Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
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Etape 22 : De Tardajo par Hontanas à Castrojeriz Camino del Ebro : 578 km déjà parcourus par El Peregrino |
Il est 6h30 et je suis déjà occupé à masser un peu mes pieds à la lumière de ma lampe frontale. Ecouter son corps et lui laisser adopter une vie plus naturelle est normal sur le Camino. À mon retour, cette animalité retrouvée reste longtemps dans le quotidien... Le corps a une mémoire j’en suis persuadé et quand il vit bien l’esprit devient plus lucide... Il fait nuit quand je quitte l’albergue. Pour une fois je suis ravi d’avoir un dénivelé à franchir juste au début de l’étape. Pendant cette petite grimpette matinale le jour se lève et j’arrive sur la hauteur pour voir le soleil se lever. Je ne pense même pas à mes petites douleurs musculaires à froid. Le spectacle est grandiose... Je reste un long moment au sommet à observer la brume sur le village en bas et les nuages qui jouent avec les couleurs du soleil. Le beau est une source d’émotion incontrôlable, quelque chose semble gonfler dans la poitrine et devient palpitation pour se libérer par une inspiration et un souffle violent... Alors le corps s’apaise et une formidable sérénité me donne envie d’Aimer le monde entier... ! Je marche depuis deux heures, il faut que je remette mon blouson coupe vent, il fait un peu froid. Le soleil a perdu provisoirement son combat avec les nuages, une fraîcheur humide est revenue, mais cela ne va pas durer. Passé Hornillos Del camino le soleil d’Espagne sur fond bleu est revenu. Il sera le bienvenu sur le plateau désertique qui m’attend maintenant pour les 10 km environ qui me séparent d’Hontanas. Encore un endroit que j’aime, une succession de champs à céréales, pas un arbre, sinon un chêne ici ou là qui semble avoir été oublié. Le paysage est rude, plat, uniforme, mais après le grand spectacle du matin le chemin devient un reflet de la vie... Il y a à vivre plus d’ordinaire que de merveilleux : « On ne vit que pour un instant le reste du temps on attend... ! » Toujours cette succession de champs à céréales sur une terre très caillouteuse qui semble bien difficile à travailler. Ici après le blé vient l’orge et de temps en temps, pour la rotation des semences, une légumineuse à petit rendement. Les labours ne peuvent pas se faire en profondeur sur ce plateau. Je viens de voir passer un tracteur sur le chemin, l’agriculteur a attelé une curieuse charrue à six socs miniatures qui donnent à penser à un jouet... Cent mètres avant d’arriver à Hontanas impossible de voir le clocher du village... ! Le hameau est caché dans un vallon semblant marquer la fin de ce plateau spectaculaire par sa sobriété... La rue unique et principale compte 67 habitants et les pèlerins de passage lui donnent une activité qui contraste. Deux refuges pour les recevoir et un bar où je vais déguster un café crème avec toast beurre et confiture, un moment royal... ! Il est 12h30 trop tôt pour rester à Hontanas. Dommage il y a un refuge très confortable avec même une possibilité de feu de cheminée. Au loin j’aperçois Castrojeriz, l’œil est trompeur, il faut encore marcher presque deux heures pour arriver au village. Je laisse à ma droite la collégiale de Santa Maria Del Manzano un monastère Bénédictin et le premier objectif c’est de chercher un endroit pour passer la nuit. Juste en face de l’église de San Juan je découvre un refuge privé qui semble un peu rustique, mais l’hospitalero qui m’accueille est sympa. Pour 6 euros j’ai un petit lit et, bonne chose, personne ne dormira au-dessus de moi. Les ronflements ne me gênent pas, mais dans la nuit, avoir quelqu’un au-dessus qui bouge est désagréable... Je retrouve quelques visages connus, des Allemands, des Espagnols, mais aussi des Français et les discussions sont joyeuses. Il fait soleil, déambuler dans les rues sans la mochila est un bonheur. Un banc en pleine luminosité, un pèlerin qui veut bavarder, le farniente qui s’installe et c’est presque le nirvana... Je me fais violence pour faire quelques courses à une épicerie proche ou de petits achats pour demain font penser à une dînette : deux tranches de jambon, du fromage, des petites biscottes et deux yaourts pour la gourmandise à manger tout de suite... Je suis revenu au refuge pour récupérer une cuillère et déguster ma friandise. Je suis assis contre le mur de l’église chauffé par le soleil et je suis divinement bien... ! La vie est belle, toujours des petites douleurs le matin qui disparaissent très vite et des étapes de plus de trente kilomètres qui se font sans trop d’efforts... |
– Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage.
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