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Cléry-Saint-André
Ottin, le peintre-vitrailliste oublié de Cléry
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Ottin, le peintre-vitrailliste oublié de Cléry
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Pour revenir au début de cette publication sur "Cléry-Saint-André" Pour trouver quelques informations sur les verrières du choeur de la basilique de Cléry-Saint-André, il me semblait que tout serait simple et qu’il me suffisait de consulter les guides de la collégiale puis de faire une petite recherche sur internet pour compléter. Je n’imaginais pas à ce moment-là dans quelle curieuse aventure j’étais en train de mettre le pied ! Parcourons ensemble les différents guides de la basilique et vous comprendrez mieux quel étonnement fut le mien en avançant page après page. Verrière 100 Sur L. OTTIN Verrière 101 Verrière 102 Verrière 103 Nous avons déjà montré quelques interrogations nées à la suite de ces lectures. L’heure était venue de rechercher d’autres guides. A l’occasion du centenaire de la canonisation de Jeanne d’Arc, le diocèse d’Orléans publie cette invitation au pèlerinage joliment illustrée. Il y a bien sûr une page sur Cléry. En photo, une belle statue de 2008 ainsi que celle de la plaque qui est au fond de l’église et mentionne Jeanne d’Arc parmi les pèlerins célèbres de Cléry. Quant à la belle verrière 103 de L. Ottin sur Jeanne d’Arc, elle n’est même pas citée. Ce beau dépliant que je prends à l’office du tourisme de Cléry est très riche d’informations. Concernant les vitraux, on y apprend qu’"Henri III offre le vitrail central du choeur.". En revanche, il n’y a aucune mention des verrières historiées qui nous intéressent. Le guide est plus riche de texte que celui de 2014, je vais sûrement trouver ce que je cherche. Si l’épisode du voeu de Dieppe est largement conté dans la partie historique - Page 14 - point n’est fait mention de la verrière 101. La verrière 100 (Henri III) figure parmi les photos en noir et blanc de l’ouvrage. - Page 21 Dans le descriptif de l’édifice, on peut lire à la page 36 : "Les vitraux actuels ne sont pas dignes d’attirer l’attention, ou plutôt, ils sont indignes d’un tel ensemble, sauf celui que le roi Henri III a offert à la collégiale." Suit un court descriptif de la verrière 100. Et voilà pour L. Ottin - même pas nommé - et les verrières du choeur : un jugement négatif, et rien d’autre ! Dans la partie historique, un long passage sur Jeanne d’Arc étudie la possibilité qu’elle se soit arrêtée à Cléry (Page 25), le voeu de Dieppe est largement raconté (Page 28), un paragraphe "Louis XI chanoine de Cléry" existe bien (Page 35) et le beau prêche sur Louis XI de Monseigneur Touchet, évêque d’Orléans lors d’une cérémonie en 1896 y est reproduit (Page 37), les obsèques de Dunois y sont longuement décrites (Page 47), celles de Louis XI tiennent en deux phrases (Page 50). C’est dans l’appendice de ce petit ouvrage (Page 114) que l’on trouve un descriptif du monument sous la plume de l’abbé A. Courtial. Et à la page 155, un paragraphe sur "Les vitraux". Le descriptif de la verrière 100 est tel que nous le connaissons déjà. La suite nous intéresse davantage. On connaissait cela par nos lectures précédentes. Là ! On découvre bien des informations nouvelles ! Verrière 101 Verrière 102 Finalement, je décidais de trouver sur un site de ventes de livres anciens, celui qui semblait être la référence de bien des autres. Un gros ouvrage de 430 pages paru en 1899, c’est-à-dire peu de temps après la mise en place des verrières d’Ottin. Un descriptif plus détaillé y serait peut-être accessible à ma curiosité. Je commandais donc l’ouvrage de Louis Jarry. Verrière 103 Verrière 101 Après avoir évoqué le couple "Dunois - Marie d’Harcourt", Louis Jarry écrit (p. 114) : "Un mot encore sur Marie d’Harcourt. On sait qu’elle était d’une taille élevée ; un peu d’embonpoint, produit de l’âge, n’avait pu altérer la beauté, la grâce même de son visage. On peut s’en rendre compte par son portrait authentique, prêté par M. le comte d’Harcourt et merveilleusement copié par M. Ottin dans une des hautes verrières de Cléry." Ainsi, le vitrailliste Ottin a représenté ce qu’il a lu dans l’ouvrage de Torquat "Histoire de Cléry" paru en 1856 et qu’il a donc pu consulter : "Charles VII, pour reconnaître les services rendus à la couronne par le célèbre Jean, bâtard d’Orléans, comte de Dunois, lui donna, avec d’autres domaines, la terre et seigneurie de Cléry." Son épouse, Marie d’Harcourt est près de lui ainsi que son fils François, futur comte de Longueville. M. Jarry dans son ouvrage de 1899 explique que Dunois a acheté la terre de Cléry et que la version de Torquat est une erreur (p.98). Mais Ottin n’a pas eu connaissance de l’ouvrage de M. Jarry et a représenté ce que l’on pense juste à l’époque où il réalise le vitrail. