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Voyage au coeur de la Pierre
Pierres, Pouvoir et Tradition
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"Il n’est rien d’essentiel à l’homme |
Pierres, Pouvoir et Tradition lundi 8 juin 2015 par Antinoüs |
Très tôt, dans l’histoire de l’Humanité, les hommes ont découvert le pouvoir de la Pierre. La pierre fut une arme d’abord. Arme de jet. Capable d’atteindre une cible, de la blesser voire de la tuer. Elle fut aussi un outil, tranchant, coupant et à ce titre facilitât la vie quotidienne des premiers hommes. Sa taille éclat par éclat devint un art. La connaissance de ces techniques se transmit. Est-ce à l’occasion de ces contacts vitaux avec la Pierre que l’Homme entra en contact avec l’âme de la Pierre ? Peut-être… Et cette communion nouvelle fut protégée et transmise par les premiers chamans. Aujourd’hui encore, certains savent. Ils savent approcher les "grandes pierres", respectueusement les saluer et silencieusement se mettre à leur écoute. [1] Ainsi l’Homme, sans doute, prit-il conscience du pouvoir de la Pierre et se mit-il en harmonie avec les pierres de couleur, les plus rares, dans toute la magnificence multicolore de leur diversité. Dans de très nombreuses traditions, les pierres précieuses et semi-précieuses qui ont chacune un pouvoir particulier dû à leur vibration spécifique sont utilisées pour amplifier les actes majeurs de la vie spirituelle des peuples et marquer à la vue de tous par leur palette de couleurs la fonction spirituelle de quelques-uns. Pour ne prendre que quelques exemples, on se souvient des instructions divines reçues en plein désert par Moïse pour "armer" la poitrine (souffle et coeur) d’Aaron, le premier grand prêtre d’Israël : "Tu feras à ton frère Aaron des vêtements sacrés pour marquer son importance et son rang. (…) Tu feras le pectoral du jugement selon l’art du brodeur. Tu le feras avec le même matériau que l’éphod, en or, en fil bleu, pourpre et cramoisi, et en fin lin retors. Il sera carré et double ; sa longueur et sa largeur seront de 25 centimètres. Tu y enchâsseras une garniture de 4 rangées de pierres ; première rangée : une sardoine, une topaze, une émeraude ; deuxième rangée : une escarboucle, un saphir, un diamant ; troisième rangée : une opale, une agate, une améthyste ; quatrième rangée : une chrysolithe, un onyx, un jaspe. Ces pierres seront enchâssées dans leurs montures en or. Il y en aura 12, d’après les noms des fils d’Israël. Elles seront gravées comme des cachets, chacune avec le nom de l’une des 12 tribus." (Livre de l’Exode - Verset 28) L’Eglise également, de la seconde partie du Moyen Age jusqu’à Vatican II, orna les anneaux épiscopaux de ses dignitaires d’une pierre précieuse, souvent une améthyste. Dans l’Apocalypse de Jean, l’immatérielle Jérusalem céleste est ainsi décrite : « L’ange qui me parlait tenait une mesure, un roseau d’or, pour mesurer la ville, ses portes et sa muraille. La ville était carrée, sa longueur était égale à sa largeur. L’ange mesura la ville avec son roseau : douze mille unités de distance, elle était aussi large et haute que longue. Il mesura aussi la muraille : cent quarante-quatre coudées de hauteur, selon la mesure ordinaire qu’il utilisait. La muraille était construite en jaspe, et la ville elle-même était d’or pur, aussi clair que du verre. Les fondations de la muraille de la ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses : la première fondation était de jaspe, la deuxième de saphir, la troisième de calcédoine, la quatrième d’émeraude, la cinquième de sardonyx, la sixième de sardoine, la septième de chrysolithe, la huitième de béryl, la neuvième de topaze, la dixième de chrysoprase, la onzième d’hyacinthe et la douzième d’améthyste. Les douze portes étaient douze perles ; chaque porte était faite d’une seule perle. La place de la ville était d’or pur, transparent comme du verre. » (Apocalypse 21) Ainsi, les pierres précieuses et semi-précieuses sont étroitement liées au pouvoir spirituel. Et c’est sans doute pourquoi, les monarchies se réclamant "de droit divin" ont orné de pierres rares les instruments et symboles du pouvoir royal. Au XVIe siècle en France, la possession de ces pierres prennent une telle importance aux yeux du pouvoir que François 1er établit par lettres patentes une clause d’inaliénabilité qui impose à toutes les reines de remettre au trésor royal les joyaux qu’elles ont portés et ce, dès la mort du roi leur époux. Instituée dès la Renaissance, cette règle fut en vigueur jusqu’à la fin de l’Ancien régime et permit la constitution d’un véritable trésor qui s’enrichit au fil des siècles. Ces pierres restèrent propriétés royales et on finit par les nommer comme des entités subtiles. Qui n’a