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Pèlerinage à Compostelle par le Camino del Ebro

Etape 28 : De Léon par Villadangos Del Paramo à Hostpital de Orbigo
Camino del Ebro : 750 km déjà parcourus

par El Peregrino


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Lundi 2 octobre 2006
Etape de 34 km

Je suis attablé avec Michel dans un bar très confortable juste dans le prolongement du fameux pont d’Hospital de Orbigo. Nous sommes plongés dans l’écriture après avoir essayé de trouver le meilleur angle pour prendre une photo de ce pont spectaculaire.

J’arrive par le pont à Hospital de Orbigo

La nuit a été bonne dans ce grand refuge de Léon vraiment bien aménagé. Pourtant j’ai eu une curieuse alerte. Une vive douleur du nerf sciatique m’a inquiété dans la nuit, mais ce matin, tout semble normal comme si j’avais rêvé cette mauvaise douleur... !
Avant de partir, il y a dans l’entrée du refuge un distributeur de café qui est vraiment le bienvenu. J’ajoute quelques madeleines et cela fera bien l’affaire ce matin avant l’opportunité d’un bar ouvert pour m’offrir quelque chose de plus consistant...

Je récupère mon carnet de pèlerin que j’avais laissé à l’accueil et je m’apprête à partir. S’approche alors de moi une jeune femme de 25 ans environ qui me demande si je peux la guider pour sortir de Léon. C’est Adriana, une Québécoise, qui fait très jeune et que ma barbe blanche doit rassurer... La sortie de cette grande ville est d’ailleurs délicate et il y a plusieurs itinéraires pour en sortir. Voilà donc Adriana rassurée et je lui explique que je connais une sortie qui va nous faire gagner deux kilomètres sur le trajet du jour. Nous voilà sur les trottoirs déserts de la ville devisant gentiment, nous faisons connaissance.
Un quart d’heure passe et j’aperçois de l’autre côté d’un rond-point deux pèlerins qui semblent se diriger presque à l’opposé de notre route. J’ai même eu le temps d’observer une jeune femme qui les suit à petite distance... ! Je siffle pour attirer leur attention et à grands mouvements de bras, j’essaye de leur faire comprendre qu’ils ne vont pas dans la bonne direction me semble-t-il... Ils répondent à mes gestes, mais continuent leur chemin... Bon... ! Ils ont sûrement une raison valable pour persévérer... ! Surprise la jeune femme, elle, qui était derrière eux, traverse et s’approche de nous. C’est une basque espagnole d’une trentaine d’années et elle porte un prénom que j’ai du mal à vous transcrire. Appelons là Claire, c’est plus facile pour nous... ! Elle aussi a un peu une crainte de sortir de la ville en traversant certaines banlieues la nuit...
Me voilà donc entouré de deux charmantes jeunes femmes dont vous verrez la photo, et qui sont ravies d’avoir saisi une occasion pour retrouver sereinement les flèches jaunes du Camino...

Mes deux accompagnatrices pour sortir de Leon...!

Ne vous moquez pas de moi, mais je trouve cette matinée très sympathique... Elle sera courte cependant... ! Nous avisons un bar d’ouvert et nous nous installons pour déguster un grand café au lait et des toasts fort appétissants. Moment de douceur et de complicité bien agréable, mais il faut reprendre le Camino.
Connaissant bien la sortie de la ville, je nous évite des détours compliqués depuis que des autoroutes bouleversent le paysage. Nous voilà enfin sur le chemin bien marqué avec les flèches jaunes rassurantes. Le ciel est un peu blafard, il fait du vent, mais les filles sont heureuses de m’avoir suivi... Adriana et Claire marchent maintenant devant moi. Elles discutent allégrement, mais Adriana a du mal à communiquer en espagnol. Qu’importe, elles donnent l’impression toutes les deux de bien s’entendre...
Voilà... ! Un peu d’humilité pour l’homme qui laisse s’éloigner devant lui ces deux jeunes femmes qui se déplacent plus vite que lui... Ne force pas ton pas Bernard, même si ton ego aimerait bien te provoquer un peu... Les heures passent, je les aperçois tout juste maintenant quand le chemin me le permet, elles sont loin, elles sont tranquillisées et moi réaliste...

