Doctrine et œuvres de Maître Eckhart
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Pour consulter le début de cette étude sur Maître Eckhart... Ces derniers événements auront une incidence fâcheuse sur le devenir posthume des écrits du Maître. La répression frappe non seulement le papier, mais aussi les humains en possession des œuvres. Et c’est une somme d’écrits inexacts souvent maquillés lors de transcriptions, polluée de textes interpolés que les chercheurs exhumèrent dès 1886. A partir de la bulle papale, on put rétablir un certain nombre de textes et en découvrir d’autres qui avaient été attribués aux successeurs du Maître comme par exemple Jean Tauler. Mais le style très particulier d’Eckhart, ainsi que ses sujets originaux, furent une aide précieuse pour les savants. C’est en effet la particulière probité intellectuelle dont il fit preuve dans la formulation inédite des attendus spéculatifs de sa propre expérience mystique qui attestent le mieux de la paternité du Maître. Aujourd’hui, nous sommes en possession d’un corpus qui peut se diviser grossièrement en deux : d’une part une œuvre dite savante, des traités rédigés en latin et destinés à l’enseignement de la théologie. De l’autre, une œuvre dite de circonstances, regroupant des sermons en bas allemand, ceux qu’il prêchait dans les couvents de moniales ou dans les béguinages. Ces dernières œuvres ont sans doute été mises par écrit par les auditeurs eux-mêmes, afin de prolonger un peu les leçons du Maître de vie. Ce double aspect de l’œuvre d’Eckhart ne contient aucune opposition car s’ils sont différents de nature, les deux côtés de ce diptyque sont complémentaires par le contenu et identiques par les idées développées. Dans son ensemble, l’œuvre de Maître Eckhart est magistrale car elle procède d’un homme dont l’autorité et la compétence sont reconnues par l’institution dominante de son époque. Mais à l’Université comme dans les couvents, le Maître se situe en chaire et si les textes sont écrits pour être dits, ce qui leur confère une puissance et un agrément assez particuliers, ils sont un peu teintés de la pompe que confère le rituel soit scolaire soit liturgique. Ceci sera peu perceptible par le lecteur moderne non averti et encore moins au travers des traductions. Toute l’œuvre de Maître Eckhart est une parfaite osmose entre la plus haute philosophie spéculative et l’expérience mystique, entre le plus haut et le plus élaboré des systèmes de pensée et la pratique vécue du cœur à cœur avec le Sans Nom dans le silence intérieur le plus profond. Pour illustrer cela je vous proposerai deux exemples :
La partie allemande de l’œuvre de Maître Eckhart est sans doute celle où la parole se fait plus inventive. Il tire de ses propres contradictions une dynamique et en fait émerger une cohérence véritable. Mais le charme indiscutable de ses sermons, c’est qu’ils sont vifs, alertes et recèlent un levain puissant pour la méditation. La profondeur des concepts nouveaux exposés naissent du choc des paradoxes et des images. Maître Eckhart possède au plus haut point la faculté de l’intensification du trait et du balancement dialectique de la phrase. Il pousse au paroxysme les difficultés naturelles d’exposition des concepts métaphysiques qui aboutissent naturellement dans le silence d’un indicible qui en devient de fait, presque tangible. Mais jamais, contrairement aux autres mystiques, Maître Eckhart ne fait état de ses satisfactions spirituelles. Cette pudeur le rend peut-être plus intensément incitatif. |
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