Et si tout cela était vrai ! Que ce ne soit pas un rêve ! Que pendant un temps suffisamment long de quelques semaines tout le non vraiment indispensable s’arrête sur cette terre !
Se taisent les bruits incessants des encombrements dans les villes saturées de voitures. Se dissipent les fumées suffocantes des usines brouillant l’atmosphère et les rejets polluant les eaux limpides de nos rivières. S’apaisent les désirs de richesses jamais assouvis des puissants de ce monde. Se retrouvent pour chacun les besoins simples et les joies du partage en famille de la lecture et des jeux. Que cela serait doux et régénérateur d’une confiance retrouvée en notre humanité, d’une redistribution équitable du Nord au Sud, d’une capacité à connaître le vrai sens de la vie dans l’amour de l’autre.
Quelle joie immense, incommensurable nous envahirait en ce moment de plénitude devant le renouveau de l’être en devenir dans ce monde. Nous avons tous en tête un moment de joie simple à la vue de quelque scène de la vie courante ; d’un petit enfant qui dort ; d’un proche qui nous regarde en souriant ; d’un paysage découvert à l’improviste où la nature s’anime dans la pureté du matin ; d’un ancien contant, au coin de l’âtre ou sous le manguier, la grandeur de l’esprit s’éveillant en l’homme assagi et en paix.
J’ai en mémoire une scène champêtre à l’époque de notre recherche d’un lieu de vie qu’il me plaît de partager avec vous : Nous avons découvert cette petite maison en contrebas de la route, en haut de la colline ; nous étions fin mars, au tout début du printemps, par une matinée ensoleillée ; descendus de voiture, nous avons suivi le chemin et, devant le petit portail en bois, sommes restés sous le charme de ce petit jardin tout fleuri de bleu, de jaune, de blanc et de rose, d’une prairie miniature avec son puits en pierres, sa margelle et son petit toit en lauze qui attendait là que l’on vienne tirer son eau limpide, claire, douce et si fraîche même en été. Ce fût comme un enchantement, un moment suspendu, encore présent à ma mémoire comme si c’était hier. Un petit coin de vie préservé dans la lumière et les chants d’oiseaux.
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