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26 février 2009 - 08:08
Il est temps que le pigeon voyageur…
jp guillot
un ami

 



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…rentre au nid, car avec la chaleur et l’humidité atteignant des cimes, il commence à perdre patience et sens de l’humour : depuis le début de la semaine, l’Inde l’énerve.

L’autre jour, des photocopies à faire et c’est une nouvelle fois hartal des commerçants : tous les magasins sont fermés sans que personne ne puisse me renseigner sur la cause du mouvement social, mais vu les drapeaux rouges qui flottent ici et là, c’est encore un coup des cocos.

Un thé me remettrait de la frustration mais The Indian Coffee House dont le serveur d’une maigreur de contorsionniste et affublé d’un turban en éventail me sert chaque matin - sans que j’aie rien d’autre à faire qu’à lui sourire de loin en dodelinant - mon breakfast préféré, a choisi ce jour même pour faire le ménage à fond (fait rare dans ces sortes d’endroits).

L’alternative serait une gargote sous un banyan à proximité d’un temple, mais leur bouteille de gaz est vide. Décidément c’est pas mon jour car en quittant la maison, Mito, le chien de mes hôtes m’a sauté dessus et sali mon short avec ses pattes rouges de latérite. Comme je n’avais pas de rechange, je suis parti en dhotî sur ma bécane, ce qui est à peu près aussi pratique que de faire du jogging en chemise de nuit et, pour compléter le tableau, le tissu se dénouait sans arrêt parce que je n’avais pas mis de ceinture.

Dans l’après-midi, je me porte volontaire par défaut pour un massage sec que je trouve totalement déplaisant car quatre mains s’activent à m’enduire d’une poudre verte modérément abrasive qui convient aux peaux grasses et aux tissus adipeux - ce qui n’est pas précisément le cas de mon enveloppe charnelle -. Comme j’avais recommandé aux apprentis-masseurs au cours des séances précédentes de n’avoir pas peur de mettre la pression, vas-y que je te frotte. Si bien qu’à la fin, j’ai la peau rose dragée, presque à vif par endroits. On me conseille donc de m’enduire d’huile de noix de coco, à la suite de quoi je diffuse autour de moi une odeur de cuisine antillaise.

Le lendemain c’est à la poste que je perds mon sang-froid : je veux expédier trois grandes enveloppes de docs mais sans compter sur les capacités d’un préposé accablé par la chaleur de la mi-journée et aux lunettes inadaptées. De plus il n’a à me proposer que des timbres à 20 rps pour des affranchissements de 250 et qq. C’est dire que je me retrouve avec des planches de timbres à engluer du bout des doigts, dont je dois recouvrir tout le verso des enveloppes.

Mais il faut encore que le préposé fasse le total sur une calculatrice aux piles faiblardes puis trouve la monnaie de mon billet de 1000 rps. On comprend l’impatience grandissante des clients qui ne veulent qu’un timbre et se collent à moi, tendant bras et mains par-dessus mes épaules pour attirer l’attention de l’employé myope.

S’il est une chose en Inde que j’ai du mal à supporter, c’est cette façon qu’ont les gens de te passer devant, d’accaparer un vendeur d’un éclat de voix, d’un geste comminatoire. Et plus encore, de voir le vendeur se laisser distraire, t’oublier, te laisser en plan, à moins bien sûr que tu le rappelles à ce que tu estimes être l’ordre correct des choses, au risque de te faire passer pour un arrogant étranger et de te rendre impopulaire. Mais tant pis, je prends ce risque, je sors le mot "queue", Q in english, et je montre ma chemise humide avec l’air de dire : N’en rajoutez pas !

Bon, je me dis : dans une demi-heure tu piques une tête dans les vagues et tu oublies tout ça, mais aujourd’hui souffle un fort vent de N-O, la mer est grosse, la barre infranchissable. Va falloir te contenter de faire trempette, le cul dans l’eau et à ce moment-là, dernier coup du sort, mes goggles, mes lunettes de nage relevées sur le front puisque inutiles, sont emportées par une de ces grosses vagues solitaires qui prennent en traître par derrière.

Beuh !
Il y a des jours comme ça.
Mais demain c’est Bangalore, un autre état, une autre vie, une dernière étape avant l’envol au bercail.

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