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Ecrire au tableau ou... la conscience de la marmotte
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Ecrire au tableau ou... la conscience de la marmotte
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Ces "minuscules vécus pédagogiques" n’ont d’autres but que d’essayer de mettre par écrit quelques sensations, ressentis et pratiques liés au métier d’enseignant tel que je le vis depuis plus de 25 ans à l’école primaire. "L’expérience ne peut se transmettre", dit-on souvent. C’est certain mais je gage que le partage est possible... et ces lieux y invitent... Celui qui a déjà randonné en haute montagne l’été. Celui qui connaît les départs dans la nuit pour attaquer le sentier un peu avant l’aube et monter d’un pas lent et régulier une pente à fort dénivelé. Celui qui sait ce silence nécessaire à la sauvegarde du souffle et l’attention particulière qu’il permet de développer. Celui qui un jour - tout en avançant pour la trois cent quatre-vingt-dix-huit millième fois un pied devant l’autre sous le soleil qui monte et fait peser le sac à dos - celui qui a ressenti l’étrange impression d’être observé, qui a tourné les yeux machinalement et croisé au loin... le regard d’une marmotte.... celui-là, revenu dans sa classe, peut, sans se sentir en danger, tourner le dos à ses élèves et commencer à apprendre à écrire sereinement au tableau... Les années passsant, il sait être parfaitement concentré sur ce qu’il écrit, et il l’est aussi, bien sûr, sur les techniques qu’il connaît pour "bien" l’écrire, tout comme il se projette dans le très proche avenir de la leçon en cours afin de choisir "où" l’écrire parce qu’il sait que tout à l’heure il aura besoin d’un peu de place ici... non, là : ce sera mieux. Parfaitement concentré face au tableau, il apprend à balayer mentalement la classe d’une onde de conscience et percevoir dans son dos les moindres bruits, et les voix... Peu à peu, il sait jauger le degré d’attention ambiant. Si celui-ci est élevé, il prend le temps de s’en nourrir durant quelques secondes... précieuses... puis s’en sert comme d’un tremplin pour reprendre la parole du regard sur le ton exact qui produira exactement l’effet recherché. S’il sent que l’attention se disperse, il se met alors à commenter ce qu’il écrit d’une voix tranquille, à agrémenter la scène de quelques remarques, voire à interpeller avec humour l’un ou l’autre qu’il a reconnu - sans se retourner ! "Le maître a des yeux derrière la tête !" disaient autrefois les élèves avec une admiration mêlée de crainte. L’extrême tension ne sied pas à un tel exercice. La peur du "chahut" ne fait que générer l’agitation. La notion de défi permanent, presque de guerilla, entre le maître et ses élèves, ne peut engendrer les conditions nécessaires permettant l’utilisation positive des capacités de toutes les personnes en présence. Il est bon que le maître apprenne à donner l’exemple de la confiance pour que la confiance grandisse entre les murs de sa classe. Non pas une confiance aveugle et naïve. Mais une confiance large et lumineuse comme les paysages de montagne l’été... où l’on croise parfois le regard d’une marmotte. Développer chaque jour, dans la classe, ses capacités de concentration en de multiples occasions. Elargir sa conscience dans l’espace, l’exercer tout particulièrement lorsque l’on a "le dos tourné", l’étendre et l’affiner jusqu’à percevoir au-delà des simples apparences...
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