Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
Etape 21 : De Atapuerca par Burgos à Tardajos Camino del Ebro : 548 km déjà parcourus par El Peregrino |
Une journée d’hier assez mouvementée et surtout mouillée, mais la nuit fut bonne. Ce matin, je suis dehors parmi les premiers et je trouve qu’il fait surtout très froid. Nous sommes à 950m d’altitude et ceci explique cela... Le jour se lève de plus en plus avec paresse, maintenant à 7h30 il fait encore nuit. Il y a aussi ce vent de face que je n’aime pas trop et qui accentue la sensation de froid. L’aridité du plateau se termine brusquement et je domine la plaine qui va me conduire à Burgos. Le chemin descend sur quelques centaines de mètres par un dénivelé court, mais presque dangereux. La roche roule sous mes pieds et mes deux bâtons ne sont pas de trop pour assurer ma stabilité. De plus, l’horizon est obstrué par une usine de ciment qui rugit et fume comme si elle avait une vie animale. C’est un vrai spectacle et elle attire mon regard... Pourtant il vaudrait mieux que je regarde où je pose mes pieds si je ne veux pas me retrouver sur les fesses... J’ai rejoint enfin une petite route goudronnée et je progresse maintenant en toute décontraction. Je traverse une autoroute et du haut du pont j’aperçois au loin Burgos. Un peu plus près il y a Villafria, de quoi prendre quelques minutes pour boire un café. C’est pratiquement la banlieue de Burgos. J’ai déjà fait environ 12 km quand j’arrive dans la zone industrielle. Je suis sur une avenue rectiligne à quatre voies bordées d’usines et qui laisse Villafria derrière pour rejoindre les portes de Burgos à 5 km encore. Cette capitale de la Castille qui abrite environ 170.000 habitants est toute en longueur et semble vouloir rester et s’étaler le plus près possible du Rio Arlanzon. Tout le long de ce fleuve les abords sont verdoyants et bien entretenus donnant à la ville une dimension très humaine et presque reposante... Comme à chaque fois, j’ai un pincement au cœur en parcourant cette avenue. Il y a 50 ans, j’étais ici avec ma grand-mère... ! Les glaces étaient délicieuses, ma mamie généreuse, les gamines jolies. Je me souviens même de Marie-Carmen, j’avais 13 ans... ! Il y avait Manso, mon ami, avec qui nous jouions à la pelote sur le mur du fronton et aussi ces fabuleuses soirées qui se terminaient tardivement. Elles étaient merveilleuses pour un petit parisien... Dans les « barrios », même les enfants à cette époque vivaient la nuit... ! Au bout de l’Espolon, c’est l’arc de Santa Maria qui me permet d’atteindre la place de la cathédrale. Elle est imposante et les touristes fourmillent. Je la connais cette splendeur et je veux juste entrer rapidement pour apercevoir à l’intérieur le « papa mosca » [1]... ! C’est comme ça que mon grand-père disait s’appeler l’horloge qui est à l’intérieur située tout en haut de la nef. À la sonnerie des heures des personnages se mettent en mouvement. Alors, le cou tendu, la bouche ouverte, tous les regards se lèvent vers la voûte... ! ... ! ! ! Je suis en fureur... ! Même le pèlerin doit payer un euro pour passer la porte de la cathédrale... ! Je passe mon chemin et je reprends mon camino... ! Je retrouve le Rio Arlanzon et je m’apaise un peu. La sérénité revient, mais la mélancolie aussi... Il n’y a plus d’anciens dans ma famille pour parler de ce voyage... C’est dans ces moments-là que le manque revient et surtout un peu de culpabilité... J’aurais dû les faire parler un peu plus ces anciens... Teruel, Burgos, la Castille, ce fleuve mythique de l’Ebro mon grand-père en parlait peu... Lui savait, moi maintenant je suis obligé de lire des livres d’histoire... ! Encore un ou deux kilomètres pour atteindre le verdoyant parc de l’Hospital Del Rey. Je passe devant le grand albergue municipal et bientôt je sors de la ville. Ma pratique et mes choix sur le Camino font que souvent les pèlerins qui m’entourent ne sont plus les mêmes... Qu’importe les amitiés se font sans retenue entre pèlerins. Ce soir je dîne avec un couple d’Italiens et en mélangeant l’espagnol, l’italien et un peu de français c’est encore un échange d’amour que nous avons... Je vais me glisser dans mon lit... Un SMS vient d’arriver sur mon portable... Je vais m’endormir en rêvant tout éveillé... La vie est belle... ! |
Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage. [1] Traduction de "papa mosca" : attraper les mouches ! |
Cette page a déjà été visitée 2112 fois.
Pour être informé
par un court message dans votre boîte aux lettres de la mise en
ligne d'une prochaine aventure, inscrivez-vous à la liste de diffusion
: "Sur
les Routes de la Tradition" |
D'autres articles du site à consulter sur les thèmes
traités ici : |
Accueil - Alphabétiquement vôtre - Sur les Routes - Horizons Traditionnels - Champs du monde - Plan du site Copyright © 2002/2024 - Les Baladins de la Tradition |