"La vie est une lumière devant le vent." Proverbe japonais
Lumière de Compostelle
lundi 11 décembre 2006
par El Peregrino
Pendant cinq semaines, il va y avoir des moments rares et difficiles, des douleurs, mais aussi des moments exaltants, des instants numineux. Il y a une fausse solitude sur le Camino pour celui qui écoute avec tous ses sens le coeur qui parle. C’est l’écho de SA présence en nous et de l’autre nous-même. Dans le quotidien, la vie profane est omniprésente, sur le Camino, c’est l’écho de soi-même qui est musique d’ambiance. Il y a de la solennité dans la nature qui m’entoure, oui quelque chose de primordial. Il m’arrive de rester immobile au milieu du chemin et de laisser errer mon regard à 360°. Curieusement je n’ai pas alors un sentiment de solitude, mais celui d’être un privilégié pour l’instantané que je vis. J’ai un "regard énorme" qui n’est que pour moi et tout mon être à une sensation de sérénité.
20ème étape : Villa franca Montes de Orca - San juan De Ortega - Atapuerca
Ici c’est un petit village. Au lever du jour tout est fermé impossible de trouver un bar. J’avale un chocolat froid avant de quitter le refuge.
Il est 7h30 une lumière triste ouvre le jour. Maintenant, à cette heure là, il fait encore nuit. Il y a aussi ce vent de face qui accentue la sensation de froid. Je passe devant l’église Santiago du village pour trouver juste derrière les premières rampes du chemin qui me conduiront sur le mont Orca. Je suis heureux d’avoir des gants et une cagoule. Le Camino grimpe vers les 1200 m, et je peine un peu.
Au moyen-âge, ces monts étaient redoutés par les pèlerins. Tout était réuni pour en faire le royaume des malfaiteurs : un terrain abrupt, un climat extrême, une solitude complète pendant une quinzaine de kilomètres avant d’atteindre le refuge de San Juan.
La pluie tombe en rafale et me vient de face. Je grimpe penché en avant dans la brume, et mon environnement prend des formes un peu fantastiques. La terre et les arbres semblent respirer et exhaler ce brouillard qui rend totalement impossible une perspective au delà de quelques dizaines de mètres... J’ai l’impression de vivre une histoire éternelle et sans âge, comme si à mes côtés pouvait venir et apparaître un frère d’un autre temps, sans que ni lui ni moi ne soyons étonnés...
Brusquement, la brume se dissipe et j’aperçois la croix qui orne le sommet.
– La photo de la statue de Saint Jacques provient du site : http://www.lamontjoie.com/ – La photo du lever du jour est de l’auteur.
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Bonjour, j’ai fait la partie Française de Compostelle en Septembre 2005...et je pense reprendre "le camillo" Espagnol..en Juin 2007...de St-Jean- Pied de Port à Santiaguo (et Finistére ) ...Il est "vrai" que sur ce chemin..j’ai eu beaucoup de méditation, des mots écrits dans les petites églises..sur ce chemin, nous ne sommes jamais "seuls", même, si nous décidons de partir "seul"..nous pouvons "avoir un aperçu de liberté", de sérénité ..en admirant les beautés de la nature ...et comme par enchantement ..les difficultés s’aplanissent en marchant : toujours plus loin ...toujours plus haut ...
Merci pour votre jolie photo ..que j’espére voir prochainement ..
Oui, Compostelle, c’est une grâce de pouvoir faire ce chemin ...nous avons tellement à apprendre.. que ce soit par la nature ..la chaleur humaine des gîtes ..."nous rapprocher du Divin"
Le chemin de Compostelle est une autre forme d’initiation, je vois bien que vous en avez déjà l’intuition...
Pour votre futur départ un petit conseil, si cela est possible, il serait préférable de commencer quelques jours avant le début juin.
Ceci pour éviter les départs souvent nombreux de début de mois.
J’ai eu le bonheur de faire quatre fois le Camino sur des parcours différents. Je suis à votre disposition si vous avez besoin d’un renseignement quelconque.
Cher Raphaél
Cette vie sur le Camino donne au marcheur des moments numineux et c’est tout notre être qui baigne dans des fulgurances incommunicables...
Je souhaite à tous d’en faire l’expérience...
El peregrino