INDIA-LOG E-mails expédiés au cours de 5 mois de voyage en Inde |
Date
:
|
22 novembre 2008 - 13:15
|
|||
C’est le troisième message de ce jour. L’après-midi, c’est vélo. J’emprunte toutes les pistes ou les rubans de goudron qui filent vers la campagne et je roule jusqu’à ce que j’arrive dans un village. Un Hollandais ne serait pas trop dépaysé dans ce paysage de rizières plat comme le dos de la main, coupé par quelques bosquets de palmiers autour des marigots à buffles. Des villages épars, des collines estompées par la brume de chaleur au loin et c’est tout. La campagne est très sèche à cette saison, celle de la récolte du riz. Essaie de t’imaginer, accroupi dans la position de défécation à la turque, tout une journée, sous un soleil qui n’est pas brûlant mais quand même bien chaud, équipé d’une seule petite faucille, à couper des épis. Si tu es un ouvrier agricole, le soir, tu auras gagné 60 roupies, soit un euro. Après tu étales les épis en rangées pour qu’ils sèchent. Quelques jours plus tard, tu reviens et en fais des bottes que tu empiles et ramènes le soir au village en les portant sur la tête. La botte doit faire dans les 20/30 kg et tu vois pas tellement les cailloux du chemin parce que tu as le cou droit et la tête dans la paille. C’est l’homme qui entasse la meule, mais c’est la femme qui va battre les gerbes d’épis sur une pierre, du même geste dont elle lave le linge. Le grain, il restera à le vanner, sans doute le trier avant de le mettre en sacs. Les jeunes filles restées au village s’occupent des bébés, de la préparation des repas, du pain, et quand elles sortent, c’est pour aller nourrir les vaches attachées devant chez elles de l’autre côté du chemin. À l’autre extrémité de la rumination, elles collectent les bouses qu’elles pétrissent avec de la paille et façonnent en galettes sur lesquelles s’imprime l’empreinte de leurs doigts. Collées sur les murs, les troncs d’arbres, elles sèchent et deviennent du combustible. Pas spécialement excitant comme occupation pour une fille en âge de rêver à un mariage d’amour. Mithilesh Prasad, mon prof de hindi, affirme naïvement que c’est dans ces bleds perdus que l’on trouve les Mahatmas, les grandes âmes pures. Je veux bien le croire car les regards que j’échange au cours de mes virées démontrent cette innocence, cette curiosité simple et naïve, cette droiture. Mais derrière ces beaux visages, quels fantasmes, quels désirs fous se cachent ? Au monastère, pendant les méditations analytiques, j’entends dire : Songez à la chance que vous avez d’être réincarné sous une forme humaine, d’avoir ainsi l’occasion unique de vous réaliser, de travailler à améliorer votre karma, de purifier votre esprit… Que ne puis-je vivre la vie de ces villageois, alors ! Mais mon karma (si cette notion est maintenue) en a sans doute décidé autrement. |
Pour laisser un commentaire à la suite de cet articlePour consulter le forum lié à cet article |
Les photos de cette page ne sont pas libres de droits. Elles appartiennent à l'auteur. Elles peuvent cependant être utilisées à des fins non-commerciales avec son autorisation. Pour le contacter, cliquer ici... |
Cette page a déjà été visitée 932 fois.
Nous voilà partis
pour 5 mois de voyage en Inde durant lesquels nous allons recevoir
de temps à autre un mail de jp guillot. Pour ne rien manquer et être informé par une rapide annonce dans votre boîte aux lettres de la mise en ligne du prochain message, inscrivez-vous à : "La Lettre des Baladins de la Tradition" ou retrouvez-nous sur "Facebook". |
D'autres articles du site à consulter sur les thèmes
traités ici : |
Pour ajouter un nouveau commentaire à cet article |
Accueil - Alphabétiquement vôtre - Sur les Routes - Horizons Traditionnels - Champs du monde - Plan du site Copyright © 2002/2024 - Les Baladins de la Tradition |