Puis se pointe le monde avec son lot de contrariétés, se pointe l’antithèse ! Pas moyen d’y échapper.
Ma belle construction, ma chère opinion confrontée à d’autres se retrouve mise à mal.
Bon ok, depuis mon petit coin, j’avais prévu bien des choses, envisagé bien des points, mais j’avoue, frottée à cette altérité, ma thèse se fragmente. Cette cohérence qui n’est pas mienne semble toutefois légitime et valable.
C’est justement ça l’ennui. Parce qu’elle est légitime, elle ne fait rien qu’à me contrarier. J’ai du mal à savoir si c’est juste une autre thèse, ou si elle se corrèle à la mienne. Or visiblement, elle colle à mes basques.
Elle fait semblant de n’être qu’une autre thèse qui passe par là, mais je ne suis pas dupe. Je vois bien que cette autre réalité veut ma chute.
Ahhhh rien à faire !!
L’antithèse voulait ma chute, elle l’a eue. Je n’ai pas pu survivre aux assauts de la vision autre.
J’aurais pu discrètement faire semblant de concéder, mélanger ma thèse à l’antithèse histoire de garder la face. Ainsi dans le patchwork y aurait-il eu des morceaux originaux du début, un peu de moi. Mais je ne serais pas allé bien loin.
J’ai préféré faire mieux : dans mon fatras, j’ai palpé la substantifique moelle, en ai retiré l’essence.

Si je veux vivre, je dois d’abord mourir !
Alors j’ai détruit et la thèse et l’antithèse ! et toc !
J’ai fait un gros tas avec tout ça, j’y ai fourré cette essence que je suis allé chercher loin dans le fond de l’esprit, j’ai fait fermenter le tout.
Il en a surgi une autre thèse, plus solide, plus universelle : la synthèse.
Et là, je ne suis pas peu fier ! c’est une nouvelle naissance ! Un enfançon tout propre, tout frais, tout transfiguré.
Dans le purin de cette dualité batailleuse et égotique, voilà pousser la fleur paisible de l’unité. Ouf !