Accueil Sur les routes Espagne Le Camino del Ebro Etape 17 : De Navarrete par Najea à Azofra
Pèlerinage à Compostelle par le Camino del Ebro

Etape 17 : De Navarrete par Najea à Azofra
Camino del Ebro : 443 km déjà parcourus

par El Peregrino


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Jeudi 21 septembre 2006
Etape de 20 km

J’ai passé une très bonne nuit. Il est six heures.

La soirée d’hier est vraiment un exemple caractéristique du Camino. Il s’est créé entre Jacques, Gisela et moi une fraternelle amitié. En quelques heures nous avons connu beaucoup des uns et des autres. Jacques est un baroudeur, il transporte une mochila de trente kg avec tente et réchaud, s’arrêtant ici ou là sur un coup de cœur. Il lui suffit semble-t-il, que le paysage soit beau... ! Il était surveillant de montée mécanique à Val d’Isère et travaillait 5 mois par an, cela lui laissait le temps de beaucoup voyager. Giséla est plus secrète. Institutrice à Berlin elle a donné sa démission « pour vivre autre chose »... Petite femme sans âge elle est toujours souriante.

En partant ce matin, petite émotion traduite par des gestes d’amitié, mais c’est un au revoir qui ressemble à des adieux nous le savons tous les trois... Le chemin est une image de la vie, il alterne en réduction les moments de solitude, de joie, de fraternité, d’Amour même, pour retrouver la solitude, l’accepter et dire merci à la vie...

Superbe rencontre...

Après un petit déjeuner copieux, je suis dans la rue quand l’aube qui apparaît rassure le pèlerin. A la sortie de Navarrete il y a le cimetière. Je retrouve le portail de l’hôpital de San Juan de Acre qui a été transporté ici. Sur un mur de la petite chapelle qui borde le chemin, il y a une inscription et une sculpture qui évoque la mémoire d’Alice Craemer. C’est une pèlerine belge décédée ici dans un accident. En 2000 j’avais par hasard croisé son époux... Il faisait une dernière fois le Camino avec sa nouvelle compagne...

Nous sommes dans la Rioja et le camino se faufile maintenant entre les vignes. Attention aux excès, le raisin est vraiment bon... Ce matin encore le journal annonce la tempête venant de l’ouest et nous n’en connaîtrons heureusement que la traîne... C’est dans la soirée qu’il pleuvra beaucoup.

C’est une étape assez courte de 20 km et je prends tout mon temps pour traverser Najera. Le nom de Najera, en arabe « Lieu entre les rochers » révèle l’origine et le caractère de cette ville reconquise en 923... Elle regorge de signes historiques et une fois de plus je regrette de ne pas faire du tourisme. Il faudra bien un jour, à l’occasion d’un voyage en voiture, que je revienne dans ces villes qui bordent le chemin et qui sont de véritables livres d’histoire. La curiosité intellectuelle du pèlerin est occasionnelle, elle laisse place à autre chose, même si le beau est un facteur très important pour baigner dans la spiritualité... Vous trouverez dans l’histoire de Najera la légende et l’origine du premier ordre de la chevalerie hispanique : « L’ordre de la terrasse »...

Le nouveau refuge d’Azofra

J’arrive tranquillement à Azofra, c’est un village qui me fait chaud au cœur, à chacun de mes passages ici il se greffe un bon souvenir... J’ai toujours cette image de mon voyage en 2000 et du dîner dans un restaurant sur la place : « Le Peregrino ». Nous étions une quinzaine autour d’une seule table pour neuf nations différentes... ! Fabuleux souvenir de fraternité...

Je suis dans un nouvel albergue que je ne connaissais pas. Il est à la disposition des pèlerins depuis 2004 et son agencement est super. Il y a une soixantaine de lits très confortables par petites chambres de deux personnes, mais le sanitaire est un peu trop restreint. Ce n’est pas grave, demain matin il faudra être un peu patient... !

Le refuge ne sera pas plein aujourd’hui et c’est préférable. Des Français, des Allemands, des Italiens, des Hollandais, beaucoup de Canadiens mais aussi des Espagnols évidemment, mais pas les plus nombreux. Il y a aussi des petites Coréennes particulièrement discrètes. Je les ai rencontrées sur le camino, elles marchent à petits pas très rapides. La discrétion qu’elles témoignent semble être de la timidité, mais je crois surtout que c’est un reflet de leur éducation. Il suffit de s’adresser à elles pour recevoir un sourire avenant et quand le dialogue n’est pas freiné par la barrière de la langue elles participent très vite à la bonne ambiance.

Le sourire des coréennes

Nous sommes quelques-uns uns autour d’une grande table. Des mochilas arrivent par un taxi... ! Le sujet est brûlant. J’exprime un avis sur ces « pèlerins » qui font suivre leur sac d’une ville à l’autre pour des raisons sûrement justifiées, mais je désapprouve cette formule... Le Chemin de Compostelle est une tradition millénaire qui a ses règles, respectons en au moins les bases, même si la société a changé... Oui la tradition ne doit pas être sclérosante, mais elle ne peut être galvaudée pour satisfaire le plus grand nombre et des questions commerciales... Trop d’incongruités sont maintenant tolérées sur le camino, la multitude est toujours un risque... Sans préjuger de leurs qualités, les Francs-Maçons savent que tous les hommes ne sont pas prêts à être initiés. Pareil sur le Camino et la simple peur d’une douleur physique sur les chemins est même un empêchement pour certains... !

Je ne demande pas de l’élitisme intellectuel ou physique, mais simplement un peu de rigueur... Curieux quand je m’entends parler de règles moi qui ai traversé mai 68... Faut-il la grande maturité pour vouloir la règle et la rigueur source de tolérance quand l’équité s’en mêle. L’Espagne ne doit pas oublier que le Camino a eu une longue période d’oubli et qu’une désaffection peut toujours se reproduire...

Les restes de la tempête venant de l’ouest se fait sentir sur Azofra, heureusement le restaurant n’est pas loin...

Il est 22h, demain je vous parlerai de mon repas avec un Barcelonais... La nuit va être bonne dans cette petite chambre, mon voisin est jeune, il y a des chances pour qu’il ne ronfle pas...

Mon portable vient de recevoir un SMS, je suis bien et serein, mais certains soirs ceux que j’aime me manquent ...
Merci à LUI.

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