"Déjà Dieu aimait le nombre SEPT dans tous les Cieux." (Sepher Yezizah)


Saint Ambroise
mardi 7 décembre 2004

par Célestin Valois


Pourquoi écrire sur Saint Ambroise ?
C’est un mot enchanteur comme Merlin l’enchanteur. D’ailleurs comme un saint peut en cacher un autre, celui-là qui figure dans le calendrier à la date du 7 décembre, l’évêque de Milan existe en Bretagne à la manière de ces saints bretons qui sont loin d’être tous " homologués " puisqu’ils sont le fruit d’un syncrétisme entre les mythes païens et la tradition chrétienne. Le Saint Ambroise breton figurerait en réalité Merlin, l’initiateur, l’archétype de la caste sacerdotale chez les celtes. Mais dans les deux traditions, il représente une autorité spirituelle, il est source de prêtrise et dirige un pouvoir temporel sacralisé. A ce titre, il est une figure de Melchisédech.

Ce nom se retrouve dans le mot ambroisie, le nectar des dieux.
Ceci peut se comprendre dans un sens intérieur comme une invitation à se diriger vers le maître intérieur de qui procède toute félicité. Je poursuis ma méditation sur les mots à la manière de Balzac pour arriver à considérer l’ambre, ce miel minéral doté de vertus énergétiques très spéciales. C’est une force solaire, agissant sur le plexus solaire et le troisième çakra. L’ambre apporte confiance en soi et optimisme, développe le discernement et montre comment atteindre la réalisation. Il purifie l’organisme, stimule le système digestif, tout le système hormonal et le foie.

Mais comme l’extérieur et l’intérieur sont destinés à s’harmoniser ce nom est aussi une rencontre avec un père jésuite dont j’ai parlé dans quelques récits.
Ce père Ambroise de notre temps un peu en résonance avec celui du passé. J’ai fait sa connaissance sur le site des "Baladins de la Tradition" lorsqu’il s’est exprimé à propos de mon article sur Mircea Eliade et depuis, nous avons bien des aventures intellectuelles et spirituelles, on ne se quitte plus...

C’est vrai qu’il y a une ressemblance entre les deux personnages mais autant l’évêque de Milan né à Trèves en 340 combat avec acharnement les "hérésies" qui menacent l’orthodoxie de la doctrine, autant le mien, aujourd’hui, est d’une ouverture totale et c’est lui que certains pourraient taxer d’hérétique.

Il y a une prédestination extraordinaire, une étoile pour cet évêque de Milan.
Il n’est pas encore baptisé que la foule le nomme déjà évêque, il est désigné par le cri d’un enfant, lui le simple catéchumène.
Il n’a pas le choix et doit accepter cette charge inattendue. Milan est la deuxième ville de l’Empire après Rome, les catholiques sortent d’une douloureuse période de persécution, les évêques d’Italie et l’Empereur confirment sa nomination le 7 Décembre 374 et c’est pour cela qu’on le fête ce jour-là.
Il faut se replacer dans le contexte de l’époque où les évêques étaient encore élus par le peuple, même l’évêque de Rome.
L’Eglise n’a pas encore construit cette grande stature de la papauté qui prévaudra au cours des siècles suivants mais la carrure d’une Saint Ambroise, même s’il n’est que l’évêque de Milan, prépare le terrain.

Il est un docteur de l’église, il va influencer Saint Augustin qui doit alors encore affirmer sa foi, sortir du gnosticisme pour se conformer à la doctrine Catholique.
Malgré tout, Saint Augustin restera marqué par son passé gnostique dans sa mystique et sa théologie, la postérité Augustinienne est porteuse d’un feu particulier.
L’Empire romain est en train de quitter le paganisme, Ambroise fait interdire le culte rendu à la statue de la Victoire par les sénateurs depuis Auguste, fait supprimer les collèges de prêtres et de Vestales. Il influence Valentinien Ier, Gratien, soutient Théodose dans son combat contre l’usurpateur arien Maxime tout en lui imposant sa loi morale et supervise ensuite à travers une douce mais ferme amitié Valentinien II. De conciles en conciles, Ambroise fait condamner les Ithaciens, l’Apollinisme, fait déposer les évêques ariens, il rencontre Saint Epiphane de Salamine et Paulin d’Antioche.

Il rêve d’un Empire chrétien, touche les foules par son éloquence et sa vie exemplaire de dépouillement, de droiture et de sagesse publique.
Lorsque Théodose part en 391 pour Constantinople, c’est la séparation entre les deux poumons de l’Empire et ensuite de l’Eglise qui se dessine puisqu’il laisse à Valentinien II, l’Occident.
En 395, Théodose meurt le 17 Janvier et Ambroise célèbre ses funérailles, marquant le fait que les maîtres du monde sont acquis à la cause chrétienne, ce qui est en grande partie son œuvre.

Cet ancien juriste garde un esprit pratique plus que philosophique ou théologique, il est un catéchiste, ce qui convient car le dogme sied à la construction d’une église qui se lie solidement et pour des siècles avec l’Etat.
Ceci étant dit sur le plan politique son action est apaisante et humanisante.
Par conséquent, en dehors de ce que l’on peut penser de la constitution des dogmes, il faut noter dans la vie de Saint Ambroise un exemple réussi d’autorité spirituelle dominant un pouvoir politique et par conséquent, un effort vers la théocratie.

Il tombe malade au moment où il dicte un commentaire du psaume LXIII.
On dit qu’une lumière apparaît au dessus de sa tête et rentre par sa bouche, que son visage est transfiguré de blanc.
Il est mort le 4 avril 397 et on dit aussi qu’une étoile flamboyante est venu se fixer au-dessus de son cercueil qui avait le pouvoir de chasser les démons.

Ce signe retient mon attention car même si c’est une légende elle suggère une destinée particulière lorsque Dieu agit à travers l’Histoire.
En dépit des apparentes contradictions et même des luttes, on doit toujours garder à l’esprit que l’ésotérisme et l’exotérismes sont inséparables.
Avec Saint Ambroise, la tentative de retour aux traditions païennes que l’Empereur Julien, dit l’Apostat, avait tenté est définitivement abolie.
Une autre ère s’ouvre et on peut dire que les mystères vont entrer dans le silence.
Cette conversion ne se fait pas cependant par la violence mais par la conviction et l’exemple d’une sainte vie.

Il est probable que le christianisme ne pouvait pas prendre tout son essor sans éclipser d’autres vérités, mais aujourd’hui où il est sur la défensive alors que la civilisation humaine elle-même est menacée, ne pourrait-il pas faire un grand retour sur ce passé ?
Il pourrait alors comprendre que le retour au sens du sacré, la redécouverte des vérités métaphysiques antiques, la résurgence des mystères sont devenus indispensables à l’homme de notre temps.

Il n’y a d’hérésie que dans ce qui éloigne l’homme de la découverte de son âme.
L’illumination, la réalisation ne sont pas tributaires de l’appartenance à une église, elles ne dépendent pas d’un système de croyance défini, mais reposent sur certains modes de vie particuliers ainsi que sur l’usage d’outils mentaux qui ont fait leurs preuves depuis des siècles en Orient comme en Occident et que les religions d’ailleurs utilisent.

Alors, prions pour qu’ensemble, mystes et chrétiens, ils sont souvent les deux, avec tous les autres croyants du monde, bâtissent l’Empire de l’Esprit.

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Célestin Valois

L’illustration provient du site http://monastere-orthodoxe.chez.tiscali.fr.


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