"Puis avec l’intelligence qui est la sienne, Hermès [...] tendit sur la carapace de tortue SEPT cordes harmonieuses en boyau de brebis." (Homère, Hymne à Hermès, I, 25-53)


Sainte Cécile
lundi 22 novembre 2004

par Anne Delépi


Le prénom Cécile (Célia, Céline) peut être rapproché de Caeculus, fils de Vulcain, né des étincelles qui ont ensemencé le ventre de sa mère et ainsi nommé parce qu’il avait des yeux très petits. Certains le rapprochent de la déesse romaine aveugle Bona Dea Restituta (caecitas : aveugle en latin).

La légende de Sainte Cécile, fait de cette jeune femme romaine du 3ème siècle une vierge et martyre de sa foi chrétienne, toujours accompagnée et protégée d’un ange. Condamnée, elle est décapitée et reçoit 3 coups de hache ne provoquant pas la mort. Celle-ci vient après 3 jours pendant lesquelles elle ne cesse de chanter les louanges de Dieu. Ces 3 jours de louanges inspireront les chrétiens qui feront d’elle la patronne des musiciens.

Dans les distractions, le bruit et la souffrance du monde, Sainte Cécile semble nous inviter à tourner notre regard au-dedans de nous. Abandonnant consciemment toute représentation, tout questionnement sur l’origine même de notre douleur, tout sens ; alors aveugle au monde extérieur et déjà décapité, il nous faut encore accepter une troisième décapitation pour pouvoir accueillir et laisser monter du plus profond de notre souffrance même, cette musique de l’âme qui déjà chante l’émerveillement de ce qui est à venir.

Laisser ce jour et les jours qui viennent exprimer cet encore mystérieux chant de louange, n’est-ce pas créer en nous l’espace pour l’accueil et la mise en harmonie vibratoire pour que le moment venu soit aussi celui de notre Epiphanie.

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Anne Delépi

L’illustration "Sainte Cécile et l’ange" provient du Bréviaire de Martin d’Aragon (Espagne, Catalogne 15e siècle) exposé sur le site de la BNF.


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> Sainte Cécile
30 novembre 2004

Cette page me fait penser à un poème de René Char dont le chant est justement cette saisie de la souffrance dénuée de tout sens par delà son origine, démarche antipsychanalytique s’il en est mais ô combien féconde pour la croissance de l’être :

Allégence

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va
dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peu lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima ?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L’espace
qu’il parcourt est ma fidélité. Il dessine l’espoir et léger l’éconduit.
Il est prépondérant sans qu’il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand
méridien où s’inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe
où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus qui au juste l’aima
et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas ?"

Merci pour cette belle évocation de la sainte. Le 3ème siècle....une sacrée époque !

Père Nicolas Ambroise


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