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Le Camino del Ebro
Etape 20 : De Villafranca Monte de Orca par San Juan de Ortega à Atapuerca
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Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
Etape 20 : De Villafranca Monte de Orca par San Juan de Ortega à Atapuerca Camino del Ebre : 517 km déjà parcourus par El Peregrino |
Encore une nuit réparatrice et sereine... Ici c’est un petit village, au lever du jour, tout est fermé, impossible de trouver un bar. Avant de quitter le refuge, j’avale du chocolat au lait froid, un bout de fromage et une tranche de jambon... Il est 7h30 une lumière triste ouvre le jour. Il fait froid, je passe devant l’église Santiago du village pour trouver juste derrière les premières rampes du chemin qui me conduiront sur le mont Orca. Je suis heureux d’avoir des gants et même un genre de cagoule qui reste pour l’instant autour de mon cou, mais avec laquelle je peux couvrir ma tête si le besoin s’en fait sentir. Pour l’instant ma casquette fait son office et mon poncho me préserve de la pluie qui va m’accompagner toute la journée. J’ai enfilé évidemment des guêtres et toutes ces précautions font que je suis bien équipé contre la pluie et le froid. Maintenant même le vent d’ouest est du voyage et ce début de balade les muscles froids sur un Camino qui grimpe vers les 1200m n’est pas du plus confortable. Au Moyen Age, ces monts de Orca étaient redoutés par les pèlerins. Tout était réuni pour en faire le royaume des malfaiteurs : un terrain abrupt, un climat extrême, une solitude complète pendant une quinzaine de kilomètres avant d’atteindre le refuge de San Juan. Comme aujourd’hui peut-être, le chemin qui serpente au milieu d’une végétation épaisse était un lieu propice à toutes les attaques ! La pluie tombe en rafale et me vient de face. Je grimpe penché en avant, la casquette et la capuche du poncho préservent mes lunettes, pas toujours cependant et je suis obligé assez souvent de passer un doigt sur mes verres. Alors j’avance dans une sorte de brouillard trouble et mon environnement prend des formes un peu fantastiques. La terre et les arbres semblent respirer et exhaler ce brouillard qui rend totalement impossible une perspective au delà de quelques dizaines de mètres... Si je vous dis que cette situation est intéressante à vivre, vous n’allez pas me croire et pourtant c’est le cas... ! Loin de tout, j’ai vraiment l’impression de vivre une histoire éternelle et sans âge, comme si à mes côtés pouvait venir et apparaître un frère d’un autre temps, sans que ni lui ni moi soyons étonnés... Oui, j’aime ce mont Orca. Pendant un long moment, j’avance sur ce plateau sauvage sur lequel il n’y a aucun témoignage d’un travail de la terre par l’homme. C’est le domaine des résineux ou de petits arbres qui en disputent à une végétation sauvage... Enfin après une dizaine de kilomètres et après avoir laissé les restes du monastère hôpital de Valdefuentes, le chemin redescend un peu entre les arbres pour, sans prévenir, faire découvrir San Juan d’Ortega. Je ne veux pas faire étape dans cet albergue célèbre sur le Camino avec ses bâtiments témoignage de l’ancien monastère. Je le trouve froid, presque inhospitalier et beaucoup trop de pèlerins en font un passage obligatoire... Il n’y a pas de hameau, juste un bar qui est le bienvenu après le passage sur le mont Orca. L’endroit est toujours aussi exigu et je retrouve là quelques pèlerins aux visages maintenant connus. Le café-crème que je déguste avec quelques madeleines est un délice et je prends mon temps en observant autour de moi. Certains pèlerins sont équipés en dépit du bon sens et vraiment trempés de la tête aux pieds... Je présume que quelques-uns vont appeler un taxi pour atteindre Burgos distant d’environ 25 km... À chacun son Chemin comme à chacun son destin... ! Heureusement, il fait chaud dans ce bar. Sous le poncho l’humidité a imprégné tous mes sous-vêtements. Je crois bien que seuls mon pantalon et mes chaussettes sont restés au sec, tout le reste est à tordre... Avant de repartir j’enfile à nouveau ce poncho pour retrouver cette chaude humidité. Il me reste environ 10 km à faire pour atteindre ma destination Atapuerca. Demain je serai ainsi tout près de Burgos, cette grande ville que je pourrai traverser en flânant en espérant que le ciel sera un peu plus clément. Encore deux kilomètres sur une route goudronnée et j’arrive à Atapuerca. En voyant le refuge privé où je vais passer la nuit, je suis heureux d’avoir fait l’effort de venir ici... Il existe depuis deux ans, il est très bien équipé et pour sept euros je vais passer une très bonne nuit. De plus, juste en face, il y a un restaurant. Comme il est encore l’heure en Espagne où il est possible de déjeuner, à 15h30, après 24 km sous la pluie, je suis devant une soupe aux lentilles avec saucisses dont je me souviendrai longtemps... Encore un moment ordinaire magnifié par les circonstances du Chemin de Compostelle... Il est très rare pour moi d’être devant un repas à cette heure, mais j’en ai besoin. Mon corps souffre plus du froid que de la chaleur et aujourd’hui ce réconfort est le bienvenu. Ma soirée sera un peu solitaire, même si la bonne ambiance règne, je ne connais aucun des quelques pèlerins qui m’entourent. Mes choix pour faire étape me sont un peu personnels, mais j’ai aussi une certaine habitude du Camino... À travers la fenêtre du resto j’aperçois le couple rencontré à Villafranca qui passe sous la pluie. Dommage nos chemins ne se croiseront plus... Je discute un moment avec l’hospitalera du refuge. Nous parlons des pèlerins et de certaines attitudes curieuses des Espagnols. Sur le livre d’or de l’albergue elle demande le nom et la nationalité, les Basques et encore plus les Catalans, insistent pour que soit signifié catalans et surtout pas espagnols... Encore une confirmation d’un vrai problème pour l’Espagne qui ne semble pas s’atténuer bien au contraire... Une confirmation aussi : c’est le juste milieu qui donne la sérénité. Il est sûrement quelque part entre le jacobinisme et un régionalisme outrancier... Je termine ma journée dans la salle d’accueil du refuge, je bavarde avec vous. Le chauffage central a même été allumé, la température est descendue en dessous de 10°. Voilà, nous sommes deux pèlerins dans une chambre de quatre, tout va bien mon corps se fait oublier... Je suis bien au chaud dans mon duvet... Sur le Camino LUI dire merci vient tout naturellement... |
– Le visage au début de l’article provient du site : http://www.photo-libre.fr/gens_photo.htm
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