INDIA-LOG E-mails expédiés au cours de 5 mois de voyage en Inde |
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13 février 2009 - 05:42
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Tu viens de m’en donner l’idée : il y aurait un papier à faire sur le(s) papier(s) en Inde, mais par quel bout commencer ? Pourquoi pas par le journal du matin dont le papier est d’une qualité semblable à celle de nos quotidiens pour un prix très inférieur (3,5 rps) et une quantité d’informations dont la lecture occupe la demi-heure du petit-déjeuner (sudoku non compris) ? Du matin toujours mais antérieur à la lecture du journal, ce que nous appelons le pq s’achète au rayon « importations occidentales » des supermarchés et des bons bazars et coûte le prix d’un repas correct. Il n’est pas d’usage dans les moeurs locales où le torchage à main gauche et à l’eau est de rigueur : en face de ma pension, cela se fait au bord de la mer ; dans les maisons modernes, à côté du trône, un dispositif à pression douche délicatement le sphincter culier sans manquer de causer quelques dommages collatéraux. De recyclage sont les papiers d’emballage, marron, fragiles, aux impressions baveuses, qui enveloppent les dhotîs repassés au fer à charbon de bois du dhobbi [1]. Quant aux pochettes collées main dans lesquelles le pharmacien vous délivre les 3 gélules qui reconstitueront une flore intestinale en un rien de temps, ou le grilleur de cacahuètes le snack à 5 roupies de la promenade, elles sont de récup de papier journal. Ici comme ailleurs, ce sont les administrations qui sont les plus grandes consommatrices de papier, car elles sont friandes de formulaires divers – (une officine d’écrivain public s’intitule The Master of Forms le Maître des Formulaires) - en multiples exemplaires, de registres épais et, de nos jours, de listings interminables. Si l’on est amateur de vieux papiers jaunis, friables, à l’encre pâlie, il faut aller jeter un œil du côté des Cours de Justice et des cabinets d’avocats attenants dont des rayonnages entiers croulent sous des empilements d’archives ficelées qui évoquent Kafka et son Château vu par Orson Welles. Le papier des éditions pirates des auteurs à succès comme Rushdie, Amitav Gosh etc... est grisâtre, parfois souillé ou déchiré, et l’impression en est si pâle qu’il faut lire ces bons textes sous une lumière forte, mais ces éditions sont 3 à 4 fois moins chères que les originales, alors les yeux souffrent mais pas le porte-monnaie ! Le papier-monnaie : plus il monte en valeur plus il devient craquant, propre, sans marque ni pli, si bien que les commerçants soupçonneux mirent les billets de 500 et de 1000 rps avec circonspection comme pour s’assurer que je ne viens pas de les tirer sur ma polycopieuse ! Par contre quand on descend vers les 10 et 5 roupies - les basses castes de la monnaie - c’est sans délicatesse qu’on me balance sur le comptoir ces billets mous et crasseux que je fourre dans ma poche comme de vieux mouchoirs sales. Cependant il faut veiller à ne pas les déchirer aussi minimalement que ce soit, car ils seraient refusés par le commerçant (ce qui ne manquait pas de me faire enrager à chaque fois que cela se produisait, mais maintenant je me méfie et ne me laisse plus refiler cette monnaie de singe). La fantaisie décorative des paquets d’encens trouve un écho dans les images pieuses et leurs encadrements, car il n’est pas une bonne maison hindoue qui n’ait son petit autel familial et ses déités à vénérer : Krishna, Hanuman, Ganesh sont les grands favoris et les variations décoratives autour de ces divinités sont infinies. L’influence du graphisme agressif des affiches de cinéma s’y fait sentir mais ce sont encore les versions d’un académisme « sulpicien » qui se vendent le mieux ! Ce qui se fait de plus beau en papier ce sont les cartes de vœux et les faire-part, d’énormes machines m’as-tu-vu, avec des effets de relief, de dorure et de calligraphie, car pour les mariages, rien n’est trop beau n’est-ce pas, et il faut faire encore mieux que les voisins ! |
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[1] Dhobbi : Hommes et femmes qui s’occupent du linge des autres. Ils font partie de la classe des intouchables, c’est-à-dire des gens relégués aux tâches les plus basses de la société indienne, tout comme les balayeurs, les croque-morts, les barbiers, les cordonniers ou encore les pêcheurs. (wiki source) |
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