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Jean-Pierre Bayard
Jean-Pierre Bayard parle de la Franc-Maçonnerie et de l’Eglise
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Jean-Pierre Bayard parle de la Franc-Maçonnerie et de l’Eglise
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Arkghan : Nous avons mené une investigation sur l’histoire de la Franc-Maçonnerie, mais pouvons-nous faire une comparaison entre la Franc-Maçonnerie d’aujourd’hui avec ce qu’apportent les Obédiences, par rapport à la Franc-Maçonnerie d’il y a 30 ans ou celle du début du XXe siècle en 1905 au moment de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Jean-Pierre Bayard : Pour ma part je pense que la Franc-Maçonnerie devient de plus en plus spirituelle. Arkghan : Avant de revenir encore sur l’histoire, pourquoi dites-vous que la Franc-Maçonnerie aujourd’hui est de plus en plus spirituelle ? Jean-Pierre Bayard : Je ferais la distinction entre Franc-Maçonnerie actuelle européenne et Franc-Maçonnerie américaine. Cette dernière à mon sens perd considérablement de sa valeur. Arkghan : Pourquoi cela ? Jean-Pierre Bayard : A mon sens parce qu’ils ne s’occupent plus véritablement des rituels maçonniques. On achète les initiations, à des prix très élevés, il y a des barèmes que j’indique. Les initiations se font dans la journée et surtout, tout l’enseignement disparaît. La Franc-Maçonnerie européenne au contraire accède de plus en plus à la spiritualité et respecte les longs délais pour acquérir les divers degrés. Il est demandé des travaux, de plus en plus d’efforts et on ne peut acheter une charge. Chaque degré se mérite. On respecte beaucoup les rituels aux différents grades. Par rapport au XIXe siècle, la Maçonnerie devient moins axée sur le politique alors qu’au XIXe siècle, on cherchait le concours d’hommes renommés. La Franc-Maçonnerie actuelle s’oriente davantage sur la recherche spirituelle et initiatique... Arkghan : Si je comprends bien, au XIXe siècle, la Franc-Maçonnerie avait encore à prendre ses marques vis-à-vis des Eglises catholiques et protestantes et aujourd’hui elle approfondit sa démarche initiatique propre. Pour autant, ses rapports avec l’Eglise romaine par exemple ne semblent pas encore tout à fait stabilisés. Est-ce qu’elle se perçoit encore comme un contre-pouvoir moral et social ? Est-ce que les relations sont pacifiées ? Jean-Pierre Bayard : Non pas totalement. L’Eglise reste quand même assez fermée, elle n’accepte guère la Maçonnerie. On peut dire qu’à partir de Jean XXIII, il y a eu un rapprochement idéologique qui cependant est toujours en cours. Il y a toujours eu des essais de rapprochements. La Franc-Maçonnerie ne se veut rivale d’aucune religion et recommande à ses membres de pratiquer la religion de leur choix mais elle impose la tolérance à tous. Arkghan : Saint Yves d’Alveydre, dans la Tradition Martiniste avait écrit au souverain Pontife mais on peut bien se demander ce qui peut atteindre le Vatican. Cette absence de dialogue risque de pousser les Maçons et autres écoles à un sentiment antireligieux. Est-ce le cas ? Jean-Pierre Bayard : En général, la Franc-Maçonnerie n’est pas antireligieuse. Mais certains groupes en Belgique sont plus soucieux d’une séparation. C’est ce que j’ai pu voir en faisant des conférences à Bruxelles dans un groupe Maçonnique. Ils se sont mis à chanter « Ah bas la calotte ! » Je crois que c’était plus un amusement qu’une réalité... Actuellement, le Grand Orient est plutôt opposé à l’Eglise, la Grande Loge de France reste déiste, et la Grande Loge Nationale de France se rallie à la Grande Loge unie d’Angleterre qui a décrété, il y a une quinzaine d’années qu’il fallait croire en Dieu et en l’immortalité de l’âme. La Franc-Maçonnerie reste indépendante de toutes croyances et parmi ses membres elle compte de nombreux pasteurs, des orthodoxes, des musulmans... Arkghan : Avez-vous des exemples personnels de rapprochements à la base puisque nous observons qu’officiellement à la tête de l’Eglise, les positions restent inconciliables ? Jean-Pierre Bayard : Je peux vous dire que j’avais un ami prêtre français qui était sorti du Grand séminaire de Rome. Suite à Vatican II, il avait commencé à faire des notes d’information sur la Franc-Maçonnerie pour préparer le concile. Il a trouvé mes ouvrages et il est venu me voir lorsque j’habitais à Maisons-Laffitte. Il a voulu me rencontrer et nous sommes devenus très amis. C’était un homme jeune, un prêtre comprenant la recherche maçonnique. Il était tellement instruit en Maçonnerie que je l’ai fait participer à nos agapes... je ne l’ai quand même pas fait entrer en Loge. Nous avions une grande