De la Naissance de l'Homme au salut des Mages |
Sixième jour
Chyle & Chyme lundi 31 décembre 2007 par Sagemond |
Au sixième jour Dieu dit : « Créons l’homme à notre image ». Cela fut fait et Dieu fut satisfait. La suite nous la connaissons tous et depuis nous cherchons comment retrouver le chemin qui nous mènera à ce jardin de l’Eden d’où, dit-on, Adam et Eve furent chassés après avoir croqué la pomme. En attendant ce temps heureux, il faut faire avec ce corps et toutes ses parties à commencer, cela parait sensé, par la tête qu’il ne nous faut pas perdre pas plus au propre qu’au figuré. Personnellement, je suis très attaché à l’usage de mes mains et s’il fallait perdre un attribut de mon corps, je souhaite que ce ne soit pas les mains si délicates pour la tendresse et chaleureuses pour la poignée fraternelle donnée à un ami. Mais je tiens tellement, aussi, à mes jambes si pratiques pour rejoindre ceux que l’on aime et si libératrices de la pensée à l’occasion de quelques marches solitaires. Mes yeux ne me sont pas moins précieux puisqu’ils m’assurent de la beauté des choses et de la perception dans les tiens du reflet d’un amour merveilleux. Comme vous, je prends soin de mon cœur et, si possible, de la qualité de l’air que je respire mais il y a un domaine qui plusieurs fois par jour requiert mon attention et c’est, vous l’aurez deviné, mes intestins. Depuis notre naissance, ils s’adaptent sans rechigner et aussi longtemps que nécessaire à la nourriture que nous absorbons. Des plus simples et naturels fruits de la nature à nos plus élaborés et sublimes repas de fête, ils doivent tout digérer avec, il est vrai, plus ou moins d’encombrements et de facilité, tout transformer en denrées à assimiler ou à stocker puis sans sourciller, intérieurement, se préparer à rejeter sans difficulté les reliquats non désirés. Imaginez une multitude de glandes spécialisées en des sucs digestifs très différents et réparties sur près de deux cent cinquante mètres carrés des louables villosités intestinales. Ainsi, prêtes à tout moment à inonder les aliments ingurgités et déjà broyés et transformés en chyle pour les traiter une fois devenu chyme selon qu’ils sont : graines, fruits, fibres, cuits ou crus, viandes et poissons, laitages ou œufs, sans parler de tous nos à coté pas toujours nécessaires à notre santé. Bref, tout ce qu’il me suffit de manger pour connaitre la saine satiété. En évitant de compenser un manque ou un mal être par des excès alimentaires que sont la boulimie ou la si pernicieuse anorexie. Mais laissons là tous ces débordements dus à notre société et retrouvons le chemin tracé par les anciens égyptiens qui attachaient à cet organe un intérêt particulier. Par le vautour tout d’abord qui choisissant le meilleur, se délecte en premier des intestins des charognes et qui, grâce à la force exceptionnelle de son bec, peut broyer les os en ne laissant d’un grand chien que la tête et les pattes. L’image du vautour est l’idéogramme de la déesse Mout, la mère. Son corps en forme d’oeuf et ses ailes protectrices expriment ses fonctions de couveuse et de mère. Mais aussi par le crocodile expression de la puissance vitale physique, il représentait le caractère de dualisme en raison de sa double vie : dans l’eau la nuit et sur terre le jour ainsi que sa capacité à évoluer par sa position dans le règne animal, placé à mi chemin entre les poissons et les oiseaux. Il est réputé aussi pour pouvoir tout digérer et à ce titre, il m’intéresse tout particulièrement. Quelle merveille qu’est cette noble fonction de la digestion. Ainsi les anciens ont transposé cette capacité du corps physique au monde spirituel et ont marqué notre possibilité d’évoluer vers une dimension de l’ordre du divin. Sans doute est-ce aussi pour cette raison que Dieu est dit être caché au plus profond de nous-même. Peut-être au sein même de cette fonction de digestion dont les qualités sont entre autres la discrétion, l’humilité et la constante disponibilité mais aussi dont un des troubles révélateur est la paresse qui nous le savons bien n’est pas seulement préjudiciable qu’à une paisible et saine digestion. Abreuvé au lait nourricier de nos pures traditions ancestrales, nous concevons par la ferveur d’une foi indicible par nos simples et humaines méditations ces images et ces textes inspirants en pensées libératrices propres à donner à notre âme les forces vivifiantes de l’esprit créateur. Libéré de nos chaines trop exclusivement terrestres nous atteignons ce domaine symbolique du monde des oiseaux et tel Horus gardien des intestins dans son vase canope percevons par son regard libéré de tout voile la pénétrante lumière d’un jour nouveau promis à l’humanité. |
– L’image du logo de l’article : La Cène Dali 1955 provient du site : |
Cet article s’inscrit dans le cadre des "Enigmes du Sphinx" présentées du 26 décembre 2007 au 6 janvier 2008. |
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