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Le Camino del Ebro
Etape 6 : De Escatron par Sastago et Velilla de Ebro à Quinto
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Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
Etape 6 : De Escatron par Sastago et Velilla de Ebro à Quinto Camino del Ebro : 165 km déjà parcourus par El Peregrino |
La nuit a été bonne grâce aux boules de cire dans mes oreilles. Dans une pièce à côté il y avait un dormeur phénomène qui lâchait un râle infernal à chacune de ses respirations...! Hier je devais dormir à 22h et ce matin j’ai un démarrage tranquille à 7h30 sur le Camino. C’est dimanche, tout est fermé. J’ai juste ingurgité un peu de jambon et un jus de fruits, curieux petit déjeuner... Je sors de la ville en passant devant le restaurant d’hier soir et en longeant l’Ebre pour le traverser à la sortie d’Escatron. Un vieux monsieur matinal trapu et un peu bedonnant vient à ma rencontre. Toujours cette convivialité du pèlerin avec les Espagnols et la conversation s’engage pour quelques minutes. Ce brave homme me conseille de ne pas suivre les rares flèches jaunes qui apparaissent après le pont...! Elles font grimper le pèlerin au monastère de Rueda par une boucle de trois kilomètres. L’édifice est beau, mais c’est un vrai détour... Je suivrai son conseil... Le matin est encore rude. J’accumule un peu la fatigue, demain je vais faire en sorte de faire plus court. Je crois que les villages plus près les uns des autres vont me le permettre. En attendant ce matin la route grimpe sur presque 4 km. Cette première semaine du Camino de l’Ebro n’est pas faite pour un nouveau marcheur, soyons honnête : je souffre. Je suis maintenant sur un plateau qui m’offre à nouveau ce paysage dénudé qui m’en impose... Il y a de la solennité dans cette nature, oui quelque chose de primordial. Il m’arrive de rester immobile au milieu du chemin et de laisser errer mon regard à 360°. Curieusement je n’ai pas alors un sentiment de solitude, mais celui d’être un privilégié pour l’instantané que je vis. J’ai un "regard énorme" qui n’est que pour moi et tout mon être a une sensation de sérénité... Toujours plein soleil, mais il y a maintenant un petit souffle qui caresse. J’ai parfois l’impression d’être dans un pays désertique, mais une très efficace organisation de canaux et l’approche de l’Ebre donne des surprises et des étendues de couleurs printanières de luzerne d’un vert agressif. Un ou deux kilomètres et tout change... ! Le Camino entre dans des vallées arides, sans arbres ou avec quelques oliviers perdus. C’est un paysage de western à la Sergio Leone. Je traverse plusieurs fois l’Ebre ainsi que des villages complètement vides en apparence : Sastago, Alborge. Dans ce dernier, je cherche les flèches je suis un peu perdu. Les méandres de l’Ebre m’ont un peu désorienté. Arrive un 4x4 qui s’arrête un peu brutalement, un homme en descend et il se dirige vers moi avec un grand sourire. Je suis un peu surpris, mais lui encore plus... ? En fait il se nomme Carlos Mencos et il édite des livres en Espagne qui donnent des itinéraires du chemin vers Compostelle. Il est en repérage et il prépare un livre sur le Camino de l’Ebro. Il est agréablement surpris de me trouver là. À ce jour me dit-il, c’est le premier pèlerin que je rencontre sur ce chemin traditionnel, mais oublié par beaucoup... Nous allons ensemble dans le village d’Alforque pour prendre un petit-déjeuner. Après une petite discussion d’une demi-heure et un échange d’adresses et de photos, je reprends ma mochila. Le Camino et le trajet du jour m’attend... J’arrive à Velilla de Ebro en espérant y rester pour la nuit. Impossible, c’est dimanche, un tout petit village, tout est fermé sauf un bar... Je vais donc à Gelsa 4 km plus loin, les heures passent... Gelsa, c’est jour de fête en plus d’un dimanche rien pour passer la nuit, l’église est fermée... Un peu désemparé je bois un coca au bar du coin. Une jeune femme entend ma conversation avec le patron et intervient gentiment. Elle fera un jour elle aussi le Camino et me suggère le village de Quinto très proche où le patron d’un bar loue des chambres... Ce Camino est vraiment un problème pour l’intendance, j’ai encore plus de difficultés qu’en 2001 quand j’ai fait la Via de La Plata au départ de Séville. À Gelsa j’ai interpellé plusieurs personnes pour trouver une solution pour la nuit. Coucher à la dure n’est pas un problème, un toit et un lavabo sont suffisants encore faut-il trouver un interlocuteur dans les villages. Je préfère et de loin dormir dans les vestiaires d’un stade ou dans les réserves d’une mairie que d’être obligé de trouver une chambre chez l’habitant. Il faut dormir dans un lieu sécurisé et il m’est impossible de passer la nuit sous le porche d’une église... Je voulais un peu d’aventure sur un circuit peu fréquenté, je suis servi... Je donne une fausse impression... ! En fait ces péripéties ennuyeuses sur le moment font la couleur de ce « Camino de l’Ebro ». Dans trois ou quatre ans, il sera comme les autres un peu plus structuré et des refuges vont bientôt se créer. J’ai trouvé une chambre simple pour 16 euros... Heureusement que ces étapes sont exceptionnelles sur la durée de mon périple, mon budget prévisionnel aurait explosé... Bon, je suis fatigué, je maigris, j’ai des douleurs ici ou là, mais je suis heureux... Heureux d’être encore là, plus les jours passent, plus mon corps fera face... Tout va bien, merci à LUI. Je m’endors en pensant à ceux que j’aime. |
– La photo du visage en tête d’article provient du site : http://www.photo-libre.fr/
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