Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
Etape 36 : De Melide par Arzua à Arca Camino del Ebro : 1003 km déjà parcourus par El Peregrino |
Une journée de pluie sans interruption... ! L’étape est assez longue, je démarre vers 8h après un petit-déjeuner consistant au restaurant d’en face... Ce petit plaisir n’est pas de trop, le temps est exécrable, mon appareil photo ne supporte plus l’humidité, il fonctionne quand il veut. À mon retour il lui faudra plusieurs jours pour que je puisse en retrouver un usage normal... ! Je marche sans me presser, comme si je voulais profiter de chaque pas. Il pleut vraiment beaucoup et le vent s’invite pour jouer avec mon poncho... ! Quand je pense que pour mon premier voyage en l’an 2000, il n’est jamais sorti de mon sac pendant 28 jours, je rêve un peu... Avec ce mauvais temps, j’aurais pu faire une étape plus brève aujourd’hui, mais je veux m’approcher au plus court de Santiago pour demain. Il me restera 20 km à faire et je pourrai ainsi arriver devant la cathédrale avant midi. Impératif si je veux faire viser mon passeport opportunément avant d’assister à la messe des pèlerins de midi. Impossible de m’arrêter pour prendre une photo et vous donner un aperçu du temps dégoulinant et sombre... J’aurais tout eu pour ce voyage en commençant avec 40° à l’ombre pour terminer avec la tempête... ! Je viens de m’asseoir sur un rocher au bord du chemin. La situation me fait rire, il tombe des seaux d’eau et je suis assis là à écouter le tambourinement des gouttes sur ma capuche. Je suis une nouvelle fois acteur et spectateur à la fois... Le spectateur lui ne sait pas pourquoi cet homme portant barbe blanche se donne à vivre de tels moments, mais l’acteur lui il sait... ! Je suis mouillé des pieds à la tête, mais sans avoir froid... Toujours le poncho qui me préserve de la pluie froide et du vent et dessous, cette humidité chaude qu’il faut préserver dans la journée... Les pèlerins se bousculent un peu dans ce refuge, mais je trouve encore facilement un lit. Il est curieux parfois de trouver du monde dans les auberges et bien moins sur le chemin... Curieusement cette dernière soirée dans un albergue sera un peu solitaire, je retrouve heureusement Nicolas, mais il y a beaucoup de têtes nouvelles. J’aurais aimé retrouver Michel ou mes deux compères espagnols... Il pleut encore tellement que nous n’irons même pas au restaurant pourtant à quelques centaines de mètres du refuge. Il y a une épicerie juste à côté et il faut même remettre le poncho pour y faire un saut. Heureusement il y a de tout dans la boutique et ce petit marché que j’y fais sera bien suffisant pour ce soir. J’en profite pour m’acheter quatre yaourts dont je suis friand et pour en manger deux immédiatement... J’ai maigri un peu trop, je faisais 66/67 kg en partant, je serai à 61 kg sur une bascule à Santiago... Je suis maintenant convaincu que mon corps souffre plus du froid que de la grosse chaleur. Il aurait fallu que je m’alimente un peu mieux dans la dernière moitié de mon voyage, mais je reconnais aussi que ma « tourista » sur deux jours a puisé sur mes réserves... Je suis installé dans la grande salle de séjour du refuge, nous sommes nombreux pour la dînette du soir. Chacun a tendance à partager ce qu’il a devant lui, quelques tranches de jambons ou de rôti froid. D’autres se sont lancés à faire un peu de cuisine et ils sont courtisés... Reste que ce sont surtout les bouteilles de vin qui vont d’un groupe à l’autre. Il est 9h quand je me couche. Dans le salon l’ambiance semble monter d’un cran et mes boules Quies ne sont pas de trop... J’entends des chants et des rires, le « vino tinto » produit son effet... Au matin, un pèlerin un peu acariâtre, se plaint de la fête d’hier soir, je me détourne pour sourire dans ma barbe... C’étaient des jeunes d’une vingtaine d’années et les savoir sur le Camino me fait chaud au cœur pour eux. Mon Dieu, si à leur âge j’avais découvert une telle aventure que serais-je devenu... ? C’est ma dernière nuit pour cette année dans un albergue... Je bascule un peu ému dans mon monde de silence. Dans 15 jours, dans un mois et encore plus dans un an, ne resteront que les moments lumineux. Je suis déjà un peu triste... Demain la journée sera très dure... ! Pour le cœur... ! |
– Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage. |
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