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Les Illuminés de la colline, une aventure médicale...
Les Illuminés dans la Cité
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Pour revenir à la page précédente... Le fait d’avoir choisi ce mode d’exercer, enfin d’exercer cette profession en ayant toute capacité d’être assez indépendant finalement par rapport à l’hôpital je suppose, le fait d’avoir des bonnes conditions, le fait d’avoir des gens qui étaient bien reçus, qui étaient écoutés, le paiement visiblement n’avait pas l’air d’être excessif, donc d’y avoir accès. Est-ce que déjà, de proposer ça, ce n’est pas quelque chose de social ? Et bien si vous voulez, oui, moi je le pense un peu mais ce n’était pas clairement vécu, pensé. Vécu oui, mais pas pensé. Parce que à chacun son métier. Vous, vous étiez médecin et vous proposiez la meilleure façon d’être un médecin. Donc forcément c’est social. Bon, ben là, je suis d’accord. Si on veut vraiment faire du social, il faut commencer par la prévention, et c’est la définition de l’OMS. C’est ce que nous avons essayé de faire. Dans ce but nous avons visité ce qui se faisait à Grenoble et à Marseille en 1976 et nous avons présenté un projet à la Mairie de Nantes et à la Mutualité Agricole de Loire Atlantique qui auraient pu nous fournir les financements nécessaires et dans ce cas la maison du groupe devenait la propriété de la Ville de Nantes ; nous devenions locataires ; la Mutualité, elle, payait tout ce qui était administration, secrétariat, secrétaires ; et nous-mêmes devenions salariés de la Mutualité Agricole. Nous avons échoué à un moment crucial, au bout de quinze ans d’exercice : l’année où c’était sur le point de se concrétiser, où nous avions commencé à avoir une réunion par mois avec les associations, confédérations syndicales des familles de la Cité, pour faire de l’information sur la diététique, le sport, l’activité, le tout en plein cœur de la cité. Parce que ça, c’est du social, pour moi. Et bien ça n’a pas tenu. Pourquoi ? Cela n’a été ni la faute de la Ville, ni la nôtre. La Mutualité Agricole a dit : « Le Danois, ou les autres, vous faites vingt-deux actes par jour ! Et bien, ça ne peut pas s’équilibrer avec vingt-deux actes par jour. On a fait le calcul, il faut que vous fassiez deux actes de plus. Vingt-quatre, ça marche. » Alors moi, j’ai dit non. A onze heures par jour, avec ce temps-là, plus la formation médicale continue, je pourrais encore moins m’occuper de prévention ; on ne l’a pas fait, à cause de ça. Le fric encore un coup. C’est encore vrai aujourd’hui comme je l’ai lu récemment dans le journal. Pour s’occuper de prévention, réellement, il faut du financement, et ça, ça ne paye pas. C’est à courte vue. Si, à Saint-Nazaire ça fonctionne un peu, c’est une toute petite ébauche ; le milieu ouvrier y est très fort, les cadres syndicaux et les syndicalistes de base cotisent pour ça. S’il n’y a pas une collectivité quelconque qui intervienne, ce n’est pas possible. Ce n’est pas un médecin tout seul, avec ces six ou sept francs, (vingt et un euros aujourd’hui), qui peut se payer tout, sans même parler d’avoir des gains personnels. Il ne peut pas tout faire. Ou alors la consultation est à cinquante euros, alors là il va pouvoir tout payer. En fait, s’il est capable de le faire au niveau métier, au niveau profession, est-il le mieux placé pour faire de la prévention ? Par forcément. Non. Car ce n’est pas plus mal que le médecin ne soit pas tout seul. Cela, je le crois. Donc, quelque part ce n’est pas son rôle. Non, à la limite, non. Et en plus, on n’est pas formés pour ça. Même aujourd’hui où l’on se vante que en sixième et septième année de médecine il y a une ou deux heures de psycho par semaine, et encore, ça dépend des facs, on n’est pas formés sur le plan psycho, on n’est pas formés sur le plan social, on n’est pas formés sur la prévention, on est faits pour soigner. C’était le but de la Sécurité Sociale d’ailleurs. Je ne suis pas pessimiste mais il faudra une révolution, il faudra encore un sacré bout de temps avant que ça se fasse vraiment et les mauvaises langues diront : « Si vous faites de la prévention vous aurez moins de malades et ça c’est embêtant. ». Quels échos votre expérience a-t-elle eu dans le milieu médical ? Au début, l’Ordre des médecins nous a posé de grosses difficultés pour exercer en groupe. L’Ordre des médecins est tout puissant pour délivrer l’autorisation d’exercer. Nous aurions souhaité quelque chose de plus large avec une ou deux spécialités comme l’oto-rhino-laryngologie pour les tous petits. Nous avons eu deux infirmières, un Kinésithérapeute. Pour l’Ordre, à cette époque là, l’argent qu’on mettait en commun, c’était du magouillage. Et si jamais il y avait un spécialiste, c’était se transmettre des patients, ça peut se concevoir, c’était du « compérage », donc interdit. Et puis, en plus, presque tous les confrères estimaient qu’on devait être de gauche pour mettre en commun l’argent, et ils craignaient que nous n’ébranlions la profession. Donc nous n’étions vraiment pas aimés dans le milieu médical. A quoi il faut ajouter la crainte du coût : « Construire une maison médicale pour ça ! Ne pas utiliser une chambre chez soi, son salon et un bureau ! C’est dix fois moins coûteux ! ». Et la limitation de la liberté comme le montre la remarque d’un confrère urologue qui me dit :
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– La photo du Docteur Alain Le Danois a été prise par l’auteur.
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