Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
Etape 37 : De Arca à SANTIAGO DE COMPOSTELLA Camino del Ebro : 1023 km parcourus par El Peregrino |
Il est 5h30 à ma montre... ! J’ai déjà les yeux grands ouverts pour mon dernier jour de nomadisme... J’ai en moi le bonheur d’atteindre un but que je me suis fixé, mais j’ai aussi comme l’interruption provisoire d’un Amour, comme une vacance obligée que la raison prévoyait, mais que le cœur refuse... Le dortoir est silencieux, je suis assis sur mon lit, il n’y a personne dans le lit au-dessus de ma tête. Il fait un peu froid en sortant de mon duvet. Je récupère ma lampe frontale et comme tous les matins, je masse mes pieds avec cette pommade que j’utilise depuis de nombreuses années maintenant... Comme à plaisir, je m’attarde un peu. Maintenant, d’autres pèlerins qui ont le même objectif que moi se préparent aussi. J’efface la buée sur la vitre de la fenêtre, il fait nuit noire et il pleut... ! Toujours avec le seul éclairage de ma frontale, je me glisse hors du dortoir. Là, je peux allumer un plafonnier pour finir de me préparer sans réveiller personne. Nous ne sommes que trois ou quatre dans le salon et chacun peut ingurgiter quelque chose à manger avant de prendre la route. Sept heures, nuit noire et il pleut.... Qu’importe, les premiers kilomètres je les fais en marchant au bord de la route... Je triche un peu pour gagner presque 2 km et être certain d’arriver vers onze heures à Santiago. Cheminer sur la route est un peu dangereux et je fais attention quand des camions me croisent. À chaque passage, un courant d’air violent a tendance à me déstabiliser et le poncho accentue les effets... Heureusement, la pluie a cessé rapidement en sortant du village d’Arca. Je peux enfin me débarrasser du poncho, je n’ai pas eu le temps de trop transpirer dessous, mais je le garde avec précaution sous la main. Mon coupe-vent jaune canari est le bienvenu, même si par-dessus, j’ai enfilé un plastron en polaire noire, au moins les manches jaunes reflètent bien la lumière des phares... Je marche d’un bon pas, la pluie a cessé, j’arrive en bout de piste de l’aéroport de Compostelle, un avion passe à une centaine de mètres au-dessus de ma tête... « Labacolla » est aujourd’hui connue pour son aéroport et son nom vient de celui de la célèbre rivière. Aimeri Picaud, le prêtre poitevin en parle en latin dans ce premier « guide touristique » en 1130 : « C’est une rivière, appelée Labacolla parce qu’à un endroit touffu par lequel elle passe, à deux milles de Saint-Jacques, les pèlerins français qui se dirigeaient vers cette ville enlevaient leurs vêtements et, par amour pour l’Apôtre, ils se lavaient non seulement les parties (mentulas) mais aussi tout le reste du corps... » L’entrée de la ville est l’entrée d’une ville moderne de 88.000 habitants. Il ne reste alors au pèlerin qu’à suivre les panneaux « Ville historique ». Cette place est un livre d’histoire, à ma gauche l’Hostal de los Reyes Catholicos splendide hôpital pour les pèlerins fondé en 1492. À droite se trouve le Colegio San Jeronimo fondé par l’archevêque Alonso III Fonseca (1507-1523), c’est aujourd’hui le siège du rectorat de l’université. Derrière moi, l’imposante façade néoclassique du Palacio Rajoy édifié par l’illustre archevêque Bartolomé Rajoy y Losada (1751-1772). Devant moi évidemment la façade de l’Obradoiro, symbole de Santiago, qui depuis l’an 899 se transforma maintes fois pour devenir la basilique qu’elle est aujourd’hui...Depuis des siècles, des millions de pèlerins ont pleuré, chanté, prié, pour être à l’endroit même où je suis maintenant... Cette place me donne une sensation d’éternité, une sensation de temps sacré... Je reste là, je ne sais pas combien de temps... Je reviens à moi, il faut que j’aille demander mon dernier visa sur mon passeport de pèlerin avant la messe de midi. Je ressors du bureau d’accueil avec ma Compostella, un certificat en latin imprimé à l’ancienne et qui atteste de mon pèlerinage. Il sera le quatrième sur le mur de mon bureau... Il est midi, les cloches sonnent, elles annoncent la messe des pèlerins. Notre petit groupe ressort du bar pour se diriger vers la cathédrale et assister à l’office. Beaucoup de ceux qui sont encore sur la place convergent vers la basilique. Pour tenter d’éviter la foule, nous faisons le tour par le sud pour entrer par la Puerta de las Platerias. Cela s’avère inutile, l’édifice est comble. Nous arrivons cependant à nous glisser assez près du maître-autel et j’ai même le privilège de me voir proposer une place assise juste à l’aplomb du trajet effectué par le « Botafumeiro ». C’est une dame qui impose à toute une travée de se serrer pour faire place au pèlerin... Celle-ci est fixée à la voûte à un endroit très particulier... ! Au point précis de cette fixation vous pouvez deviner un œil dans un triangle... ! ! ! Mon appareil souffre encore et les photos d’aujourd’hui ne sont pas fameuses, mais elles vous donneront une petite idée d’un cérémonial spectaculaire qui est le même depuis des siècles... Nous ressortons tous les quatre de la basilique avec un soleil radieux. Finalement, ce soleil aura été présent pour le dernier jour à chacun de mes pèlerinages à Compostelle, j’aurais eu cette chance... Je m’éloigne avec mon Frère Luis. Il est 14h, nous allons retrouver Manuel son ami non je dirais notre ami... ! Chaque fois que je passe à Santiago nous nous retrouvons tous les trois autour d’une table pour déjeuner et jusqu’à demain, il me sera impossible de participer financièrement... Mon pèlerinage est terminé. Ce soir je suis reçu chez Luis par sa charmante épouse, demain le camino me manquera déjà... |
Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage. |
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