Ecriture et tradition
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Cet article s’inscrit dans le cadre d’une vaste étude intitulée "Balzac et le Martinisme". Pour en consulter le plan. Pour revenir à la page précédente... C’est principalement dans les textes sacrés que l’écriture peut être considérée comme ésotérique. Si l’idée d’une écriture est en germe chez Balzac dans les allusions à Sterne, nous la retrouvons dans les considération de Louis Lambert sur les écritures. Ceci témoigne des connaissances ésotériques de Balzac car il expose le point de vue de la Tradition. Quand il fait dire à Louis Lambert "L’Apocalypse est une extase écrite", il parle en ésotériste ; ce texte est l’un des plus hermétiques de la Bible. Quand il se reconnait de l’Eglise de Saint Jean, c’est se rattacher à la tradition ésotérique qui s’appuie sur l’Evangile de Jean, celui qui était considéré comme le seul vraiment sacré et authentique par les Cathares et c’est cet Evangile qui se prête le plus à l’interprétation hermétique. L’écrivain comprend les textes sacrés à la lumière du postulat ésotériste selon lequel l’humanité présente tient ses mythes religieux et cosmologiques des survivances culturelles de civilisations antérieures et de leurs humanités. Toutes les traditions offrent des similitudes car elles se rattachent à une Tradition Primordiale. C’est le point de vue de Louis Lambert. "Il considérait la Bible comme une portion de l’Histoire Traditionnelle des peuples antédiluviens qui s’étaient partagé l’humanité nouvelle. Pour lui, la mythologie des grecs tenait à la fois de la Bible Hébraïque et des Livres sacrés de l’Inde que cette nation amoureuse de grâce avait traduit à sa manière". Les récits anciens ont donc une origine commune. Les langues antiques tiennent leur charme et leur pouvoir de ce qu’elles dérivent du langage originel des Atlantes (Le Watan). Cependant, c’est l’Asie qui a conservé la Tradition avec une plus grande pureté. L’Inde possède une langue aux consonances magiques. Le sanscrit est la langue sacrée par excellence et les mythes indiens, bien que restant à interpréter correctement, contiennent les enseignements philosophiques historiques et scientifiques originaux. Balzac reconnait cette incontestable supériorité de l’Orient sur l’Occident du point de vue mystique et traditionnel dans Louis Lambert. [1] Ce passage de Louis Lambert mérite la citation : "Il m’est impossible, disait-il, de révoquer en doute la priorité des Ecritures Asiatiques sur nos écritures saintes. Pour qui sait reconnaître de bonne foi ce point historique, le monde s’élargit étrangement. N’est-ce pas sur le plateau de l’Asie que se sont réfugiés les quelques hommes qui ont pu survivre à la catastrophe subie par notre globe, si toutefois les hommes existaient avant ce renversement ou ce choc. Question grave dont la solution est inscrite au fond des mers". Le peuple hébraïque serait donc un rameau de cette survivance de l’humanité, avec un vecteur particulier de la Tradition. Ce peuple a eu le tort de confondre son histoire avec celle de l’humanité et a été impressionné par une vision terrifiante et autoritaire de la divinité résultat de son difficile apprentissage de la loi cosmique par nombre de tribulations. "Enfin, ne goûtant aucune des douceurs que trouve un peuple assis dans une terre patriarcale, les malheurs de cette peuplade en voyage ne lui ont dicté que des poésies sombres, majestueuses et sanglantes. Au contraire, le spectacle des promptes réparations de la terre, les effets prodigieux du soleil dont les premiers témoins furent les hindous, leur ont inspiré de riantes conceptions de l’amour heureux, le culte du feu, les personnifications infinies de la reproduction". L’histoire du langage recouvre celle de l’origine de l’homme, la recherche étymologique est une recherche généalogique. "Ces trois écritures sont les archives du monde englouti. Là est le secret des grandeurs inouïes de ces langages et de leurs mythes". Comme toute parole dérive du Verbe Créateur, de même tous les écrits sont contenus dans les textes suivants : "Pour lui, cette triple littérature impliquait toutes les pensées de l’homme. Il ne se faisait pas un livre, selon lui, dont le sujet ne put s’y trouver en germe". [2] Lorsque le narrateur ajoute "Cette opinion montre combien ses études sur la Bible furent creusées et jusqu’où elles le menèrent. La suite du récit nous apprendra qu’elles le menèrent à la folie. Il est à signaler que Lambert a mené les mêmes recherches dans la Tradition Orientale qui possède sa propre kabbale. |
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[1] Cette même idée est exprimée dans la préface que fait Louis Claude de Saint Martin dans son livre "Le Ministère de l’Homme Esprit." On la retrouve chez un auteur comme René Guénon qui fut un temps membre de l’Ordre Martiniste. Cependant son jugement confinant au sectarisme puisqu’il alla jusqu’à nier toute authenticité à la tradition occidentale, cette attitude devait engendrer son exclusion des cénacles Martinistes. [2] Les Kabbalistes exégètes de la Bible découvrent dans leurs travaux un si vaste champ d’investigations signifiantes que toutes les formulations de la pensée humaine semblent y figurer. |
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