Après une vie, une carrière de médecin généraliste, qui est la vôtre, qu’avez-vous envie de donner comme conseil, comme piste de travail, de réflexion, de pratique à un jeune médecin ?
Je dirais d’abord que, moi, j’ai fait un métier merveilleux, mais vraiment merveilleux ! Sincèrement, ça paraît idiot de dire qu’on a été si heureux dans son métier, mais enfin moi, c’est comme ça.
Donc, moi je lui dirais : « C’est un métier superbe si on arrive à rester compétent ». Parce que, pour moi, ce sera son problème. C’est le problème majeur ! S’il arrive à maintenir sa compétence professionnelle, c’est-à-dire tout ce qu’il a appris dans ses études, plus l’exercice avec ce qu’il va apprendre, s’il arrive à s’entretenir, il va faire un métier merveilleux !
Et s’il arrive à s’organiser pour ne pas être écrasé, par les appels, par la garde. Parce je pense que la garde fait partie de notre métier complètement. C’est une autre situation d’urgence qui est passionnante, c’est en plus mais ça en fait partie. Or, je vois les médecins s’en retirer. Non, non, non, ça en fait partie. Donc, je lui dirais : « Si tu arrives à t’organiser, et si tu arrives à prendre un tout petit peu de recul de temps en temps pour réfléchir à ton métier et puis faire ta formation continue, alors, tu es gagnant. Tu te débrouilleras et tu seras heureux ». Voilà ce que je lui dirais. Je ne vois pas ce que je peux lui dire d’autre. S’il peut trouver un groupe qui l’accepte et qui ne l’écrase pas au départ et s’il me dit : « Eh bien, on m’a proposé de rentrer dans tel groupe ». Je lui proposerai de me renseigner sur ce groupe et j’irai même jusqu’à leur demander combien ils gagnent et ce qu’ils vont lui demander. Ça c’est sûr. Qu’il n’aille pas s’embarquer dans un truc où il se fait piéger parce que ça peut lui arriver. Enfin, ma réponse sera : un métier merveilleux ! Bon, qui est quelquefois inquiétant mais ça, ça fait partie du métier ; c’est en même temps superbe, mais superbe si organisé et compétent. Et moi je ne dirais que ça sous toutes les formes.
Conclusions du rapport
Syndicat National des Médecins Omnipraticiens français (1973)
D’où la grande importance de la formation continue ? Absolument ! Ah ben parce qu’après, il va faire des fautes ! Moi, on me demande pourquoi j’ai pris ma retraite. Ainsi quatre confrères de Nantes, quand ils ont su que je prenais ma retraite - parce que j’avais envoyé un petit mot quand même pour prévenir tout le monde -, ça se faisait pas non plus (J’ai obtenu par l’Ordre la liste de tous les médecins généralistes de mon département, et j’ai écrit un mot à tous mes confrères pour leur dire que j’entamais ma retraite et je leur ai dit pourquoi.) m’ont dit : « Mais toi, Le Danois, qui as fait de la formation médicale continue toute ta vie ! ».
Pourquoi ? Et bien parce que je commençais à être inquiet, je ne me sentais plus compétent, je n’avais plus le courage de travailler cinq à dix heures par semaine en plus, pour rester compétent, donc je m’en vais avant d’être dangereux. Donc, j’ai écris ça. Je l’ai montré à l’Ordre. Alors, là l’Ordre : « Bravo ! ». Ils m’ont donné la liste et j’ai pu l’envoyer à tout le monde. Ça c’est une question de personne, parce que les types ne comprenaient pas. Beaucoup ne veulent pas reconnaître qu’ils ne se tiennent pas assez à jour, et ça c’est grave.
Les jeunes futurs médecins généralistes auront-ils connaissance du livret "les Illuminés de la Colline" ou de cette interview ? Cette interview peut-il les amener à un mode de regroupement ? Sous quelle forme ?
Sûrement pas sous la forme que nous avions réalisée !!! Ou le prix des actes est trop faible et doit être doublé, ou des tiers, municipalités, mutuelles, associations, etc., prennent en charge les locaux et/ou le secrétariat.
Cinquante ans après les débuts de notre expérience (conception 1958, réalisation 1961) reportez-vous à un article paru dans Ouest-France le 04/12/2007 : La Maison Médicale à la cote en campagne page 6 ou sur site www.ouest.france.fr
Merci mon cher confrère de dire sans tabou ce que j’essaie de dire aussi y compris sur un site d’expression médicale. Merci de montrer que l’on peut être médecin, pas forcément très riche et surtout heureux. Françoise