entendu parler du "Régent", splendide diamant qui fut l’une des pierres de la couronne royale de France, puis porté en pendentif par Marie-Antoinette, avant de paraître à la garde de l’épée de Napoléon et au front de l’impératrice Eugénie ? Il prend maintenant quelque repos dans la galerie d’Apollon au Musée du Louvre. Qui ne connaît la "Côte de Bretagne", spinelle magnifique provenant d’une parure d’Anne de Bretagne ? Et l’on pourrait évoquer bien d’autres monarchies et bien d’autres trésors bien gardés dans de célèbres tours... Pouvoir temporel, pouvoir spirituel, l’un comme l’autre aiment à s’orner de pierres, mais les apprécient-ils pour leur rareté et donc leur prix, pour leur beauté ou bien pour… le pouvoir qui s’en dégage ? Un récit fantastique récemment remis en lumière par le cinéma illustre de belle façon cette problématique. "Bilbo, le hobbit", le héros de Tolkien part avec la compagnie des seigneurs Nains sous la houlette du magicien Gandalf pour récupérer le joyau du roi Throrn : l’Arkenstone. Signe de son royal pouvoir, l’histoire montre combien le désir de possession de cette pierre unique corrompt l’âme du roi comme elle transformera plus tard tous ceux qui s’en approchent. Mais la leçon réside dans les dernières pages dont peu se souviennent - tant l’épopée est riche en événements marquants - et où l’on assiste - muets - au début du nouveau destin de cette pierre au si puissant pouvoir ! Pouvoirs et illusions générés par les richesses matérielles sous la forme de pierres précieuses. Là encore, c’est au cinéma que nous partons pour un voyage en compagnie de l’une des plus célèbres pierres précieuses, l’une de celles qui portent un nom propre : le Youkounkoun, plus gros diamant du monde ! Revoyez "Le Corniaud" de Gérard Oury [2] où un personnage avide de richesses accompagné d’un autre, au coeur pur, klaxonnent en traversant l’Europe et méditez sous cet angle ses joyeux enseignements ! Ce "pouvoir" particulier que quelques romans accordent à des pierres mythiques a-t-il quelque rapport avec la réalité ? De nombreuses traditions enseignent que les pierres auraient un pouvoir propre dont tout être peut bénéficier s’il les connaît et sait comment l’utiliser. Ainsi certaines pierres permettraient d’amplifier nos qualités propres, de nous révéler sur nous-mêmes ce que nous ignorons, comme le cristal de roche ; d’autres par leur vibration particulière agiraient comme un bouclier pacifiant protégeant ainsi l’atmosphère de lieux brouillés par la souffrance, c’est la qualité première de la labradorite posée sur le bureau des thérapeutes ; d’autres encore auraient le pouvoir de calmer, d’apaiser, comme l’améthyste…. Il faut - et il y a - des livres entiers pour décrire les pouvoirs des pierres, pouvoirs qui furent longtemps considérés comme magiques et surnaturels. Au XIIIe siècle, Ahmad al-Tifachi, [3] dans son "Traité des pierres précieuses", révèle le pouvoir hémostatique du rubis qui est aussi protecteur du coeur, les vertus de l’émeraude pour fortifier la vue, celles de l’hématite qui faciliterait l’accouchement et bien d’autres encore. D’aucuns pensent qu’il s’agit là de simples croyances ou superstitions. Quelques-uns osent expérimenter et, loin des idées comme des écrits, ils touchent les pierres, les prennent en main, se laissent apprivoiser doucement par le règne minéral avec lequel ils entrent ainsi en contact et ressentent… Ceux-là n’argumentent plus, ils sourient seulement, parce qu’ils savent... Ils savent que le Pouvoir est un jeu qui s’apparente au Jeu du Monde dont chacun se doit d’apprendre à jouer. Jouer ? La Tradition nous a légué plusieurs jeux dont le symbolisme n’est plus à démontrer : marelles, jeu de l’oie, de tarot, de dames, d’échecs et autres jeux de plateau. Pèlerin de la Tradition, vous qui souhaitez goûter le Pouvoir des Pierres, remplacez les pions de vos jeux par des pierres que vous aurez choisies avec soin puis observez… observez vers lesquelles votre main se dirige spontanément pour la partie du jour et… savourez ! |
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– Vitrail d’Aaron à Chartres : http://www.medievalart.org.uk/
[1] A lire sur le présent site l’article : "Les pierres, mémoire du Monde dans la tradition Muisca" [2] Le Corniaud est un film franco-italo-espagnol réalisé par Gérard Oury, sorti le 24 mars 1965 qui rassemblent en un duo mémorable Bourvil et Louis de Funès. http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Corniaud ou, pour vous rafraîchir la mémoire, la bande-annonce du film : https://www.youtube.com/ [3] Ahmad al-Tifachi (1184-1253) est un poète, écrivain et anthologiste berbero-arabe qui aurait principalement vécu à Tunis, au Caire et à Damas. |
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