maison à Maisons-Laffitte avec une Loge, il a partagé nos moments de détente pouvant librement parler aux Maçons, les questionner. Arkghan : Et vous ne l’avez pas fait entrer en Maçonnerie ? Jean-Pierre Bayard : Ecoutez la suite. Je l’ai rencontré un jour par hasard à Paris près de la Bibliothèque Nationale où il y a une résidence pour les prêtres de passage. Et il m’a dit : « Tu sais, cette fois-ci tu peux me dire « mon frère ». J’ai demandé l’autorisation à Rome, et je suis entré en Maçonnerie. » Arkghan : Alors il a eu l’autorisation ! Jean-Pierre Bayard : Il désirait me suivre et voulait entrer à la Grande Loge de France à Rome, ils lui ont recommandé la Grande Loge Nationale de France. Arkghan : Est-ce un cas isolé ? Jean-Pierre Bayard : Non, il y a eu plusieurs cas que je connais, un en Belgique, et 5 ou 6 autres cas de prêtres qui sont devenus Maçons avec l’autorisation de l’Eglise catholique romaine. Il y a peut-être d’autres cas. Je répète que des prêtres d’autres mouvements religieux appartiennent à la Maçonnerie qui a aussi quelques soufis. Arkghan : Et au niveau de la hiérarchie de l’Eglise, que savez-vous ou que voulez-vous bien dire ? Jean-Pierre Bayard : Jean XXIII avait une grande ouverture d’esprit. Il avait connu un mouvement Maçonnique. Il était au mieux avec des Maçons que je connaissais très bien et dont il connaissait l’appartenance. Arkghan : Jean XXIII passe dans les milieux ésotériques pour un grand pape initié. On parle même des prophéties de Jean XXIII. En tout cas, la révolution de Vatican II n’est pas mise en application entièrement car elle va jusqu’au bout de ce que l’Eglise peut faire en terme d’ouverture à l’œuvre du Saint Esprit dans l’âme de chaque être humain, un peu comme des Quakers. Mais que pensez-vous des autres papes qui suivent ? Jean-Pierre Bayard : La situation avec les derniers papes est différente. Cette ouverture s’est continuée avec Paul VI. Jean-Paul II a été beaucoup moins conciliant malgré ses appels à l’ouverture. Arkghan : Il a peut être fait un peu de théâtre mais c’était sa vocation, sa passion de jeunesse, le théâtre et il a joué un grand rôle sur la scène du monde. Jean-Pierre Bayard : Le pape actuel semblerait plus opposé à la Maçonnerie. Arkghan : Il a été à la tête de la congrégation de la doctrine de la foi, je ne sais plus le terme exact de cet organisme et cela ne lui donne pas l’image d’un homme d’ouverture, certes. A moins qu’il ne cache son jeu car c’est tout de même le cardinal Ratzinger qui a levé l’imprimatur interdisant la publication de livres sur la grande sainte charismatique Yvonne Aimée de Jésus depuis 50 ans. Et ça c’est une décision lumineuse. Jean-Pierre Bayard : La Congrégation de la doctrine de la Foi avait effectivement prononcé des restrictions envers la Maçonnerie, mais je suis imparfaitement renseigné sur ces institutions, ne voulant que participer à la plus grande tolérance, chaque être étant libre de ses opinions. Arkghan :Donc si on prend les structures et les institutions de l’Eglise, il n’y a guère d’évolution mais au niveau des hommes... tout peut arriver ? Jean-Pierre Bayard : D’une manière générale, il y a un peu plus de compréhension et de largesse d’esprit envers la Maçonnerie. L’Eglise elle-même a évolué et essaie de s’ouvrir aux autres religions, d’autant qu’avec son influence qui diminue, elle est obligée de s’ouvir un peu plus aux autres courants. Arkghan : Si on prend le symbolisme de l’Eglise de Jean et de celle de Pierre, ne sont-elles pas destinées à se rejoindre au temps parousiaques ? Jean-Pierre Bayard : Toutes les sociétés initiatiques se recommandent de Jean. Aussi bien de Jean le Baptiste que de Jean l’Evangéliste. D’ailleurs dans la Franc-Maçonnerie, nous fêtons les deux solstices des deux Saint Jean qui sont pour nous des personnages fort semblables, l’un en hiver et l’autre en été. Dans le déroulement du temps, quand le Baptiste meurt, apparaît l’Evangéliste. Pierre est certainement moins ésotérique. L’ésotérisme est quand même présent dans l’Eglise catholique. Jésus parle en paraboles et ces symboles permettent l’interprétation ésotérique des textes canoniques. Arkghan : On sait qu’il y a eu des grands dignitaires de l’Eglise qui ont pratiqué l’alchimie, ce n’était pas interdit. Jean-Pierre Bayard : Effectivement, ce n’était pas interdit, je pense en particulier à Gerber d’Aurillac devenu pape sous le nom de Sylvestre II, un très grand esprit. Arkghan : C’est vrai et cet héritage aujourd’hui, ce sont des sociétés initiatiques qui peuvent s’y intéresser alors que l’ésotérisme propre à l’Eglise de Pierre demeure ignoré. |
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