Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
Etape 23 : De Castrojeriz à Fromista Camino del Ebro : 602 km déjà parcourus par El Peregrino |
Bonne soirée hier, nous étions une vingtaine de pèlerins au restaurant. Allemands peu bavards, des Français assez nombreux, des Canadiens et quelques Espagnols, mais tous le sourire aux lèvres prêts à lever leurs verres avec tout un chacun... C’est sûrement la soupe de lentilles avec du chorizo servie pendant le repas qui m’a donné cette forme qui semble être la mienne ce matin... À la sortie du village, le chemin semble se diriger tout droit vers une colline qui prend l’aspect d’un mur pelé et que j’aperçois à un kilomètre environ... ! Une sorte de falaise où l’aube laisse deviner un chemin qui grimpe sévèrement au travers de la pente... Jusqu’au dernier moment celui qui l’aborde pour la première fois pense qu’il va peut-être y échapper. Je sais déjà qu’il va falloir faire un effort matinal qui aura sa récompense là haut, dans une demi-heure, pour assister à l’apparition du soleil... C’est exactement ce qui va arriver. La clarté souligne un peu plus les nuages et la brume qui elle reste dans les bas-fonds. Je m’arrête de temps en temps pour me retourner et ne rien perdre du spectacle... Voilà, le soleil me salue au moment où j’atteins le sommet, il est un peu noyé, mais personne ne peut rester insensible à de telles apparitions.... ! Je trouve que TU fais trop bien les choses pour moi... ! Je me suis assis sur un rocher et je voudrais graver dans ma mémoire ces minutes, un frisson me parcourt, c’est un moment d’une vraie sensualité... ! C’est le cœur, l’esprit et les sens qui se souviendront dans quelques mois et mon désir de reprendre ma mochila sera prégnant... Je suis, pendant quelques kilomètres, sur un plateau aride et caillouteux. J’aime ce contraste de l’instant. Après le merveilleux et les palpitations, l’apaisement est salutaire pour le regard et le corps. Parfois le marcheur solitaire à la rencontre de la nature est sujet à l’exaltation, le Grand Architecte ne semble donner un spectacle que pour lui... ! J’avance tranquillement le soleil est douceur, survient encore une surprise au détour du chemin... Je rencontre un ex-collègue... ! C’est un berger qui précède un troupeau de 200 brebis environ et qui est accompagné de son âne. Retrouver ici l’odeur des bêtes et toucher leur laine, c’est reconnaître un plaisir que je n’ai pas oublié. Deux chiens l’accompagnent et il me vient le souvenir de léa et malie, mes deux chiennes beauceronnes, mes compagnes affectueuses et irremplaçables pour tenir ce troupeau de 400 brebis qui faisait ma fierté... Evidemment, j’engage la discussion avec un petit homme souriant tout heureux de briser un peu sa solitude et qui a la surprise de partager un moment avec un pèlerin qui fut aussi berger... Je m’éloigne presque à regrets, encore une image sur ce Camino de la vie ordinaire. Tout passe, gardons en la mélancolie sans amertume, demain tout peut nous être donné à nouveau... ! Je traverse Itero Del Castillo et le puente sur le Pisuerga. Je viens de quitter la province de Burgos pour entrer en Palencia. Le Camino est facile et je laisse errer mon esprit et mon cœur au milieu de mes souvenirs... En avoir et pouvoir se dire que la vie est belle est quand même un privilège... Le chemin devient une vraie promenade de santé, large, confortable, sa blancheur éclate quand le soleil est vivant comme aujourd’hui et le contraste des couleurs avec le canal est du meilleur effet. Les oiseaux ne se trompent pas, ils sont ici plus joyeux et plus nombreux qu’ailleurs. Les grandes herbes en bord de canal sont leur domaine ... Une spectaculaire écluse marque la fin de ma journée, me voilà à Fromista. Le refuge est super et bien agencé, « l’hospitalera » est sympa et comme mon étape de 6 heures est relativement courte, j’ai tout le temps de m’installer et de faire un peu de lessive. La douche est bien chaude, tout mon corps se détend, c’est un relâchement bien agréable. Dans le dortoir, certains sont assoupis, je préfère descendre dans la cour. Petit à petit l’albergue se remplit. Nous serons une dizaine ce soir autour de la table au restaurant. Je retrouve des têtes connues et des sourires s’échangent, l’ambiance est conviviale, les sujets sont légers. Je parle un moment avec Alain de son beau pays le massif central et d’un souvenir de randonnée au printemps vers le Sancy... Il est 22 heures, demain la journée sera plus longue et plus difficile dans la tête et dans les jambes... Tout va bien, je pense à ceux que j’aime et aussi à LUI dire merci, je suis toujours sur le Camino... |
– La photo en tête d’article provient du site : http://www.photo-libre.fr/gens_photo.htm
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