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a point de Jeanne d’Arc ici, contrairement à ce que mentionne le guide 2014 et la base nationale Mérimée... Sur Ottin Les ouvrages suivants étant antérieurs aux verrières de M. Ottin, il était inutile d’y chercher des informations sur celui-ci ou sur ses oeuvres. Maintenant, internet allait certainement m’apprendre tout ce qu’il y avait à savoir sur lui. Lorsque l’on fait des recherches sur "Monsieur Ottin", il apparaît vite qu’il y a deux artistes du XIXe connus sous ce nom : – Auguste-Louis-Marie Ottin, né le 11 novembre 1811 à Paris et mort le 8 décembre 1890 à Neuilly-sur-Seine, sculpteur français. – et son fils Léon-Auguste Ottin né le 30 octobre 1836 à Paris (ancien 10e arrondissement), mort à Neuilly-sur-Marne le 6 juin 1918, peintre, vitrailliste. Lorsque le guide de 2014 attribue les grandes verrières du XIXe à "Louis" Ottin, il s’agit du père qui en effet, au vu de ses dates, pourrait être l’auteur des vitraux. Mais on le dit "sculpteur". Alors que c’est son fils "Léon-Auguste" que l’on qualifie de "vitrailliste". Mais le guide 2014 est parfaitement conforme au très officiel site du ministère de la Culture où les verrières de Cléry sont bien attribuées à Louis Ottin avec les légendes du guide 2014. (Jeanne d’Arc en vieil homme, etc.) C’est à y perdre son latin ! Non seulement, dès que possible, les Ottin père et fils sont oubliés ou dénigrés, mais en plus, à la longue, on finit même par les confondre ! Et nous cherchons toujours lequel des deux a pu réaliser les beaux vitraux du choeur de Cléry. Un site anglais sur l’impressionnisme présente une intéressante fiche sur Ottin fils (Léon-Auguste) le vitrailliste : https://www.impressionism.nl/ottin-leon-auguste/ et étudie la confusion souvent faite entre le père (Auguste-Louis, qui signe A. Ottin) et le fils (Léon-Auguste) dès que la signature est "L. Ottin" : https://www.impressionism.nl/ottin-l-watercolours/ Il semble clair que c’est bien "Léon-Auguste OTTIN" qui est vitrailliste. Maintenant, a-t-il travaillé seul sur ces grandes verrières ou avec d’autres artistes comme le laisse entendre Louis Jarry en 1899 ? En cherchant à découvrir quel est le Thibault dont parle Jarry, on découvre en effet un vitrailliste de ce nom et de cette période, mais rien ne dit qu’il aurait travaillé à Cléry : https://fr.wikipedia.org/wiki/Émile_Thibaud. Ceci dit, rien ne dit le contraire non plus... L’un des trois aurait-il été le "peintre" tandis qu’un autre se serait chargé du travail de vitrailliste ? En ce sens, ils auraient travaillé à plusieurs, en effet. La question reste ouverte. Et dans ce cas, qui signe le vitrail ? Le peintre ? Ou le vitrailliste ? En revanche, il reste une énigme concernant "Monsieur Ottin" (quel qu’il soit) : pourquoi son travail et jusqu’à son identité sont-ils à ce point niés, dénigrés, oubliés depuis de si nombreuses années ? L’idée m’est venue que la réponse pourrait se trouver sur ce site de la Commune de Paris dans les opinions politiques de Ottin père, décrit comme fouriériste et communard, puis finalement accusé à tort de boulangisme... Une élite intellectuelle des années 1960 aurait jugé bon de passer sous silence ces artistes ainsi que leurs oeuvres et l’habitude s’en serait gardée sans que plus personne ne sache pourquoi. C’est une hypothèse seulement... Dans les prochaines pages, c’est à une lecture surprenante des grandes verrières du chœur de Notre-Dame de Cléry et du symbolisme de leurs détails que vous êtes conviés, avec des photos et des commentaires totalement inédits puisqu’il n’y a pas de publication fouillée sur ces vitraux, ni dans les ouvrages que nous avons pu consulter, ni sur le net - du moins à notre connaissance. |
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