mûrir presque en un clin d'oeil ... Pourquoi sommes-nous de ce nombre ?... Question pleine de mystère... Quelle raison Jésus peut-il nous donner ? Hélas ! sa raison est qu'il n'a pas de raison !... Céline!... usons de la préférence de Jésus qui nous a appris tant de choses en peu d'années, ne négligeons rien de ce qui peut lui faire plaisir ! Ah ! Laissons-nous dorer par le Soleil de son amour... ce soleil est brûlant ... consumons-nous d'amour !"

Le 8 septembre 1890, Thérèse va faire profession. Elle écrit deux textes qui lui ressemblent bien à ce moment-là. Un billet de profession où un certain accent est encore mis sur les fautes, la damnation et le purgatoire et un faire-part tout rempli d'humour et de la vraie vie qui l'habite. Thérèse a 17 ans.

"Ô Jésus, mon divin époux ! que jamais je ne perde la seconde robe de mon Baptême, prends-moi avant que je fasse la plus légère faute volontaire. Que je ne cherche et ne trouve jamais que toi seul, que les créatures ne soient rien pour moi et que je ne sois rien pour elles mais toi Jésus sois tout !... Que les choses de la terre ne puissent jamais troubler mon âme que rien ne trouble ma paix, Jésus je ne te demande que la paix, et aussi l'amour, l'amour infini sans limite autre que toi, l'amour qui ne soit plus moi mais toi mon Jésus. Jésus que pour toi je meure martyre, le martyre du coeur ou du corps, ou plutôt les deux.... Donne-moi de remplir mes voeux dans toute leur perfection et fais-moi comprendre ce que doit être une épouse à toi. Fais que je ne sois jamais à charge à la communauté mais que personne ne s'occupe de moi, que je sois regardée foulée aux pieds oubliée comme un petit grain de sable à toi, Jésus. Que ta volonté soit faite en moi parfaitement, que j'arrive à la place que tu as été devant me préparer... Jésus fais que je sauve beaucoup d'âmes, qu'aujourd'hui il n'y en ait pas une seule de damnée et que toutes les âmes du purgatoire soient sauvées... Jésus pardonne-moi si je dis des choses qu'il ne faut pas dire, je ne veux que te réjouir et te consoler."

Lettre d'invitation aux Noces de soeur Thérèse de l'Enfant Jésus de la Sainte Face

"Le Dieu tout-puissant, créateur du Ciel et de la terre, souverain dominateur du monde, et la très glorieuse Vierge Marie, Reine et princesse de la cour céleste, s'abaissent à vous faire part du mariage de leur fils Jésus Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs, avec Mademoiselle Thérèse Martin maintenant dame et princesse des royaumes apportés en dot par son époux, savoir : L'enfance de Jésus et sa Passion, ses titres de noblesse étant de L'Enfant Jésus et de la Sainte Face.

Monsieur Louis Martin, propriétaire et maître des Seigneuries de la souffrance et de l'humiliation, et Madame Martin, princesse de dame d'honneur de la cour céleste, veulent bien vous faire part du mariage de leur fille Thérèse avec Jésus le Verbe de Dieu, seconde personne de la Sainte Trinité qui, par l'opération du Saint Esprit, se faisant homme est né de la Vierge Marie.

N'ayant pu vous inviter à assister à la bénédiction nuptiale qui leur a été donnée sur la montagne du Carmel (la cour céleste seule y étant admise), vous êtes néanmoins priés de vous rendre au retour de noces qui aura lieu demain jour de l'Éternité, auquel Jésus fils de Dieu viendra sur les nuées du Ciel pour juger les vivants et les morts (l'heure étant encore incertaine vous êtes invités à vous tenir prêts et à veiller)."

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