De la Naissance de l'Homme au salut des Mages


Premier jour

Qu’est-ce qu’elle a ma tête ?
mercredi 26 décembre 2007

par Yéyé


Lorsque j’étais petit, je me demandais parfois comment faisaient les Noirs ou les Jaunes pour se reconnaître entre eux. Ils me semblaient avoir tous la même tête, le même visage, la même expression.

J’étais réellement intrigué car je ne comprenais pas du tout comme on pouvait vivre sans distinguer ses compatriotes, en confondant, par exemple, son instituteur avec son père, ce qui devait poser de graves problèmes au moment de faire signer un carnet de notes falsifié.

Si j’ajoute à cela que je pensais que tous les Noirs souffraient horriblement de la chaleur et que les Jaunes avaient tous la tête en bas, vous mesurez avec moi l’étendue de ma compassion de l’époque pour ces populations.

Dans ma tête, je veux dire dans mon souvenir, j’ai commencé à comprendre que les Noirs et les Jaunes pouvaient facilement se reconnaître en lisant le chef d’œuvre qu’est « Le Lotus Bleu ». Je parle bien entendu du cinquième album des aventures de Tintin, par Hergé.

Il ne m’a pas fallu très longtemps pour distinguer l’infâme Mitsuhirato du vénérable Wang Jen-Ghié ou encore du professeur Fan Se-Yeng. J’étais ainsi capable de reconnaître les Jaunes entres eux. Ces personnages m’étaient désormais familiers et c’est pour cela que je les reconnaissais. Ils faisaient partie de mon petit univers, de mon groupe et je distinguais à présent clairement leurs traits.

Tout cela était d’une logique implacable : je reconnaissais ce que je connaissais.

Plus tard, j’ai vécu de longues années avec un chat, Tom Poes. J’étais très attaché à Tom et, comme il sortait souvent dehors, je me suis souvent demandé si j’aurais été en mesure de le reconnaître s’il avait fallu aller le chercher à SPA, par exemple, dans un endroit où il aurait été mélangé avec plein d’autres chats.

Une amie m’a rassuré en affirmant que bien évidemment je reconnaîtrais la tête de Tom Poes parmi 1000 autres chats, et qu’il me reconnaîtrait aussi. Cela me paru finalement logique ; nous nous connaissions, donc nous pourrions nous reconnaître en toutes circonstances.

Ainsi, connaître un autre, me permettait de le reconnaître qu’il s’agisse d’un homme ou d’un animal.

Cependant, c’est une nouvelle fois Tintin, ou plutôt sa tête, qui m’enseigna autre chose sur le regard que l’on porte sur autrui.

Si vous observez la tête de Tintin, vous constatez rapidement qu’elle est d’une simplicité extrême. Il s’agit d’un cercle, de deux traits pour la houppe, deux points pour les yeux et encore quatre petits coups de crayon pour l’oreille, la bouche et le nez. Il est difficile de faire plus dépouillé et plus inexpressif.

Ainsi, cette tête circulaire, ce rond blanc presque parfait et lisse n’exprime que très peu de choses. A chacun d’y amener la chair du cercle, l’affect du rond, la coloration du blanc pour le faire vivre. La tête de Tintin est vide pour que l’on puisse y placer la sienne. Le lecteur devient Tintin et vit l’aventure de l’intérieur. Il reconnaît Tintin, car le héros, c’est bien le lecteur qui a pris mentalement place dans un support nommé Tintin.

Il en va de même, à mon sens, avec toute personne dont on est proche. Et plus le lien est fort, plus ce phénomène semble être important. Qui niera qu’en regardant l’être aimé, on se projette soi-même dans son regard ? A contrario, enfant, j’étais incapable de distinguer les Noirs et les Jaunes parce que je ne pouvais pas m’identifier à l’inconnu. Regarder la tête de l’autre, homme ou animal, c’est, en partie, me semble t-il, se voir soi-même ; c’est se reconnaître en lui pour mieux le connaître et par là même accepter que nous ne sommes pas fondamentalement très différent de lui.

Sur ce, je retourne au « Connais-toi toi-même », car j’ai encore un gros travail de ce côté-là.

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Yéyé

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Cet article s’inscrit dans le cadre des "Enigmes du Sphinx" présentées du 26 décembre 2007 au 6 janvier 2008.
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Qu’est-ce qu’elle a ma tête ?
30 décembre 2007, par Blake

Je venais de lire votre article lorsque le hasard a voulu que je me replonge dans l’une des aventures de Blake et Mortimer : "Les 3 formules du professeur Sato" (Tome 1) et j’avoue avoir eu un choc tout particulier en arrivant à la page 44 lorsque le professeur Mortimer (le vrai) se trouve face à un être plus vrai que nature qui est en fait son double (son clone, bien que ce terme ne soit pas employé par Edgard P. Jacobs) réalisé par l’adjoint d’un savant sur l’ordre d’Olrik.

Mortimer est donc subitement mis face à lui-même et le choc est violent !

"Devant Mortimer, sidéré, se tient un autre lui-même qui l’apostrophe jovialement !...
 Hello ! Comment allez-vous, chère vieille chose ?...
Complètement affolé, le professeur sent se hérisser ses cheveux...
 Je deviens fou !?!...
"

Oui, nous pouvons entrer de plain-pied dans les aventures de Tintin comme vous le dites si bien !

Oui, les autres dans la "vraie" vie (mais sont-elles fausses ces vies que nous vivons à travers nos lectures - illustrées ou non ?) sont le reflet de nous-même, c’est certain !

Et comme tout est ainsi merveilleusement bien conçu, n’est-ce pas ? Car, supporterions-nous, tous et en toutes circonstances, l’unique société d’autres nous-mêmes nous ressemblant jusque dans notre image ?

Pour résumer mon propos, je dirais un peu trivialement mais fort joyeusement : Vive le grand Horloger ! Vive Socrate ! Et vive la BD !

Merci pour votre article ;-)


Qu’est-ce qu’elle a ma tête ?
27 décembre 2007, par Yéyé

Merci aux contributeurs qui alimentent le forum, bille en tête. Il semble que la lecture de cet article de tête vous plaise et j’en suis bien aise. Pourtant la rédaction a été un peu casse-tête, avec risque de tête-à-queue, et le tête-à-tête avec la page blanche était bien long. Heureusement, Tintin m’a finalement sorti la tête de l’eau en m’évitant de la perdre ou de tomber dessus.


Qu’est-ce qu’elle a ma tête ?
26 décembre 2007, par ben Sarabande

Yéyé, tu me fais marrer !
Bonne prise de tête.
Connais toi toi même n’est il pas le premier pas vers le second "aime ton prochain comme toi tu t’aimes" ?
Respectueusement
Ben Sarabande


Qu’est-ce qu’elle a ma tête ?
26 décembre 2007, par El peregrino

Comme quoi on peut tout faire comprendre a un homme avec quelques mots simples à la condition qu’il ait gardé la curiosité de lui-même et des autres !
Mais pour nous expliquer cette gravité, Yéyé semble avec bonheur, avoir gardé une âme d’enfant.
Merci Yéyé.


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