Mes très chers amis Miguel y Miguel

Il y a un moment que je ne vois plus mes copines quand j’arrive à Villadangos et j’ai encore 12 kms à faire. Il est midi, Michel m’a rejoint, nous allons essayer de trouver dans le village quelque chose à manger. Surprise, je retrouve alors Adriana et Claire assises sur un banc. Adriana a un problème à une cheville, déjà ce matin elle en parlait. Je crois bien qu’elle va être obligée de rester ici ce soir pour se ménager et je crains pour elle une tendinite... Claire va continuer seule et je n’aurai plus aucune nouvelle de ces deux sympathiques jeunes femmes... Tout passe, tout disparaît sur le Camino, pour ne laisser qu’un souvenir...
C’est peut-être une des raisons qui me fait écrire. Mes quatre voyages depuis l’année 2000 sont écrits et quand j’ouvrirai l’un de ces fascicules, mes petites aventures me sauteront au visage et dans le cœur... Oui, il y a le plaisir de retrouver ces instants de douceur, mais je crois aussi que l’écriture est quelque chose de plus important. Depuis quelques années je découvre un besoin que je cherche à analyser... Il y a peut-être inconsciemment la solitude à compenser, bien que cette dernière soit acceptée et même recherchée, mais est-elle totalement naturelle... ? Peut-être aussi celui de laisser une trace, conséquence d’un ego qui manque de réalisme. Car je sais depuis longtemps que cette trace ne subsistera que très peu de temps dans le cœur de très peu de personnes... C’est sûrement le seul souvenir périssable que nous pouvons espérer ... ! Pourtant, parfois, j’ai ma petite étoile qui me dit que ma raison n’est pas raisonnable. Il y a des sentiments ou plus exactement, un sentiment, une palpitation que le cœur sait immortel.... Allons, pas de prise de tête, il y a peut-être aussi tout simplement l’aspect ludique de l’écriture avec un ordinateur... !

Je suis donc attablé avec Michel dans ce bar qui n’a rien de conventionnel pour l’Espagne. Curieusement il tient plus du salon de thé que du bar toujours trop bruyant au pays de la corrida. Un mélange de bois et de fauteuils confortables donne envie de traîner ici...

Le patio du refuge d’Hospital de Orbigo.

Nous sommes dans l’auberge de la paroisse, mais un peu par accident. Quand ils sont arrivés les premiers, le boxeur et le madrilène sont entrés dans le premier refuge qui est le plus rustique et peut être le moins bien aménagé des deux refuges du village ! Ce n’est pas grave, c’est aussi le plus folklorique... Il est installé dans une vieille bâtisse au plafond bas et sombre. Des chambres avec une dizaine de lits superposés, qui donnent sur une cour intérieure très fleurie, mais à la merci des intempéries... Donc dans la nuit, si un besoin se fait sentir, il faut la traverser même sous la pluie... ! Je n’aurai pas ce problème heureusement.

Nous sommes tous les quatre pour dîner ce soir et un Italien que j’ai déjà rencontré à Logroño, se joint à nous. Au risque de me répéter, c’est encore une super soirée où les bons mots et les bons sentiments se répandent sur la table. Je fatigue un peu car je sers souvent d’interprète pour Michel le gersois qui parfois a du mal à suivre.

Il fait froid ce soir et au retour du restaurant, je m’assure que la fenêtre au dessus de mon lit est bien fermée. En partant début septembre j’ai eu parfois un peu trop chaud dans mon duvet qualifié de léger, cela a duré une quinzaine de jours, maintenant je suis très heureux de l’avoir. Je vais même m’assurer, plusieurs fois pendant la fin de ce voyage, d’avoir sous la main une couverture pour en cas de besoin.

Encore ce pont magnifique d’Hospital de Orbigo

J’ai mis mes boules Quies, il y a déjà un homme qui ronfle...
Je me sens bien, la vie est belle, merci à LUI.

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El Peregrino

Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage.

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