Nous considérons quelque peu vain de comparer cet Œuvre, orthographié au masculin, à celui des grands maîtres du passé ou d’aujourd’hui. "Comparaison n’est pas raison". Ce que nous pouvons dire, c’est que, poursuivant au-delà du Nirvana obtenu avec le concours du yogi Bhaskar Lélé, il a " travaillé ", avec Mère, pour l’humanité tout entière. Ne s’appropriant pas le sat-chit-ananda [1] pour lui tout seul, il est allé, ils sont allés jusqu’au tréfonds de la Conscience, découvrant la conscience des cellules, puis le Supramental tout au fond de l’Inconscient visité, dépassé.
Il s’agit moins de recherches, de découvertes plus pures, plus profondes que les autres. . . que de préparer la Transformation terrestre pour l’humanité dans une Matière et sur une Terre rénovées. L’Evolution formant une globalité sans division, tous les Grands devaient ou doivent concourir à la poursuite du même but en tant qu’étapes ou relais nécessaires. Pourquoi n’auraient-ils pu ou ne pourraient-ils, implicitement, contribuer au surgissement futur de la Cime appelée Supramental qui EST, mais n’existe pas encore ? Les temps ne sont pas venus.
Sri Aurobindo a prévu un délai de plusieurs siècles, mais des signes avant-coureurs se manifesteront auparavant et se manifestent déjà si l’on observe avec attention. Au regard des monstruosités qui pullulent, des lumières clignotent, et c’est pourquoi les forces du Mal redoublent d’ardeur destructrice. Nous vivons une période qui baigne dans une décantation lente, dans un éclairement progressif de la Conscience.
Un gigantesque égrégore [2] recouvre la planète et pèse sur le monde telle une chape lourde et ténébreuse . Il faudra beaucoup de temps, de courage et d’Amour pour dissoudre l’égrégore.
Si le lecteur se demandait ce que l’auteur a vécu comme expérience de spiritualité se rapportant au contenu de ces pages, c’ est-à-dire à l’enseignement et à la vision prophétique de Sri Aurobindo en voie lente de réalisation, il répondrait d’abord, en guise de boutade, que sans aucune expérience, le texte n’eût pas été écrit. Ensuite, plus sérieusement, que le physique subtil dont parle Mère ("une doublure du monde matériel", précisait-elle) peut se manifester en plein jour sous la forme d’une image intemporelle, hors du mental, mais proche de notre monde comme représentation, en beaucoup plus éthérée.
De plus, s’il n’est pas dans les normes d’évoquer un Avatar vivant, en Lui prêtant des interprétations non contrôlées par Lui ou Elle, il n’est pas défendu de citer un texte dûment approuvé par cette personnalité divine. A-t-on besoin de rappeler qu’un Avatar est un Etre divin qui s’ incarne volontairement pour le bien de la Terre et de l’humanité ? Il y en eut par le passé, il en EST aujourd’hui.
Une parenthèse nous permettra de fixer un point d’importance. Sri Aurobindo situe l’âme en tant qu’Etre psychique ou partie divine voilée par les plans mental et vitaI, l’Etre psychique siégeant derrière ces plans, eux-mêmes, derrière le coeur-organe. Il y a là une réalité qui, pour étrange qu’elle paraisse, n’en est pas moins exacte et possible à ressentir. Même après le yoga supramental (yoga dit de la "descente" au coeur des cellules, par Mère), Sri Aurobindo ne se voulait point Avatar, contrairement au sentiment de Mère.

- Mère Meera
- Extraite du site http://www.le7esite.net/.
Cette parenthèse fermée nous amène à l’ expression d’une autre réalité à l’appui de ces dires. L’Avatar Mère Meera enseigne en silence à Talheim (région de Francfort en Allemagne), et Claude-Gérard Sarrazin d’écrire in fine dans le livre [3] qu’il lui a consacré, autorisé par Elle-même :
"Mère Meera travaille à la transformation totale de la Matière, de la Vie, du Mental et de l’Univers entier, insufflant la Lumière divine dans chaque atome de la Création."
Nous citons derechef :
"Cette Force , c’est la Force Supramentale, c’est ce que Sri Aurobindo a fait descendre, c’est ce que Douce Mère (Mirra Alfassa) a fait rayonner, c’est ce que Mère Meera est en train de fixer dans la Matière." [4]
Le lecteur attentif, intéressé, se posera la question : comment réaliser cette "descente" dans les cellules du corps ? Remarquons en premier, qu’au prix d’un travail inqualifiable de difficultés, Sri Aurobindo et Mère ont défriché la voie, frayé le passage à leurs risques et périls, que si la tâche reste immense, elle apparaît moins inaccessible après Eux.
Il faut lutter contre l’accumulation dans le physique des ravages du vital (dégradation de l’instinct, du sentiment, de l’émotion) et du mental (automaticité de l’intellect, de la pensée, de la raison), sans oublier le pire : le mental d’ origine, celui de nos lointains ancêtres à nous transmis depuis la nuit des temps : le mental physique tout proche du mental sensoriel.. Etre le plus conscient possible de ces amas dans la psyché pour y faire face, est une œuvre d’ auto-connaissance impliquant beaucoup d’efforts et de continuité, non sans de longs tâtonnements ou retours en arrière tels des retours de flammes.
Nous ne pouvons donner ici qu’une idée sans développer la complexité de l’introspection non plus psychologique, mais métaphysique, de ce "travail" dans les profondeurs abyssales de l’être [5]. Au sommet, le yoga Supramental permet de dépister "les horreurs du subconscient", selon le mot de Mère.
Nous ne cachons pas les pierres d’achoppement nombreuses d’un tel yoga (sans mésestimer les autres yoga) qui ne demande aucune posture. C’est une longue, très longue intériorisation, de remise en cause constante, d’élargissement de la conscience , car, selon la parole du Poète :
" Toute conscience est un noeud gordien ".
Dénouer le noeud au lieu de le trancher par l’épée comme le conquérant Alexandre,qui a donc triché comme presque toute l’humanité, c’est en effet toute l’histoire et non une mince affaire .
Nous ne pensons pas que la Connaissance et l’Action au niveau aurobindien aient été divulguées avant Lui ou avant Eux (avec Mère). Sauf, d’après Satprem et ses deux Maîtres, par les Rishis indous [6] il y aurait cinq ou six mille ans. Les Veda [7] dont le plus ancien : le Rig-Veda déchiffré dans l’original par Sri Aurobindo, le rapportent. Mais les temps étaient bien loin de venir pour la Réalisation.
Nous savons bien que les affirmations ne prouvent rien, du moins a priori. Mais quand une déclaration de poids se trouve formulée a posteriori par une grande dame et un grand esprit, comment ne pas y ajouter foi ? Mère, l’égale et au moins une fois le mentor de Sri Aurobindo [8] s’exprime haut et fort :
" Dans l’ histoire du monde, ce que Sri Aurobindo représente, ce n’est pas un enseignement, ni même une révélation, c’est une action décisive venue tout droit du Suprême " .
Qu’ajouter à cela ? Exprimer la. conviction ou le doute ? Tout lecteur peut se faire, comme on dit, sa " religion " mais alors en conscience, en vérité, sans parti pris ou jugement de valeur quelconque, avec l’exactitude en soi d’une image dans un miroir.
(An 2000)